Croissance de l'industrie du poisson congelé à Terre-Neuve

En dépit des encouragements du gouvernement et des demandes du marché, seules quelques compagnies de Terre-Neuve, dont Job Brothers et Harvey's Limited, avaient leurs propres usines de congélation ou leurs propres chalutiers en 1939, année où Terre-Neuve n'aura congelé que 1,5 millions de livres de poisson de fond. La déclaration de la Deuxième Guerre mondiale allait toutefois propulser cette industrie vers la prospérité.

Dès son entrée en guerre, la Grande-Bretagne a dû s'assurer de nouvelles sources d'aliments pour nourrir sa population et soutenir l'effort de guerre; elle s'est tournée vers l'Amérique du Nord, et notamment vers Terre-Neuve, pour l'approvisionner en poisson congelé. Cette demande soutenue a encouragé d'autres entreprises à se lancer dans la congélation. Au terme de la guerre, on comptait à Terre-Neuve 12 usines de transformation produisant chaque année 35 millions de livres de poisson de fond congelé. Au nombre des pionniers de l'époque, on peut nommer Job Brothers, Harvey's et Fishery Products Limited, à St. John's, John Penny and Sons, à Ramea, et North Eastern Fish Industries, à Harbour Grace. Bon nombre des premières usines ont été installées à St. John's ou sur la côte sud de l'île, dont les ports libres de glace rendaient possibles les opérations des chalutiers à l'année longue.

Usine de transformation du poisson à Terre-Neuve
Usine de transformation du poisson à Terre-Neuve
Dans une grande usine de transformation de St. John's, des travailleurs apprêtent le poisson pour sa mise en marché.
Reproduit avec la permission du ministère du Commerce et de la Technologie, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Tiré du document Fish is the future: the development program for the Newfoundland and Labrador fishing industry to 1985, ministère des Pêches de Terre-Neuve, St. John's, p. 13. ©1978 (St. John's, ©1978) 13.

La croissance de l'industrie du poisson congelé s'est poursuivie au cours des années 1950 et 1960. La production a augmenté régulièrement, comme le nombre d'usines de transformation et de chalutiers en haute mer. Presque tout le poisson de fond congelé de Terre-Neuve était vendu aux États-Unis, et la production de poisson salé n'a pas diminué tout de suite.

Bien des pêcheurs côtiers ne vivaient pas à proximité d'une usine de congélation et continuaient de saler leurs prises eux-mêmes. Ils ont été toutefois moins nombreux à revenir au salage à terre pour produire une morue légèrement salée, extra sèche, comme ils le faisaient autrefois. Dans les années 1960, le gros de la morue salée était vendue verte, trempé dans la saumure et emballée dans des tonneaux. Des compagnies de pêche achetaient cette morue verte dont ils faisaient de la morue salée en recourant à des sécheuses mécaniques.

Tonneaux de morue salée
Tonneaux de morue salée
Sur ces tonneaux de bois emplis de morue salée séchée, on peut lire « Morue salée de premier choix, 64 livres net, produit de Terre-Neuve ».
Avec la permission des Archives d'histoire maritime (PF-003.035), Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L. Photographie de NAFEL.

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