L'enseignement supérieur à Terre-Neuve avant 1925

À Terre-Neuve et au Labrador, avant l'ouverture du Memorial University College en 1925, l'enseignement supérieur relevait du Council of Higher Education (CHE). Créé en 1893, ce dernier était constitué de plus d'une vingtaine de représentants des différentes confessions religieuses. Le CHE encourageait quiconque souhaitait faire des études universitaires au Canada, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Il concluait notamment des accords informels avec différentes universités. Une fois acceptés à l'université, les étudiants qui choisissaient de faire des études universitaires devaient faire un examen d'entrée après leur onzième année. L'examen d'entrée de Terre-Neuve s'inspirait de celui de l'université de Londres, lequel était accepté par les universités comme préalable pour l'admission.

Vincent P. Burke (1878-1953), s.d.
Vincent P. Burke (1878-1953), s.d.
Burke était membre du Council of Higher Education.
Photographie de Holloway. Tirée de Who's Who in and from Newfoundland 1937, de Richard Hibbs, éditeur, St. John's, T.-N.-L., R. Hibbs, 1937, p. 92.

La qualification en vue d'une admission dans des universités étrangères était une préoccupation majeure, et ce, autant pour les éducateurs que pour les étudiants. Grâce à cette méthode d'examen similaire à celle qui était utilisée internationalement, les différentes universités pouvaient approuver les demandes d'admission des Terre-Neuviens et les accueillir dans leurs établissements. Être admis à l'université avec une onzième année n'était pas une tâche facile en soi et ceux qui voulaient s'inscrire devaient travailler d'arrache-pied pour préparer l'examen d'entrée une fois leur secondaire terminé. Cela était d'autant plus compliqué que peu d'enseignants avaient fait des études universitaires au sein du corps professoral. On conseillait aux étudiants de se préparer pendant toute une année en prévision de l'examen d'entrée. Une autre façon de motiver les élèves afin qu'ils performent aux examens consistait à accorder à ceux qui réussissaient le mieux des crédits équivalents à une année de travaux de niveau universitaire.

Les objectifs du Council of Higher Education consistaient notamment à maintenir, dans la mesure du possible, le programme de bourses d'études Rhodes, lequel permettait chaque année à un étudiant de Terre-Neuve de s'inscrire à l'Université d'Oxford. Malheureusement, en 1911, le comité de la fondation Rhodes a informé le Council of Higher Education qu'il était insatisfait de la performance des Terre-Neuviens à Oxford. Les boursiers Rhodes d'origine canadienne avaient déjà terminé deux années d'études universitaires, sauf les Terre-Neuviens. Le CHE a décidé qu'il serait préférable pour l'avenir de l'éducation supérieure dans la colonie que les deux premières années d'enseignement universitaire soient offertes à Terre-Neuve même. Le CHE a donc commencé à planifier l'ouverture d'un collège qui offrirait un programme de deux ans et qui serait établi à St. John's.

Le fait d'encourager les jeunes de Terre-Neuve et du Labrador à aller à l'université était un risque calculé qui valait la peine pour l'avenir du pays. Il était toutefois risqué que les jeunes qui quittaient leur patrie pour aller étudier à l'extérieur décident de ne pas revenir et, effectivement, une portion d'entre eux ne sont pas rentrés à cause d'une pénurie d'emplois bien rémunérés. Mais la plupart sont retournés à Terre-Neuve et ont réussi à trouver un emploi dans leur domaine, spécialement ceux qui avait une formation spécialisée comme ingénieurs, médecins et enseignants.

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