L'Entente cordiale de 1904

Au début du XXe siècle, après une période de tension, le Royaume Uni et la France ont convenu de régler bon nombre de disputes coloniales de longue date. Le 8 avril 1904, les deux pays ont conclu à Londres quatre accords qui ont constitué l'entente anglo française ou Entente cordiale. Il faut savoir qu'une entente est un protocole – et non un traité d'alliance. Ces accords sont :

1. la Déclaration concernant l'Égypte et le Maroc;
2. la Convention concernant Terre-Neuve et l'Afrique centrale et de l'Ouest;
3. un échange de notes concernant la nomination mutuelle de consuls à St. John's (Terre-Neuve) et à l'île Saint Pierre;
4. la Déclaration concernant le Siam, Madagascar et les Nouvelles Hébrides.

Au nombre de ces accords, la Déclaration concernant l'Égypte et le Maroc est considérée généralement comme la plus importante : la France reconnaît la position du Royaume Uni en Égypte et elle lui reconnaît un droit d'agir librement là bas, alors que le Royaume Uni accorde à la France ce même droit au Maroc. Cependant, la convention de Terre-Neuve, souvent ignorée, constitue un élément essentiel de l'ensemble.

La France accepte de renoncer aux privilèges de pêche que lui conférait l'article 13 du traité d'Utrecht (1713), en échange d'une compensation financière à verser par le gouvernement britannique aux citoyens français qui subiront les effets néfastes de cette renonciation, ainsi qu'en échange de concessions territoriales en Afrique de l'Ouest et du Centre. La France conserve son droit de pêche en saison sur l'ancienne côte de pêche française, le French Shore, « sur un pied d'égalité avec les sujets britanniques », mais elle ne peut, comme elle le faisait anciennement, construire des installations de pêche.

Conche, 1859
Conche, 1859
Une vue panoramique d'une installation de pêche sur le French Shore.

Avec la permission des Archives nationales du Canada, PA-188218.

La convention n'a pas accordé au gouvernement de Terre-Neuve tout ce qu'il souhaitait, mais elle a permis la fermeture de ce qui restait des pêcheries françaises sur le French Shore, et elle a éliminé toutes les incertitudes légales concernant la sécurité des terres, du minerai et d'autres concessions du genre sur l'île de Terre-Neuve. Elle a également permis que les lois, règlements et règles régissant la pêche à Terre-Neuve s'appliquent à l'ancien French Shore, ce qui n'avait pas été le cas dans le passé.

La convention a été bien accueillie par les Terre-Neuviens, et le premier ministre sir Robert Bond l'a déposée à la Chambre d'assemblée avec un discours enthousiaste. Un grief de longue date ayant engendré de vives tensions entre la colonie et le gouvernement impérial avait enfin été réglé.

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