Discours d'Ambrose Shea en faveur de la Confédération, 1865

Extraits du discours d'Ambrose Shea (Libéral, comté de Placentia-St. Mary's), Débats de l'Assemblée législative (vol. 9), 21 février 1865. The Newfoundlander, 2 mars 1865.

(...) Cette mesure appelée Confédération ne relève pas du domaine des expériences inédites ou nouvelles. Tous les grands pays du monde ont été formés par l'association d'états plus petits à des fins de défense, de sécurité et d'avancement mutuel. (...) L'union de l'Angleterre et de l'Irlande a été citée comme exemple des effets nocifs de telles associations, et d'aucuns se sont efforcés d'exploiter les préjugés traditionnels que cet événement déplorable a inspirés pour créer un sentiment de méfiance envers la présente mesure. Ces gens qui prétendent que les conditions équitables du projet de Confédération des colonies ont des points communs avec cette union-là n'ont pas fait une lecture juste de l'histoire. (...) Il serait futile d'énumérer les iniquités et l'injustice qui ont marqué cette union [entre l'Irlande et l'Angleterre], qui n'a établi nul lien autre que celui qui existe entre le maître et l'esclave. (...) Quelle analogie alors (...) peut-on établir entre une Union comme celle que j'ai justement décrite et l'association proposée des provinces de l'Amérique du Nord britannique dans laquelle les droits de tous sont respectés, et où les conditions d'un partenariat honorable sont soutenues. (...) Aujourd'hui, si jamais un pays était en position de bénéficier de l'aide d'autrui, c'est bien le cas de cette colonie. Avec sa population d'à peine 13 000 habitants éparpillés sur des centaines de milles de côtes, notre condition suppose manifestement la nécessité de coopérer avec d'autres afin d'obtenir cette aide qui nous est inaccessible dans notre position isolée. Nous avons prouvé notre incapacité à atteindre tout objectif qui dépasse la simple routine. Nous avons vu notre pauvreté nous narguer, et tous nos faibles efforts se sont révélés futiles pour y pallier. Nous avons amplement de ressources pour soutenir notre population, et elles restent inexploitées en raison de notre inaptitude à les mettre à la portée de la population, dont la condition exige clairement une croissance de l'emploi. Dans cette situation, nous voyons de toute évidence la nécessité de nous associer avec ceux qui peuvent nous venir en aide, et qui ont tout intérêt à promouvoir notre prospérité. (...) Le Gouvernement [impérial] croit que l'association de ces Provinces est la condition sine qua non pour conserver leurs liens avec la mère-patrie et, au su de toutes les considérations qui entourent cette grave question, on prétend qu'il nous faudrait l'envisager sous l'angle de ses impacts, comme l'ajout d'un demi-sou la verge au prix du calicot! Comment douter que la Confédération qu'on nous propose est l'expression du point de vue clair de la politique britannique, et ne pas être reconnaissants que, devant sa réalisation inévitable, l'arrangement en soit un qui porte le sceau d'approbation de l'expérience (...) Mais on a entendu proposé cet étrange argument, que si notre colonie rejetait l'union, nous allions devenir une Province choyée et le siège d'une base navale. (...) Il est quelque peu surprenant de penser que ceux qui choisissent une voie d'opposition et de résistance absurde seraient ainsi récompensés. Comment notre refus de nous unir rendrait-il Halifax moins désirable qu'avant en matière de position géographique? (...) Nous nous abusons si nous croyons que nous avons quelque valeur que ce soit aux yeux de la Grande-Bretagne qui encouragerait une politique exceptionnellement favorable à notre endroit. Nous n'en sommes plus au temps où la colonie était une pépinière de marins. (...) De nos jours, l'Angleterre n'a plus besoin de nous à cette fin. (...) Or. on affirme que le gouvernement britannique n'a jamais eu l'intention que cette île fasse partie de la Confédération et que nos mouvements sont entièrement injustifiés. Les preuves, cependant, sont claires sur ce point contre ceux qui formulent cette objection. (...)

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