La période anglaise (1714-1764)

En 1714, les Anglais connaissaient assez peu les régions nouvellement acquises de la baie de Plaisance, de la péninsule de Burin, de la côte sud entre la baie de Fortune et vers l'ouest jusqu'au cap Ray, ainsi que les îles de Saint-Pierre et Miquelon. Pour encourager les pêcheurs anglais à étendre leurs activités dans cette région et à exploiter les ressources abondantes qu'il croyait y avoir acquises, le gouvernement britannique a autorisé la réalisation de deux relevés distincts de la côte sud entre 1714 et 1716. William Taverner, un colon et commerçant terre-neuvien, a procédé à un relevé des ressources et de population de la région depuis la baie de Plaisance vers l'ouest au nom de la chambre de commerce britannique; le lieutenant John Gaudy a procédé en 1716 à un relevé cartographique de la région pour l'Amirauté britannique, en commençant par celui de Saint-Pierre.

Ces deux relevés ont montré qu'un certain nombre des habitants français originaux avaient choisi de demeurer dans la région plutôt que de déménager dans l'île du Cap-Breton, où la France avait fondé un nouveau poste de pêche sur l'Île Royale. Taverner a aussi trouvé que Saint-Pierre continuait de servir de centre social et commercial à la région située à l'ouest de la baie de Plaisance. Il a décrit Saint-Pierre en ces termes :

Un centre de commerce considérable, surtout autour de Michmas [Michaelmas, le 29 septembre], lorsque tous les planteurs [habitants-pêcheurs] & leurs servants de la Bay de Espère, de Capnigro, de Grand Bank, de Fortune, de Courbin [et autres], arrivent avec leurs fourrures et leur morue de l'été pour acheter leurs provisions et leurs fournitures pour l'hiver.

Au cours des premières années du contrôle par les Anglais, des navires de Saint-Malo ont continué à faire escale à Saint-Pierre. Mais un tel commerce, rendu illégal, n'a pas tardé à s'évanouir. Cette disparition des marchands français a été encouragée par l'apparition graduelle de marchands anglais et anglo-américains, qui ont établi des magasins sur les îles. Autour de 1760, quelques marchands possédaient des résidences, des entrepôts, des vigneaux et des bâtiments de pêche à Saint-Pierre; quant à l'île de Miquelon, elle avait été cédée en 1722 à un résident du Massachusetts, qui allait la vendre à deux hommes du New Hampshire durant les années 1750.

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