Habitants-Pêcheurs

Chaque établissement de pêche compte habituellement une maison de l'habitant, un magasin à marchandises et à provision, des cabanes pour l'équipement de pêche et les équipages. Chaque habitant-pêcheur tente de garder la documentation couvrant les contrats passés avec les pêcheurs-engagés, les achats de marchandises, les ventes de morue, les billets à ordre, les avances de crédit allouées ou reçus, etc. Il a régulièrement recours au greffier-notaire de la colonie pour faire enregistrer ses transactions. Bien que les habitants-pêcheurs embauchent surtout des équipages de chaloupes, certains possèdent des goélettes et même des navires. Ces embarcations servent non seulement à amener de la morue en France mais aussi à faire du commerce avec les autres colonies françaises dont Québec et les Antilles. Les salaires des pêcheurs-engagés, le coût des marchandises et des outils de pêche, le coût de la traversée des engagés à chaque année sont autant de dépenses causant souvent un endettement assez élevé. C'est du moins ce qui ressort des quelques inventaires après-décès ayant survécus.

Fourchette et boucle de ceinture provenant des fouilles archéologiques à Plaisance Fourchette et boucle de ceinture provenant des fouilles archéologiques à Plaisance
Fourchette et boucle de ceinture provenant des fouilles archéologiques à Plaisance
Ces objets de même que d'autres artefacts furent découverts par des archéologues travaillant dans les ruines de Castle Hill à la fin du 20e siècle. Ils reflètent l'activité économique du 17e et du 18e siècle à Plaisance, où la présence d'une garnison militaire contribuait à stimuler les échanges et le commerce des biens nécessaires. Ces artefacts sont maintenant exposés au Centre d'interprétation de Castle Hill.

Photo par Edward Power. Reproduite avec la permission du ministère de l'Éducation, gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador, ©1982.

En combinant plusieurs activités économiques, quelques habitants-pêcheurs de Plaisance réussissent à gravir l'échelle sociale pour devenir marchands et même occuper des postes dans la petite fonction publique et militaire coloniale. Quelques-uns ont même accès au Conseil Supérieur de l'Île Royale après 1715. Guillaume Delort représente un cas classique : il agît comme courtier, achetant et vendant des marchandises et des navires; autant pour son compte que pour celui de marchands d'autres ports tels Québec et Saint-Jean-de-Luz. Plusieurs habitants de Plaisance et de l'Île Royale lui doivent de l'argent à leur mort pour de l'équipement de pêche et des marchandises. Son beau-frère André Carrerot est aussi très actif. Quant à Joseph Lartigue, il arrive à Plaisance à titre d'engagé et son nom apparaît dans les documents à compter de 1708. éventuellement, de son propre aveu, il se considère sans contredit comme l'un des plus riches habitants de Plaisance. La famille Daccarrette (Joannis, Michel et Jacques) est peut-être la plus prestigieuse à être passée à Plaisance puisque ses membres s'impliquent à la fois dans les pêches, le commerce et les activités corsaires. Leur succès dans les affaires repose en bonne partie sur des liens familiaux à Bayonne en France.

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