L'éducation de 1949 à 1968

Au moment de la Confédération, il était impératif que le système d'éducation soit perfectionné à Terre-Neuve et au Labrador. Plusieurs enseignants n'avaient pas reçu une formation suffisante et étaient mal payés. De plus, les écoles étaient souvent des bâtiments d'une seule pièce sans électricité ni eau courante. Le taux d'analphabétisme était élevé et la fréquentation scolaire était irrégulière. Il n'était pas rare que des parents gardent leurs enfants à la maison parce qu'on ne pouvait pas leur acheter des vêtements convenables ou qu'il n'y avait aucune école située à une distance de marche raisonnable.

L'une des principales ambitions du gouvernement Smallwood, au moment de prendre le pouvoir en 1949, était d'améliorer la qualité de l'enseignement et l'accessibilité aux études. Au cours des années suivantes, la province a augmenté les salaires des enseignants, ouvert et équipé convenablement de grandes écoles régionales, construit des routes pour que les enfants puissent s'y rendre plus facilement, et financé l'achat des manuels scolaires et les services d'autobus. Le gouvernement a aussi perfectionné l'enseignement post-secondaire en ouvrant des écoles de métiers et en transformant le Memorial University College en université conférant des grades universitaires. Le gouvernement fédéral a participé à la réforme scolaire en accordant un soutien financier au gouvernement provincial et aux familles.

Le système d'éducation au moment de la Confédération

Comparativement aux normes nord-américaines, le système d'éducation de Terre-Neuve et du Labrador était désuet et inefficace à l'époque de la Confédération. Parmi ses 1187 écoles, 778 étaient des bâtiments mal entretenus qui ne comptaient qu'une seule pièce. Plusieurs d'entre eux n'avaient pas d'électricité ni d'eau courante et étaient chauffés avec des poêles à bois ou à charbon. Peu d'écoles avaient une bibliothèque, un laboratoire, un gymnase et les autres installations offertes dans les écoles canadiennes plus grandes. Les enseignants étaient sous-payés et n'avaient généralement pas la formation requise pour enseigner. Parmi les 2357 enseignants qui travaillaient dans la province, seulement 57 étaient diplômés.

La malnutrition et la pauvreté affectaient de nombreux enfants, particulièrement dans les régions rurales, ce qui les empêchait souvent de pouvoir se concentrer sur leurs devoirs ou même d'aller à l'école. Bien que la Commission de gouvernement ait rendu la fréquentation scolaire obligatoire en 1943, elle n'a jamais imposé fermement cette règle. Beaucoup d'enfants restaient souvent à la maison parce que leurs parents étaient incapables de leur procurer des fournitures scolaires ou des vêtements appropriés. Le transport était aussi un problème. Comme il n'y avait pas d'école dans chaque collectivités, le nombre limité de routes faisait en sorte qu'il n'était pas facile pour les enfants de se rendre dans les écoles des villages avoisinants, surtout en hiver. En 1948, seulement 76 p. 100 des enfants allaient à l'école.

Les réformes pédagogiques après la Confédération

Le gouvernement Smallwood a immédiatement pris des mesures pour améliorer le système d'éducation. En 1949, il a transformé le Memorial University College en établissement conférant des grades universitaires, puis il a offert des subventions et des bourses d'études aux étudiants qui s'inscrivaient aux programmes de formation des enseignants. Le taux de fréquentation universitaire a augmenté de façon continue en passant de 307 inscriptions en 1949 à 1234 en 1960. Dans les années 1950, à peu près la moitié de tous les étudiants étaient inscrits à la Faculté d'éducation. La province a fait des efforts supplémentaires en bonifiant les salaires et les régimes de retraite des professeurs dans le but d'attirer et de retenir les éducateurs dotés d'une bonne formation.

Le gouvernement a aussi ouvert de nombreuses écoles professionnelles, aussi appelées écoles de métiers, afin que les étudiants d'âge adulte puissent acquérir les compétences nécessaires pour occuper des emplois particuliers. La plupart des institutions acceptaient les élèves qui avaient au moins terminé une 8e ou une 9e année. En 1949, une école professionnelle militaire de St. John's a commencé à accepter des étudiants civils pour la toute première fois. On pouvait y apprendre divers métiers dont la plomberie, la menuiserie, l'ingénierie de moteurs diesel, la mécanique des véhicules à moteur et la navigation.

L'école a fermé ses portes en 1963, mais elle a été remplacée la même année par le College of Trades and Technology à St. John's et 11 écoles de métiers de district établies à l'île Bell, Burin, Carbonear, Clarenville, Corner Brook, Gander, Grand Falls, Lewisporte, Port aux Basques, Seal Cove (baie de la Conception) et Stephenville Crossing. Même si les cours offerts étaient variés, la plupart des écoles enseignaient la dactylographie, la soudure, la mécanique automobile, le dessin technique et le travail de bureau. En 1964, le College of Fisheries, Navigation, Marine Engineering and Electronics a aussi ouvert ses portes à St. John's. On y enseignait les sciences navales, l'architecture navale et d'autres disciplines liées à l'industrie de la pêche. Les inscriptions sont passées de 146 la première année à 3000 en 1967.

La Memorial University s'est aussi développée pendant les années Smallwood. En 1961, elle a quitté l'établissement d'origine de Parade Street pour aller s'installer sur le campus actuel d'Elizabeth Avenue. Au moment de sa construction, elle ne comptait que quatre bâtiments : Arts et Administration, Science et Ingénierie, Éducation physique et la bibliothèque (rebaptisée plus tard Bibliothèque Henrietta Harvey). À la fin des années 1960, l'université offrait une grande variété de grades de premier cycle et de diplômes d'études supérieures. Elle a également ouvert des écoles de médecine, de sciences infirmières et d'ingénierie.

Les changements apportés au système scolaire

De meilleures écoles publiques ont ouvert leurs portes dans toute la province après la Confédération. Dans les années 1950 et 1960, le gouvernement a fait construire plusieurs grandes écoles secondaires centrales bien équipées afin d'accommoder les élèves des agglomérations voisines. Les écoles régionales étaient ouvertes aux élèves de 9e, 10e et 11e année tandis que les écoles centrales offraient aussi la 7e et la 8e année. Toutes étaient modernes, bien construites et disposaient de laboratoires scientifiques, de gymnases, de cafétérias, de bibliothèques et d'équipement pour les cours de musique. Les premières écoles régionales ont été inaugurées à Foxtrap et à Corner Brook en 1954 et ont accueilli respectivement les élèves de la baie de la Conception et de la baie des Îles. En 1963, on comptait 82 écoles secondaires centrales et régionales dans la province et environ 14 620 inscriptions.

La province a tenté de faire augmenter le taux de fréquentation en permettant aux élèves des régions rurales de se rendre plus facilement dans les écoles des collectivités avoisinantes. Elle a construit un réseau routier dans l'île dans les années 1950 et 1960 et a subventionné le système de transport. En 1963, de gros autobus jaunes transportaient quotidiennement 8700 élèves aller-retour entre la maison et l'école. Le gouvernement a aussi subventionné l'achat des manuels scolaires et créé des bourses d'études afin qu'un plus grand nombre de jeunes aient la possibilité d'aller à l'école.

Après la Confédération, l'accès aux services sociaux fédéraux a aidé de nombreuses familles sur le plan financier. Les régimes de retraite, les prestations-maladie et les autres programmes ont grandement contribué à améliorer la qualité de vie des résidants de Terre-Neuve et du Labrador. Les taux de malnutrition ont chuté et la pauvreté était moins répandue. Les parents dont les enfants allaient régulièrement à l'école avaient droit aux allocations familiales du gouvernement fédéral. Par conséquent, la fréquentation scolaire a augmenté considérablement, et les familles avaient plus d'argent que jamais pour se procurer fournitures scolaires, vêtements et autres choses essentielles.

Mais certains problèmes persistaient malgré ces réformes. Les taux d'abandon restaient élevés, l'apprentissage de la lecture ne donnait pas toujours les résultats escomptés et les notes obtenues aux examens étaient moins élevées que les moyennes nationales. Les résultats étaient particulièrement faibles dans les régions rurales, là où l'on trouvait encore des écoles mal équipées qui ne comptaient qu'une ou deux salles de classe. En 1964, dans l'espoir d'améliorer la situation, le gouvernement Smallwood a mandaté une Commission d'enquête sur l'enseignement et la jeunesse pour étudier le système d'éducation et proposer des recommandations pour l'améliorer. En 1967, la Commission a présenté à la province un rapport en deux volumes et, au cours des années suivantes, ses 340 recommandations ont aidé à instaurer des changements profonds et importants dans le monde de l'éducation à Terre-Neuve et au Labrador.

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