La maison d'un habitant-pêcheur à Avalon

À un moment donné, au cours du 17e siècle, le peuplement de Ferryland a commencé à s'étendre au-delà du lotissement original de quatre acres. Une maison de l'époque, située à l'est de la colonie originale établie sur les Downs de Ferryland, a été mise au jour au milieu des années 1990.

Vestiges de la maison d'un habitant-pêcheur datant de la fin du 17e siècle
Vestiges de la maison d'un habitant-pêcheur datant de la fin du 17e siècle
©1998, Newfoundland and Labrador Heritage Web Site Project.

Les restes encore visibles comportent la fondation et l'âtre en pierres des champs de 5,3 mètres (17 ½ pieds) d'un foyer qui occupait entièrement le mur pignon à l'est de la structure. Un tas de poutres, de planches et de poteaux carbonisés indiquent hors de tout doute que la maison a été détruite par le feu. Des pièces de monnaie datant du règne du roi Guillaume III trouvées sous le bâtiment calciné laissent supposer que ce dernier aurait été incendié lors de l'assaut mené par les Français en 1696.

À part ces vestiges, il reste peu de traces du bâtiment lui-même. Au niveau du sol, il ne reste plus de semelle de fondation, d'infrastructures ou de poteaux pouvant fournir des indices à propos de la configuration et des dimensions de la structure. Étonnamment, une surface rectangulaire de 5,3 mètres (17 ½ pieds) – comme l'âtre – sur environ 11,6 mètres (38 pieds) était dépourvu des grosses pierres caractéristiques de la région. Il semble que les pierres aient été retirées pour niveler le plancher intérieur de la maison, qui devait avoir à peu près les mêmes dimensions que la surface dégagée.

Vestiges de l'âtre de la maison de l'habitant-pêcheur
Vestiges de l'âtre de la maison de l'habitant-pêcheur
©1998, site Web du Patrimoine de Terre-Neuve-et-Labrador

Les dimensions sont plutôt grandes pour une maison terre-neuvienne du 17e siècle, et nous croyons que le bâtiment comportait un étage et demi ou deux, ainsi qu'une grande salle. En 1663, lors de sa visite sur les lieux à l'âge de 16 ans, James Yonge, apprenti chirurgien auprès des pêcheurs, a dessiné dans son journal une maison avec un salon-parloir avec des chambres à coucher au-dessus.

L'une des deux cartes connues de Ferryland au 17e siècle, dessinée par James Yonge, donne l'emplacement approximatif de la maison qui a été mise au jour. On note la présence d'une cheminée dans le mur pignon – comme c'est le cas pour la maison mise au jour –, mais un examen approfondi des cartes de Yonge révèle que toutes les maisons qu'il a dessinées avaient une cheminée intégrée au mur pignon. L'élément le plus intéressant de cette carte de Yonge est l'inscription « Lady Kirke's » écrite juste à côté de la maison pour indiquer clairement le nom de son propriétaire.

Malheureusement, aucun des artefacts trouvés sur le site de la maison ne peut être attribué avec certitude à Lady Kirke. À vrai dire, la qualité de l'ensemble de ces objets n'est pas comparable à celle des possessions de luxe de Lady Kirke. Certains objets en céramique recouverts d'une glaçure à l'étain, une paire de boutons de manchette et les fragments d'un manteau comportant des boutonnières brodées pourraient cependant valider l'hypothèse selon laquelle cette maison aurait appartenu à Lady Kirke.

Pot en céramique recouvert d'une glaçure à l'étain
Pot en céramique recouvert d'une glaçure à l'étain
Pot recouvert d'une glaçure à l'étain, communément appelé pot à onguent. Des artefacts comme celui-ci pourraient confirmer l'hypothèse selon laquelle Lady Kirke aurait vécu dans cette maison d'un habitant-pêcheur.
Avec la permission du Département d'archéologie, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Étant donné que la maison n'a été occupée que pendant une courte période, il est possible que Lady Kirke n'ait pas eu le temps d'accumuler des objets de luxe. Il est possible qu'elle ait subi un revers de fortune au cours du dernier quart du siècle et qu'elle n'avait pas les moyens de se procurer des biens de valeur. Mais il semble plus plausible que James Yonge ait simplement situé la maison au mauvais endroit sur sa carte. Il y a lieu de croire qu'il a fait cette carte quelque temps après sa visite, notamment parce qu'il a également omis d'y dessiner le grand entrepôt situé au bord de l'eau et d'autres bâtiments qui existaient déjà en 1663. En fait, la maison en question n'a peut-être été construite qu'après la visite de Yonge.

Enfin, une chose est claire à propos des information précédentes. Peu importe ce que James Yonge a pu voir, se remémorer ou oublier au sujet de Ferryland, il a été visiblement impressionné par l'un des personnages inoubliables de l'endroit, Lady Sara Kirke.

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