Mais qu'avons-nous donc pensé?
Au rédacteur en chef du Daily News,
Monsieur – Un petit garçon avait un bonbon. Un garçon plus vieux et plus fort le lui arrache. Le petit garçon proteste, mais est jeté à terre et frappé du pied. Quand il se relève, le voyou dit : « J'ai ce que je voulais. Tu n'y peux rien. Soyons amis. » Mais le petit garçon ne se décourage pas et va se plaindre à un policier : le voyou est confronté, sa conduite répréhensible est dévoilée et il est puni.
L'Angleterre et le Canada, deux gros voyous, ont battu la petite Terre-Neuve. Les partisans terre-neuviens de la Confédération, ces « instigateurs et conspirateurs », nous disent de leur accent onctueusement triomphant : « Maintenant que nous vous avons battus, travaillons ensemble pour Terre-Neuve. Bien sûr, nous pensons plus à nous-mêmes qu'à Terre-Neuve. Nous vous avons battus avec notre propagande à rabais et nos mensonges. Nous avons eu recours au sectarisme dans nos discours et dans nos lettres. Nous vous avons empêchés d'apprendre la vérité. Même si vous la découvrez, il est trop tard et vous ne pouvez rien y faire, alors travaillons ensemble. »
Pensez-y, nous joindre à ces hommes qui ont pensé à eux avant de penser à leur pays. Nous joindre à ces hommes dont la campagne a été financée par de l'argent canadien. Nous joindre à ces hommes qui ont écrit des lettres inspirées par les pires formes de sectarisme. Dieu nous garde de jamais nous joindre à eux! Nous nous devons de les combattre devant le tribunal de l'opinion publique.
La Confédération a été conçue dans l'iniquité. Les politiciens de l'Angleterre et du Canada qui ont concocté ces dernières années leur plan pour forcer Terre-Neuve à se joindre à l'Union n'ont pas à en être fiers. La Russie n'aurait pas fait mieux! L'Histoire jugera leur conduite à sa juste valeur et rappellera cette saga de promesses non tenues et de corruption nationale, ce crime contre un peuple pacifique et heureux.
Dans l'excellente lettre que vous avez publiée mardi dernier, Idéaliste a exprimé l'opinion d'une large majorité de la population : nous resterons Terre-Neuviens à jamais.
Pour avoir tenté de défendre Terre-Neuve, nous pouvons marcher la tête haute. Je n'aurai jamais à en rougir. Mais refusons la main tendue par les traîtres. Battons-nous jusqu'à la dernière tranchée.
Respectueusement vôtre,
TERRE-NEUVIEN POUR TOUJOURS
Reproduction autorisée par la banque Toronto-Dominion. Extrait de "What Are We Thinking Of," The Daily News, 5 août 1948, p. 4.