L'archéologie à Ferryland
Il existe différentes façons de reconstituer le passé : l'étude de documents qui relatent des événements passés (histoire traditionnelle), les traditions orales (histoire orale) et l'étude d'objets perdus, abandonnés ou jetés par les sociétés anciennes ( archéologie). Toutes ces approches présentent des avantages et des inconvénients et il y a lieu de croire que l'information provenant de chacun de ces ensembles de techniques passe à travers le filtre du temps jusqu'à ce qu'elle nous parvienne.

De nombreuses lettres et d'autres documents d'archives écrits au 16e et au 17e siècles n'ont pu être sauvés. Seule une petite partie de la population était alphabétisée à l'époque. Les gens sélectionnaient les sujets dont ils voulaient parler dans leurs écrits et il leur fallait souvent une raison particulière pour faire l'effort d'écrire. Par exemple, une lettre d'Edward Wynne, premier gouverneur d'Avalon, dresse la liste des noms des colons qui ont passé l'hiver 1622-1623 sur place. Dans son journal, James Yonge, un jeune chirurgien de 16 ans qui a passé l'été de 1663 à Terre-Neuve, explique le système de quotes-parts utilisé par les pêcheurs.

Alors qu'en principe ni l'histoire orale ni l'archéologie ne sont censées fournir ce type d'informations, les documents écrits sont étonnamment discrets à propos de sujets tels que la configuration des lieux à Avalon et à Pool Plantation, l'emplacement du cimetière des colons, etc.
L'histoire orale est parfois remarquablement précise, mais elle risque d'être déformée après quelques siècles seulement; de plus, certaines histoires finissent par être tout simplement oubliées. À Ferryland, on peut entendre plusieurs versions d'une légende concernant un vieux puits abandonné depuis longtemps. Son emplacement exact, dans une zone de plusieurs acres, varie d'un récit à l'autre. Une version s'avère toutefois plus précise et indique le véritable emplacement du puits. Une autre tradition prétend que Lady Kirke est enterrée « quelque part dans les ( Downs) »

L'information archéologique passe aussi à travers le filtre du temps entre le moment où les objets ont été perdus, jetés ou abandonnés et celui où ils sont mis à jour grâce à une excavation minutieuse. Dans la plupart des régions de Terre-Neuve, les objets composés de matières organiques (p. ex. : bois, os, ramure, cuir, ivoire, tissu) disparaissent en moins d'un siècle. Même si l'archéologie s'avère sélective à cet égard, elle ne l'est pas lorsque vient le temps de préserver les vestiges. À Ferryland, les débris d'une humble famille de pêcheurs qui n'a jamais été mentionnée dans les archives historiques ni citée dans les légendes ont autant de chance d'être préservés que ceux de la bourgeoisie d'Avalon et de Pool Plantation.
Les sources documentaires relatives à Ferryland ont déjà été compilées. Les trésors de la tradition orale ont été enregistrés. À moins d'une découverte complètement inattendue, nous avons probablement tiré tout ce que nous pouvions de ces sources. D'autre part, de nouvelles preuves archéologiques continuent d'être révélées chaque été grâce à la découverte de nouvelles structures et de nombreux artefacts.

Quelle que soit sa nature, lorsque toute nouvelle information est interprétée et ajoutée à la somme de connaissances déjà existantes, elle nous aide à mieux comprendre l'histoire de la colonisation de Ferryland du début des années 1500 jusqu'à aujourd'hui, un champ de recherche en constante évolution.