La diversité ethnique
On dit souvent de Terre-Neuve-et-Labrador que sa population d'origine européenne est la plus homogène au Canada. C'est le fruit de la colonisation européenne et, plus tard, d'un taux d'immigration plus faible qu'au Canada.
Les peuples autochtones
Les peuples autochtones se subdivisent en trois, peut-être quatre groupes ethniques. Les Inuit (appelés autrefois « Esquimaux ») occupaient la côte septentrionale du Labrador, et y pêchaient et chassaient les mammifères marins. Les Innus (appelés autrefois « Montagnais-Naskapi ») vivaient dans l'arrière-pays du Labrador, et y chassaient le caribou et d'autres types de gibier. Les Béothuks habitaient l'île de Terre-Neuve et s'exprimaient probablement dans un dialecte de la famille des langues algonquiennes comme les Innus. Au gré des saisons, ils se déplaçaient de l'intérieur des terres pour la chasse, principalement le caribou, à la côte pour la pêche et la chasse aux mammifères marins. Les Mi'kmaq fréquentaient généralement les régions méridionales de Terre-Neuve. (Voir la section du site Web : Peuple autochtone.)

Les immigrants anglais et irlandais
Une bonne partie de la population de Terre-Neuve-et-Labrador a pour ancêtres des habitants de petites régions du sud-ouest de l'Angleterre et du sud-est de l'Irlande. Cette immigration entamée au milieu du 17e siècle se poursuit jusqu'au milieu du 19e siècle. Avant la colonisation, Terre-Neuve est surtout un lieu de pêche migratoire (saisonnière) pour les Européens. La plupart des membres des équipages qui traversent l'Atlantique retournent vers le continent à l'automne. Seul un petit groupe reste sur place l'hiver pour garder les installations de pêche. Quelques-uns finissent par s'installer de façon permanente.
Jusqu'au début du 19e siècle, le nombre de résidents augmente très modérément. Ce sont les perturbations que traverse la pêche migratoire qui stimulent le peuplement de Terre-Neuve. En un peu plus de 30 ans, le nombre d'habitants est multiplié par quatre. L'immigration irlandaise se démarque. Pourtant, en 1833, elle semble stagner, alors que l'immigration anglaise se poursuit à un rythme lent mais plus longtemps.
Les mouvements de populations de l'Europe vers le Nouveau Monde, par exemple lors de la Grande Famine en Irlande dans les années 1840, ciblent le Canada et les États-Unis, mais non Terre-Neuve.
Une croissance démographique naturelle prédomine après le ralentissement considérable de l'immigration au milieu du siècle. En date des années 1930, plus de 95 p. 100 des habitants sont des natifs de l'île, des descendants des colons anglais et irlandais venus s'établir il y a 100 ans.
Les immigrants français
Le peuplement de la côte occidentale de Terre-Neuve par les Français s'est probablement amorcé vers la fin du 18e siècle. Toutefois, la majorité des immigrants francophones, tels les Acadiens et les Français originaires de France et de Saint-Pierre, ont plutôt migré vers l'île au cours du siècle suivant. Au début du 20e siècle, les francophones et les membres d'autres minorités comme les Mi'kmaq font face à d'énormes pressions visant leur assimilation. Toutefois, depuis les années 1970, les descendants des immigrants français et des Mi'kmaq mettent en valeur ce patrimoine sous la poussée d'une renaissance socio-culturelle et linguistique.
Les immigrants écossais
Au milieu du 19e siècle, des Écossais des Highlands (hautes terres) s'implantent dans la vallée Codroy située sur la côte sud-ouest de l'île. Bon nombre de leurs descendants y habitent encore et maintiennent encore vivants certains aspects de la langue gaélique d'Écosse.

Les immigrants chinois et libanais chrétiens
À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, des Chinois viennent s'établir à Terre-Neuve malgré la discrimination explicite et implicite dont ils font l'objet. Plusieurs d'entre eux ouvrent d'abord des blanchisseries, puis des restaurants. Les femmes chinoises sont interdites d'immigration jusqu'en 1949. Les Chinois choisissent au départ de s'installer à St. John's avant de s'étendre peu à peu vers d'autres centres urbains pour y ouvrir des commerces. La discrimination et les mauvais traitements n'empêchent pas ce petit groupe de jouer un rôle significatif dans la société terre-neuvienne.
Au moment où arrivent les immigrants chinois, des luttes religieuses chassent des Libanais chrétiens de leurs foyers en Syrie et au Liban. Quelques-uns trouvent leur chemin jusqu'à Terre-Neuve. Les journaux de l'époque les désignent sous le vocable « Assyriens ». Ils n'échappent pas non plus à la discrimination, mais ils s'établissent néanmoins avec succès à St. John's, dans l'île Bell, à Grand Falls – Windsor ainsi qu'en périphérie de Corner Brook. Ces immigrants et leurs descendants ont participé à l'évolution de la grande famille terre-neuvienne.

Des immigrants de diverses origines ethniques ont débarqué en petit nombre sur les rives de Terre-Neuve et du Labrador. Depuis 1949, d'autres les ont suivis en provenance du Canada ou de leur pays natal. Pour sa part, la Memorial University accueille aussi du personnel et des étudiants venus d'ailleurs. Cependant, les descendants des immigrants anglais et irlandais du 19e siècle forment la majorité de la population.