Il exige un appel

Au rédacteur en chef du Daily News,

Monsieur – Toute mesure prise par la Commission de gouvernement après le Référendum, si ce n'est le rétablissement du système législatif et parlementaire, devrait être contestée à la Cour Suprême par les citoyens de Terre-Neuve afin d'obtenir des ordonnances de blocage pour inconstitutionnalité. En cas d'échec, la cause devrait être portée en appel devant le Conseil et défendue par les meilleurs juristes au monde.

Terre-Neuve ne peut pas être aiguillée par une majorité simple vers un changement constitutionnel aussi vital. L'intérêt du public exige qu'on y oppose une résistance constitutionnelle adéquate.

La conscience publique sera victime d'un crime irréparable si aucun exutoire adéquat n'est donné à cette indignation justifiée. Une telle rage réprimée ne peut être autorisée à couver et à accumuler une force volcanique par toute tentative d'obstruction de la machine.

Les vies humaines sont beaucoup plus importantes que des lois de suppression précipitées. Le Dieu réprimé fera sauter toutes ses chaînes, alors gardez-vous de faire violence à la conscience publique.

Une union avec le Canada dans les conditions présentes n'est pas dans l'intérêt public. Elle est irréalisable et, par conséquent, sans intérêt pour nous ou pour le Canada.

Si le Canada est assez fou pour s'exposer à cet acte de violence, les Terre-Neuviens de pur sang Anglo-Saxon devraient le réaliser et lui résister. Terre-Neuve recherche un véritable bonheur, en dépit du fait que tant de Terre-Neuviens se contenteraient de chercher la sécurité – qui est en soi une forme de violence.

Dans l'intérêt du bien public et d'un bonheur réel et durable, les citoyens de Terre-Neuve doivent défendre leur cause devant le tribunal de l'opinion mondiale. Le désordre et toute autre forme de violence aussi vulgaire, loin d'être constructifs, doivent être évités en toutes circonstances, tandis que des citoyens qualifiés doivent prendre des mesures appropriées. Il est du devoir des bons citoyens de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour instaurer paix et bonheur dans le pays.

Veuillez agréer mes salutations distinguées,
H. HERMAN ARCHIBALD.

Harbour Grace,
23 juillet 1948

English version


Reproduit avec l'autorisation de Charles F. Archibald. Extrait de "Wants Appeal Made," H. Herman Archibald, The Daily News, 27 juillet 1948, p. 6.