Le Canada et la Crise économique à Terre-Neuve, 1929-1934

La Crise économique a profondément touché Terre-Neuve. Son économie vulnérable et fragile a été durement frappée quand les prix de ses exportations ont chuté. Les revenus fiscaux du gouvernement étaient aussi en baisse et la seule façon de maintenir les services était en continuant d'emprunter.

Cependant, en mai 1931 la Banque de Montréal, qui s'occupait des finances du gouvernement, avait trouvé qu'il n'était plus possible d'avoir recours au marché des obligations pour recueillir des fonds. La situation du gouvernement était désespérée puisqu'il se trouvait confronté à un défaut de paiement de la dette publique. Cette dette s'élevait à environ 100 $ millions et les paiements absorbaient à peu près 65 p. 100 des revenus courants. Le premier ministre de Terre-Neuve, Sir Richard Squires, est allé à Ottawa pour rencontrer le premier ministre du Canada, R.B. Bennett.

R.B. Bennett, 1930
R.B. Bennett, 1930
Bennett était le premier ministre du Canada de 1930 à 1935.
Tiré de R.B. Bennett, Prime Minister of Canada, Andrew MacLean, Toronto, Excellsior Publishing Company, 1935, p. 2. Tirage.

Bennett a décidé que si Terre-Neuve se trouvait en défaut de paiement, « cela nuirait gravement au Canada ». Par conséquent, il demanda aux quatre banques canadiennes qui opéraient sur l'île de faire un prêt. C'est ce qu'elles ont fait, en y attachant certaines conditions sévères. La même situation s'étant présentée à la fin de 1931, les banques ont accepté de faire un autre prêt, en y attachant encore une fois des conditions très strictes.

Ce fut le dernier prêt provenant des banques canadiennes. Au printemps 1932, le gouvernement Squires, qui était dans une situation désespérée, a été poussé à établir un contrat avec Imperial Oil. La société ferait un prêt de 1,75 $ million en échange d'un monopole sur la vente d'essence ainsi que d'autres produits du pétrole. Peu après, le gouvernement Squires a été défait aux prochaines élections et un nouveau gouvernement a pris le pouvoir, sous la direction de Frederick C. Alderdice.

Au début de l'automne, il était évident que le défaut de paiement sur la dette était une réelle possibilité. Pour éviter cette situation, les gouvernements britannique et canadien ont accepté de prêter deux-tiers des fonds nécessaires mais à la seule condition que Terre-Neuve accepte une commission d'enquête royale britannique, à laquelle participerait un membre canadien. Le gouvernement Alderdice a accepté cette stipulation.

Parmi les membres de la commission royale, présidée par Lord Amulree, se trouvaient deux Canadiens, Charles Alexander Magrath, nommé après consultation avec le gouvernement canadien, ainsi que Sir William Stavert, nommé par Terre-Neuve. Stavert était un banquier proche de la Banque de Montréal et de Bennett lui-même et il était aussi conseiller financier auprès du gouvernement de Terre-Neuve. C'était un choix étrange.

Les deux Canadiens favorisaient l'adhésion de Terre-Neuve à la Confédération et c'est surtout Magrath qui essayait d'influencer Bennett. Il pensait qu'une union formelle ne pouvait pas être immédiate mais que si le Canada traitait Terre-Neuve avec générosité, il ne faudrait pas attendre longtemps avant que ça se fasse. La commission royale est allée à Ottawa mais en est revenue les mains vides. Bennett et ses ministres faisaient face à de sérieux problèmes de plus en plus graves. Éventuellement, ils ont quitté Terre-Neuve. Il n'y aurait plus aucune aide financière, ni confédération ni l'achat du Labrador (sujet qui avait été mis sur la table). Le problème de Terre-Neuve était le problème de la Grande-Bretagne. La solution de la Grande-Bretagne, dont les détails se trouvent dans le rapport de la commission royale Amulree (1933), était de suspendre le gouvernement responsable et d'assumer la responsabilité directe des finances du pays.

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