L'éducation après la Commission de 1968

Dans les années 1970 et 1980, les conclusions de la Commission royale d'enquête sur l'éducation et la jeunesse ont grandement contribué à façonner et à accélérer les changements en éducation à Terre-Neuve et au Labrador. Conformément au rapport de la Commission publié en deux parties en 1967 et 1968, de nombreux efforts ont été consacrés à la fusion des installations et des services des écoles existantes ainsi qu'à la restructuration du système d'éducation afin de satisfaire aux normes nationales en matière de performances scolaires individuelles.

Le nombre d'écoles a donc diminué mais, en revanche, celles-ci étaient mieux équipées et subventionnées qu'elles ne l'avaient jamais été. On a aussi procédé au perfectionnement de la formation des enseignants et à la rationalisation du transport scolaire. Le gouvernement a créé des cours d'immersion en français en 1975 et une 12e année en 1981. Dans les années 1980, il a augmenté considérablement le nombre de cours offerts aux élèves du secondaire et créé un système de télé-enseignement à distance pour mieux répondre aux besoins des élèves des milieux ruraux. Les taux d'abandon ont chuté de façon continue mais le nombre d'inscriptions a aussi diminué dans les écoles, principalement à cause du déclin démographique et du vieillissement de la population.

Des changements ont aussi transformé le domaine de l'enseignement supérieur. Memorial University a ouvert le West Coast Regional College à Corner Brook en 1975 pour offrir des cours de première et de deuxième année en arts, en sciences et en éducation. Cet établissement a pris le nom de Sir Wilfred Grenfell College en 1979 et, en 2000, il est devenu le Grenfell Campus de la Memorial University of Newfoundland. En 2011 ce campus offrait 16 programmes de grade universitaire en arts plastiques, arts, sciences infirmières, gestion des ressources et sciences.

En 1986, le Cabot Institute of Applied Arts and Technology (appelé autrefois College of Trades and Technology et aujourd'hui College of the North Atlantic) a grossi afin de pouvoir offrir 5 programmes de trois ans, 13 programmes de deux ans menant à un diplôme et 30 programmes d'une durée d'au moins un an. Il est ainsi devenu le plus grand établissement d'enseignement supérieur non universitaire de l'est du Canada. Au cours des deux années suivantes, d'autres collèges communautaires ont ouvert leurs portes pour desservir le Labrador, la péninsule d'Avalon, ainsi que les régions du centre et de l'ouest de l'île de Terre-Neuve.

La fusion scolaire des années 1970

Dans les années 1970, le principal changement dans le système d'éducation de la province a donné lieu à la fusion des écoles et des services éducatifs. On a ouvert des écoles plus grandes afin de pouvoir accueillir les élèves qui fréquentaient jusque-là des établissements plus modestes. De plus, certains services d'autobus ont été jumelés et des écoles intégrées ont ouvert leurs portes dans plusieurs collectivités pour desservir les élèves de différentes confessions religieuses. Le gouvernement et les fonctionnaires du milieu de l'éducation ont opté pour ces changements afin de résoudre partiellement l'un des problèmes les plus courants et les plus coûteux au sein du système d'éducation – la duplication inutile des services et des infrastructures. De fait, il y avait dans la province beaucoup plus d'écoles et de services éducatifs qu'il n'était nécessaire.

Peu après la publication en deux volets du rapport de la Commission d'enquête sur l'éducation et la jeunesse, en 1967 et 1968, les autorités ont pris des mesures pour atténuer ce problème de duplication. Les systèmes scolaires de l'Armée du salut et des Églises anglicane, presbytérienne et unie ont fusionné pendant l'année scolaire 1968-1969 pour former un système protestant intégré. Cette décision a permis de réduire à trois – catholique romain, pentecôtiste et protestant intégré – le nombre de systèmes scolaires rattachés à des confessions religieuses distinctes.

Des écoles intégrées ont aussi été aménagées au début des années 1970 pour accueillir les élèves appartenant aux Églises catholique romaine et protestante. La première a été inaugurée en 1971 à Plum Point, dans la péninsule Great Northern, grâce aux efforts conjoints du conseil scolaire catholique romain de Humber-St. Barbe et du conseil scolaire intégré du détroit de Belle Isle. Cette école acceptait tous les élèves des environs. Des écoles intégrées ont été créées par la suite dans d'autres collectivités, notamment à Bay de Verde, Pasadena, Glenwood, Springdale, Cow Head ainsi qu'à l'île Fogo.

La collaboration entre les conseils scolaires a revêtu différentes formes. Dans les années 1970, il était courant de faire des achats communs pour le papier et diverses fournitures scolaires, de partager les coûts de déneigement et de combustible, et d'amalgamer les systèmes de transport scolaire. Certains conseils partageaient aussi leur personnel spécialisé, notamment les orthophonistes, les psychopédagogues et les enseignants affectés aux personnes ayant un handicap visuel ou auditif. De telles mesures étaient particulièrement utiles dans les régions rurales ou éloignées qui parvenaient difficilement à recruter et à retenir les enseignants spécialisés.

D'autres changements

Diverses autres nouveautés ont amélioré le programme d'études. Dans les années 1980, la province a réorganisé son programme du secondaire en ajoutant une 12e année et en augmentant le nombre de cours. En 1992, les élèves du secondaire disposaient d'un vaste choix de disciplines : littérature, cours de langue, sciences, mathématiques, histoire, géographie, économie, éducation religieuse, français, sciences de la santé, éducation physique, musique, arts plastiques, affaires et formation professionnelle.

En 1988, la province a instauré un programme de télé-enseignement à distance afin d'offrir un plus grand éventail de cours aux élèves du secondaire vivant dans les milieux ruraux où les écoles et les subventions étaient limitées. Le programme de télé-enseignement a permis aux élèves des régions rurales de suivre les cours requis pour être admis dans les universités, les écoles techniques et les autres établissements d'enseignement supérieur. Après deux décennies d'expansion continue, le programme a permis de recruter 1616 élèves pendant l'année scolaire 2008-2009 et plus de 40 cours ont été offerts dans divers domaines : anglais, mathématiques, musique, arts, biologie, sciences de l'environnement et technologie des communications.

Les programmes en langue française ont aussi été bonifiés. Dès 1960, des cours de français langue première ont été offerts aux enfants de Labrador City dont les parents avaient migré du Québec et du Nouveau-Brunswick pour venir travailler dans les mines de fer. Le programme de français langue première a ensuite été adopté dans d'autres régions de la province et 269 élèves de cinq écoles s'y étaient inscrits pour l'année scolaire 2008-2009.

Le premier programme d'immersion en français offert aux élèves de la province a été créé en 1975 à l'école primaire Notre-Dame-du-Cap de Cap Saint-Georges, dans la péninsule de Port-au-Port. Le programme a été enrichi au cours des décennies suivantes et 8008 élèves dispersés dans 65 écoles s'y étaient inscrits pour l'année scolaire 2008-2009.

En dépit de ces mesures, les problèmes du système d'éducation n'ont pas tous été résolus. La plus importante préoccupation des autorités concernait les mauvais résultats des élèves par rapport aux normes nationales. Pendant les années 1970 et 1980, les élèves de la province avaient toujours des notes inférieures à la moyenne dans toutes les matières évaluées par le Canadian Test of Basic Skills en 4e, 6e, 8e et 12e année. La duplication inutile des services était un autre problème majeur qui a persisté même après l'adoption des mesures prônant les fusions. Le mécontentement de la population envers le système d'éducation a augmenté dans les années 1980 et a entraîné des demandes de réforme qui ont mené ultimement au démantèlement du système d'éducation confessionnel à la fin des années 1990.

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