Station radar Pinetree: les préoccupations environnementales

Cet article a été écrit dans le cadre d'un projet collaboratif sur le Patrimoine. Il a été rédigé en 1998 par les élèves de l'école secondaire intégrée de Stephenville, sous la direction de leurs enseignants et enseignantes. L'article n'a pas été vérifié par l'éditeur académique du site Web du Patrimoine de Terre-Neuve-et-Labrador.

En 1941, les Forces aériennes des États-Unis ont installé une base militaire à Stephenville, Terre-Neuve. Cette base était opérationnelle 24 heures par jour. Durant cette période, les Américains ont construit des réservoirs de stockage et des pipelines souterrains destinés exclusivement au stockage de combustibles. De plus, plusieurs bâtiments ont été construits pour le stockage et la manipulation de divers produits chimiques et dangereux. Les préoccupations environnementales concernant Stephenville et les régions voisines découlent directement de la présence de la base aérienne Ernest Harmon.

Évaluation des vestiges militaires

À la fin des années 1990, un audit environnemental et une évaluation environnementale de la région ont été menés par la Newfoundland and Labrador Housing Corporation (Société d'habitation de Terre-Neuve-et-Labrador), afin de déterminer le type de nettoyage requis. L'audit a permis de faire des recherches et des enquêtes approfondies sur les tuyauteries de carburant, les réservoirs de stockage des combustibles et les bâtiments abandonnés, ainsi que sur leurs impacts environnementaux et leurs effets négatifs sur la santé.

Station radar Pinetree
Station radar Pinetree
De l'eau s'écoulant de la colline où se trouvait l'ancienne station radar Pinetree.

Préoccupations liées aux pipelines

L'infrastructure de canalisations de carburant construite par les Américains dans la zone industrielle de Stephenville (Harmon) est un sujet de préoccupation majeur. On avait présumé que les Américains avaient purgé ces pipelines en 1966 au moment de fermer la base. Toutefois, plusieurs incidents survenus ultérieurement prouvent qu'ils contenaient toujours de l'huile et de l'essence. En 1993, par exemple, pendant la construction du Centre aquatique régional, une équipe de construction a heurté une canalisation de carburant, provoquant ainsi sa rupture. Du carburant a commencé à s'infiltrer dans le sol, mais aucun effort n'a été fait pour nettoyer ce déversement, car on ne possédait aucune information sur ces canalisations. On a toutefois appris que la durée de vie de ces canalisations était de 15 à 25 ans à cause de la nature acide du sol de Terre-Neuve. Toutefois, la plupart de ces canalisations sont présentes sur les lieux depuis des décennies. Des analyses radiologiques ont été effectuées afin de confirmer l'emplacement des canalisations et la quantité de carburant qu'elles renferment. Les résultats de ces analyses ont permis d'identifier six canalisations complètes, et il a été confirmé qu'elles étaient toutes remplies de liquide. L'analyse des liquides a révélé que les canalisations contenaient un mélange de mazout léger, de carburant JP-4, de gazole, d'essence d'aviation (avgas) et de carburant diesel. Si un déversement de ces substances se produisait à Stephenville via ce même réseau de pipelines, les conséquences pourraient être désastreuses à cause du risque élevé d'incendie et d'explosion.

Tuyauteries de carburant
Tuyauteries de carburant
Des canalisations et des valves rouillées sortent des fondations de béton détériorées près du périmètre de l'aéroport de Stephenville.

Beaucoup de gens ont reconnu que l'audit avait donné d'excellents résultats dans les domaines spécifiques qu'il avait évalués, mais qu'il avait toutefois omis de s'intéresser aux sites d'enfouissement abandonnés par les Américains. Dix-neuf anciens sites d'enfouissement laissés par les Américains ont été localisés dans cette zone dont ceux, immenses, situés sur Igloo Road et sur le site du centre de formation en machinerie lourde. Selon Cecil Stein, qui était mairesse de Stephenville à l'époque, les eaux usées de ces dépotoirs s'écoulaient dans les bassins d'alimentation en eau potable et ce n'était qu'une question de temps avant qu'une catastrophe ne survienne. La ville avait l'intention de développer le forage de puits artésiens pour les citoyens de Stephenville. Même si les dépotoirs ne seraient plus un risque pour l'alimentation en eau, il faudrait tout de même les nettoyer. Tout indiquait qu'Igloo Road et le centre de formation en machinerie lourde étaient d'immenses dépotoirs. Personne ne savait exactement ce qu'ils contenaient, mais de nombreuses hypothèses circulaient à ce sujet. L'une d'elles laissait entendre que des produits chimiques, des véhicules contenant de l'huile et de l'essence, des barils de 45 gallons et des produits de nettoyage à sec y avaient été enfouis. Cette zone méritait sans doute des analyses plus approfondies.

Équipement sur le site de Pinetree
Équipement sur le site de Pinetree
Équipement de la station radar Pinetree abandonné dans les buissons en bordure du sentier sur Table Mountain

La contribution de la base militaire

Étant donné qu'il s'agissait d'un emplacement d'avitaillement stratégique, de grandes quantités de divers carburants ont été emmagasinées dans les réservoirs de stockage souterrains. Plusieurs compagnies en étaient les propriétaires dont l'Abitibi Consolidated. Une analyse des réservoirs abandonnés révèle qu'ils contenaient une quantité mesurée de 81 000 litres de produit composé de 16 % de mazout léger et de 84 % de carburant diesel. Une analyse de la nappe phréatique autour de plusieurs de ces réservoirs aurait également révélé la présence de ce produit.

On a aussi trouvé sur la base des bâtiments abandonnés par les Américains, dont le bâtiment de la brasserie et la rotonde. La Société d'habitation de Terre-Neuve-et-Labrador a démoli la brasserie, qui était utilisée comme garage pour le matériel routier. On croit que ce bâtiment a servi à l'enfouissement de toutes sortes de déchets toxiques, ce qui représente un risque non seulement pour l'environnement mais aussi pour la santé. La rotonde était située entre Massachusetts Drive et Illinois Drive. C'est là où les Américains avaient installé la plaque tournante permettant de faire tourner le matériel roulant ferroviaire.

La rotonde était vouée à la démolition, mais beaucoup de gens ont demandé que l'on fasse d'abord des analyses sur le site. Ce bâtiment a fait l'objet de controverses, car certains résidents ont affirmé qu'il avait déjà servi à entreposer de l'agent orange. L'agent orange est un exfoliant associé à des anomalies congénitales, des cancers rares et d'autres maladies. Les Américains utilisaient ce produit chimique pour empêcher les aulnes de pousser sur les voies ferrées. On soupçonne que des résidus d'agent orange auraient été enfouis près de la rotonde. Plusieurs personnes ayant travaillé dans ce bâtiment sont mortes d'un cancer et leurs familles veulent des réponses. Le gouvernement américain a versé une indemnité aux ex-militaires et à leurs familles qui ont été exposés aux produits chimiques et qui ont souffert de nombreuses maladies diverses. Beaucoup de gens trouvent suspect que ce bâtiment ait été le premier à avoir été démoli.

Les Américains ont quitté Stephenville depuis des décennies et plusieurs personnes se demandent pourquoi on a attendu aussi longtemps avant de procéder au nettoyage. Plusieurs croient qu'on a amorcé le nettoyage de Stephenville et des environs à la suite de la découverte de déchets toxiques à Argentia. Depuis la publication de l'étude de AGRA (ingénieurs-conseils), la plupart des réservoirs de stockage de Stephenville ont été vidés, les pipelines ont été purgés, la brasserie et la rotonde ont toutes deux été démolies, et d'autres recherches sont prévues sur les sites d'enfouissement.

English version

Table des matières du projet collaboratif