La délégation terre-neuvienne envoyée à Londres en 1947

Choisis le 19 mars 1947, les membres de la délégation terre-neuvienne sont partis pour Londres le 25 avril. Ces délégués étaient Gordon Bradley (président de la délégation), le major Peter Cashin, Malcolm Hollett, A.B. Butt, Chesley Crosbie et William Keough. Bradley et Keough étaient les seuls délégués favorables à l'adhésion de Terre-Neuve à la Confédération canadienne.

Les membres de la délégation terre-neuvienne envoyée à Londres
Membres de la délégation terre-neuvienne envoyée à Londres
Tiré de "The Story of Confederation", The Book of Newfoundland, volume III, de Joseph R. Smallwood, St. John's, T.-N.-L. : Newfoundland Book Publishers, 1967, p. 18. Imprimé.

La délégation voulait connaître de la part du gouvernement britannique les formes d'aide – financière et autres – que Terre-Neuve pouvait s'attendre à recevoir à l'avenir. Sa dette la plus importante était envers la Grande-Bretagne, en livres sterling : était-il concevable qu'une partie ou l'entièreté de cette dette soit annulée ? Terre-Neuve avait consenti des prêts sans intérêts à la Grande-Bretagne pendant la guerre : ces prêts pourraient-ils servir au règlement de sa dette en livres sterling ou la Grande-Bretagne allait-elle commencer à payer des intérêts ? Y avait-il possibilité d'obtenir des prêts de développement de la Grande-Bretagne ?

D'autres questions subsistaient également. La Grande-Bretagne pouvait-elle aider Terre-Neuve à négocier des accords commerciaux et s'engager elle-même à acheter des produits de Terre-Neuve ? De nombreux Terre-Neuviens considéraient que l'Accord de 1941 entre le Royaume-Uni et les États-Unis concernant les bases de Terre-Neuve concédées à bail aux États-Unis était injuste : cet accord pouvait-il être modifié ou, tout au moins, Terre-Neuve pouvait-elle recevoir quelque chose en échange des importantes concessions qu'elle avait faites ? Et, enfin, Terre-Neuve devrait-elle éponger une partie des pertes d'exploitation de l'aéroport de Gander ?

Base aérienne Ernest Harmon, à Stephenville
Base aérienne Ernest Harmon, à Stephenville
Suite à l'accord des bases cédées à bail, les Américains ont construit plusieurs installations militaires à Terre-Neuve et au Labrador, y compris la base aérienne Harmon à Stephenville.
Avec la permission des Archives d'histoire maritime (Collection John Cardoulis, 1.13.006, Harmonier, US Quarterly Magazine, décembre 1945, p. 48), Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Les réponses données par le vicomte Addison, secrétaire du bureau des Dominions, et d'autres membres de la délégation britannique ont déçu l'ensemble des membres de la délégation. Ces réponses avaient été mûrement réfléchies, car le gouvernement britannique ne voulait pas encourager Terre-Neuve à rétablir un gouvernement responsable. En résumé, Addison a déclaré que la Grande-Bretagne ne fournirait pas d'aide financière significative à Terre-Neuve. Il n'y avait aucune raison de penser que les États-Unis accepteraient de revoir les dispositions de l'entente concernant les bases militaires, et Terre-Neuve allait effectivement devoir payer le tiers des pertes d'exploitation de l'aéroport de Gander. Étant donné que la Grande-Bretagne était elle-même dans une situation financière difficile, il était peu probable qu'elle achète le poisson ou le fer de Terre-Neuve.

La plupart des membres de la délégation terre-neuvienne n'ont pas caché leur frustration. Ils ont tenté de convaincre Addison que le choix des électeurs devrait porter uniquement sur le retour au gouvernement responsable ou le maintien de la Commission de gouvernement lors du référendum devant se tenir l'année suivante. La dernière réunion du 7 mai a soulevé des tensions. Addison a refusé toute concession sur quelque sujet que ce soit. Si Terre-Neuve rétablissait le gouvernement responsable, la Grande-Bretagne renoncerait à ses obligations financières envers elle. La Grande-Bretagne « se considérerait responsable de la stabilité financière de Terre-Neuve » à la seule condition qu'elle continue d'être administrée par la Commission de gouvernement. « Quand vous serez de retour chez vous, j'espère que vous penserez chaleureusement à nous autant que faire se peut » a-t-il déclaré en guise de conclusion. [Traduction libre]

La plupart des membres de la délégation étaient vexés et en colère à cause de la façon dont ils avaient été traités à Londres. Ils ont exprimé clairement leur frustration lors de la Convention nationale qui a eu lieu plus tard en mai. La Grande-Bretagne semblait avoir abandonné Terre-Neuve et une telle réalité était difficile à comprendre.

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