L'église presbytérienne à Terre-Neuve
Fondée en 1842, la première congrégation presbytérienne de Terre-Neuve était l'église St. Andrew's affiliée à l'Église d'Écosse. La cérémonie de dédicace de l'édifice érigé sur la colline surplombant Gower Street et Long's Hill, à St. John's, a eu lieu le 3 décembre 1843. Le révérend Donald Allan Fraser, qui avait accompli précédemment un travail de pionnier pendant de nombreuses années au sein de l'Église presbytérienne de Nouvelle-Écosse, était le pasteur des lieux. Il n'est resté en poste que pendant trois ans avant son décès, mais il a réussi à marquer à jamais cette congrégation et cette communauté. Ses descendants ont par ailleurs apporté une contribution significative au développement de la société terre-neuvienne.
Les origines de l'Église presbytérienne
Le presbytérianisme est l'une des branches les plus anciennes du protestantisme. Au 16e siècle, au sein des Églises européennes, une querelle théologique opposait ceux qui reconnaissaient la primauté du pape et ceux qui fondaient d'abord leur foi sur l'autorité de la Bible. Les luthériens, les anglicans, les baptistes et les réformateurs reconnaissaient l'autorité souveraine des Saintes Écritures. Dans les pays anglophones, les Églises réformées portaient le nom d'Églises presbytériennes. Ce mot vient du grec presbyteros, qui signifie « ancien ». Les anciens tiennent un rôle particulier au sein du conseil presbytéral. Ces hommes et ces femmes, pasteurs ou laïques, assument la responsabilité pastorale auprès des membres de l'Église.
Les églises presbytériennes de Terre-Neuve ont toujours été affiliées aux églises établies sur le continent. La première église St. Andrew's faisait partie du Synode de l'Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse. En 1875, la fondation de l'Église presbytérienne du Canada a permis de regrouper les nombreux synodes de l'Ontario, du Québec et des Maritimes. Les églises de Terre-Neuve faisaient partie des congrégations fondatrices de cette nouvelle communauté chrétienne. Il y avait trois églises à l'époque : celle de Harbour Grace ainsi que deux autres du même nom à St. John's – St. Andrew's Free Church et St. Andrew's Kirk. La séparation entre celles-ci avait été provoquée par des batailles juridiques menées en Écosse. Toutefois, lorsque ces deux églises sont devenues membres de la nouvelle entité canadienne, elles n'ont pas tardé à se réunir et à construire une nouvelle église à l'angle des rues Duckworth et Cathedral. Cette élégante structure érigée en 1878 a été détruite lors du grand feu de 1892. Un nouveau sanctuaire a ensuite été érigé sur le site d'origine de la Kirk sur la colline surplombant Queen's Road. C'est là où se trouve actuellement l'église presbytérienne St. Andrew's, inaugurée 1896. Aujourd'hui encore, on l'appelle « the Kirk », ce qui signifie « l'église » en vieil anglais écossais.
Croissance et expansion
La fondation de l'Église presbytérienne du Canada, en 1875, a suscité le déploiement de nouveaux efforts afin d'assurer la croissance et l'expansion de cette nouvelle entité. De nouvelles églises ont été fondées à Bay of Islands, à Green Bay et à l'île Bell. Le révérend David Creelman est arrivé à Petries Point, qui fait aujourd'hui partie de Corner Brook, en 1876. L'hiver 1879-1880 a été éprouvant, car de nombreuses personnes ont frôlé la famine. Creelman s'est retiré en Nouvelle-Écosse à cause de son état de santé très précaire et il est mort peu de temps après. D'autres pasteurs ont pris sa relève, dont le révérend John Munn Allan. L'implication du pasteur Creelman a été l'élément fondateur de la congrégation First United Church de Corner Brook.
Allan se vantait d'être le premier pasteur à prêcher l'Évangile à Grand Falls. La congrégation de St. Matthew's a pris sa relève au sein de ce qui allait devenir la communauté la plus ancienne, toutes confessions confondues, de la région de la rivière des Exploits, où se trouvait une usine de pâte à papier. La mission de Green Bay, qui desservait les mineurs de Betts Cove et de Little Bay, n'a survécu que quelques années, tout comme l'église de l'île Bell. Plus récemment, une congrégation a été fondée à Wabush au Labrador, mais elle a disparu à son tour.
En 1925, les Églises presbytérienne et congrégationaliste établies à Terre-Neuve n'ont pas fusionné avec l'Église unie du Canada au moment de la fondation de celle-ci sur le continent. Seuls les méthodistes de la région ont accepté de se joindre à cette nouvelle entité. L'église congrégationaliste de Queen's Road a adhéré à la Confession de foi de Westminster et l'Angleterre était responsable de lui envoyer des pasteurs. En 1938, cette église a demandé à l'Assemblée générale de l'Église presbytérienne d'être admise en son sein. En 1962, la congrégation a érigé un nouveau sanctuaire sur Elizabeth Avenue et a pris le nom d'église St. David's. Cette nouvelle communauté héritait ainsi d'une histoire vieille de deux siècles.
Un clergé remarquable
Le révérend Moses Harvey, pasteur de la congrégation de l'Église libre de 1852 à 1878, a été l'un des pasteurs presbytériens les plus remarquables. En plus d'être le pasteur fidèle d'une communauté dynamique, il était un auteur spécialisé en sciences, en histoire et en géographie.
D'autres membres du clergé ont aussi marqué leur communauté : F.S. Coffin à Harbour Grace, Wilfred Moncrieff à Grand Falls, Andrew Robertson et Sheldon MacKenzie à l'église St. Andrew's de St. John's, ainsi que James Goldsmith et Dr James Armour à l'église St. David's de St. John's également.
L'implication de la communauté
Les presbytériens se sont impliqués de façon importante au sein de la société terre-neuvienne. Robert Thorburn, premier ministre de la colonie de 1885 à 1889, était un membre influent de l'église St. Andrew's. Les membres de la famille Cowan étaient des cultivateurs de l'ouest de St. John's et leurs descendants continuent de participer à la vie communautaire aujourd'hui encore. Plusieurs membres de la famille Templeton ont occupé des postes importants au Kirk, dont Dr Anna Templeton, qui a œuvré à l'intégration des femmes au marché du travail dans plusieurs régions de la province. L'église St. David's, qui a célébré son 225e anniversaire en 2000, est devenue le centre de la communauté néerlandaise locale. Dr Andy den Otter, professeur à la Memorial University of Newfoundland, est le premier ancien laïque à avoir été élu modérateur du Consistoire de Terre-Neuve. Ces congrégations ont su entretenir des liens étroits avec le personnel, les étudiants, les professeurs, les administrateurs et plusieurs membres du corps professoral de cette université.
La communauté presbytérienne a été sensible aux besoins des habitants de la province et du monde entier. Deux médecins missionnaires de Terre-Neuve ont servi à l'étranger pendant de nombreuses années. Le docteur George Gushue Taylor a travaillé à Taïwan de 1911 à 1940. Il a contribué à l'éradication de la lèpre dans cette île. Le docteur Stanley Martin est allé en Corée en 1914. À Toronto, une pagode en pierre souligne son héroïsme professionnel, notamment son travail auprès des blessés lors du soulèvement de 1919 pour l'indépendance de la Corée. Aujourd'hui, le fonds Lorna Robertson appuie des programmes de développement et d'intervention de proximité à l'étranger. Ce fonds a contribué notamment à la création d'un centre communautaire dans une banlieue noire de l'Afrique du Sud. À St. John's, l'église St. David's soutient la Ada Barnes House, une maison de transition pour les nouveaux arrivants. À l'église St. Andrew's, une troupe de scouts y exerce ses activités depuis plus d'un demi-siècle et c'est aussi là qu'a été créé le corps de cornemuses de St. John's.
Les congrégations presbytériennes de Terre-Neuve font toujours partie de l'Église presbytérienne du Canada, laquelle compte des congrégations dans tout le pays. L'Église est une communauté de foi et une communauté de personnes. Elle se préoccupe des jeunes gens et des personnes du troisième âge au Canada et dans plusieurs autres pays. Sa déclaration de foi moderne, intitulée Foi vivante, renferme cette note d'espérance :
Dieu a préparé pour nous
des choses qui dépassent notre imagination.
Nous espérons un monde renouvelé
et la plénitude de la vie dans l'âge à venir.
