Les relations avec le Canada : de 1870 à 1895

Bien que Terre-Neuve ait refusé de joindre la Confédération canadienne en 1869, elle devait quand même s'entendre avec son voisin de l'ouest. Les deux pays faisaient partie de l'Empire britannique, partageaient des traditions communes en matière de constitution et de politique, parlaient la même langue, et avaient de nombreuses similitudes culturelles. De plus, ils partageaient une frontière commune au Labrador, bien que cette frontière ne fût pas bien définie, et ils devaient traiter ensemble des questions comme la pêche et les relations commerciales avec les États-Unis.

De nombreux Terre-Neuviens croyaient que le « loup canadien » avait hâte d'avaler leur pays, mais en vérité, ce n'était pas le cas. Ottawa ne voyait pas d'un mauvais œil que Terre-Neuve préserve son indépendance, pourvu que la colonie ne prenne aucune mesure susceptible de nuire aux intérêts des Canadiens. C'est seulement alors que les politiciens fédéraux ont soulevé la question.

Dans les années 1880 et au début des années 1890, le gouvernement du Canada a réagi à la tentative de Terre-Neuve de négocier une entente commerciale bilatérale et indépendante avec les États-Unis. Les Canadiens, qui craignaient l'expansionnisme américain, estimaient qu'il était important que le Canada et Terre-Neuve adoptent une position identique contre Washington concernant les questions du commerce et de la pêche. Le gouvernement fédéral a donc fait tout ce qui était en son pouvoir afin d'empêcher Terre-Neuve de conclure une telle entente tout en envisageant alors la possibilité que cette dernière rejoigne la Confédération. À cette époque, les relations entre Terre-Neuve et le Canada étaient tendues.

En 1888, le gouvernement canadien a invité les Terre-Neuviens à Ottawa pour discuter de la Confédération; toutefois, aucune délégation n'a été envoyée. Deux ans plus tard, Robert Bond, un membre important du gouvernement de Terre-Neuve, a négocié un accord commercial avec le gouvernement américain. Cet accord a ensuite été connu sous le nom de « convention Bond Blaine ». Le gouvernement canadien a réussi à saboter l'entente en persuadant le gouvernement britannique de ne pas y consentir.

Cette action a provoqué une crise sérieuse. Le gouvernement de Terre-Neuve a alors interdit aux bateaux qui longent les rives de la Nouvelle Écosse de se procurer du poisson-appât dans ses eaux, puis il a imposé des droits sur les importations en provenance du Canada. En représailles, le gouvernement canadien a imposé des suppléments sur les importations en provenance de Terre-Neuve, et il a menacé la colonie de sanctions. Terre-Neuve a écarté la possibilité de relancer les négociations concernant la Confédération.

Finalement, les esprits se sont calmés, et les deux parties ont accepté de se rencontrer en novembre 1892. La conférence d'Halifax n'a toutefois rien réglé, et la question de la Confédération a simplement été effleurée. Le Canada a refusé de lever ses objections à la convention Bond Blaine.

Sir John Thompson en 1891
Sir John Thompson en 1891
Sir John Thompson était l'un des représentants du Canada à la conférence d'Halifax en 1892.
Avec la permission des Archives nationales du Canada, C-68645.

Une véritable chance de négocier l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération s'est présentée au début de 1895. En décembre 1894, les deux banques de la colonie s'étaient effondrées. En conséquence, la situation financière du gouvernement était précaire, car la colonie était menacée de faillite. L'entrée dans la Confédération semblait être une solution si bien que Robert Bond s'est dirigé en délégation à Ottawa. Les négociations n'ont pas abouti, et la colonie a réussi à survivre grâce à l'obtention d'un prêt. Il n'y a pas eu de négociations officielles pendant plus de 50 ans par la suite.

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Vidéo: Le chemin tortueux vers la Confédération, 2e partie: Les relations avec le Canada de 1870-1939