Histoire des fouilles à Ferryland

Depuis plus d'un siècle, Ferryland fait l'objet de fouilles archéologiques de toutes sortes. Nous savions depuis longtemps que la colonie d'Avalon et la Pool Plantation étaient situées quelque part à Ferryland, mais on a douté de leur emplacement précis jusque dans les années 1980.

À la fin du 19e siècle, des antiquaires locaux ont déterré quelques objets anciens dont une cuillère pour tabac à priser en argent gravée des initiales S.K., ce qui a été considéré comme une preuve qu'elle avait jadis appartenu à Lady Sara Kirke. Cet objet a malheureusement disparu et on ignore toujours où il se trouve aujourd'hui.

Dans les années 1930, le docteur Brooks, un entomologiste du Carnegie Institute de Pittsburgh (certains résidents se souviennent encore de celui qu'on surnommait le bug doctor) a mené des recherches à Ferryland. Il s'est également intéressé à la colonie de Baltimore et, avec l'aide de la population locale, il a procédé à des fouilles de courte durée. Il est arrivé à la conclusion qu'Avalon était situé à l'extrémité ouest d'un tomolo reliant l'île à la région des Downs de Ferryland. Les Downs sont situés tout près du centre des visiteurs de la Colony of Avalon Foundation et du laboratoire d'archéologie.

À la fin des années 1950, Russell Harper a mené d'autres fouilles, principalement dans un carré de 1,5 mètre (5 pieds) de profondeur, sur un terrain adjacent à la rive sud de la Pool Plantation, là où on connaissait l'existence d'un arrière-port protégé depuis au moins le 17e siècle. Harper a récupéré des objets en céramique, des clous en fer, du verre à bouteilles et d'autres artefacts, ce qui lui a permis de conclure que le site du manoir de Lord Baltimore ne se trouvait pas là où Brooks l'avait cru mais plutôt sur les rives de la Pool Plantation, au pied des Downs de Ferryland.

En 1968, l'Université Memorial (Memorial University of Newfoundland, dont le sigle est MUN) a effectué un échantillonnage près du site investigué par Harper. On est arrivé essentiellement aux mêmes conclusions même s'il n'est pas du tout certain que les artefacts provenaient réellement du « manoir » de Lord Baltimore ou d'un autre bâtiment d'Avalon.

Au milieu des années 1980, des fouilles plus importantes ont été menées par l'Université Memorial. La découverte d'une enclume de pierre bien conservée provenant d'une forge, des murs en ardoise de plus d'un demi-mètre de hauteur et une série de couches culturelles de plus d'un mètre de profondeur contenant des milliers d'artefacts ont confirmé les conclusions antérieures relatives à l'emplacement de la colonie d'Avalon. Ces découvertes ont aussi démontré que le site était plus large, beaucoup plus riche et mieux préservé que tout ce qu'on avait pu espérer. À certains égards, cela laissait présager un avenir à long terme fort intéressant pour les fouilles archéologiques menées à Ferryland, mais les perspectives étaient toutefois moins réjouissantes à court terme. Le site était si grand, si riche et si bien préservé qu'il allait de soi que des ressources considérables seraient nécessaires en matière de temps, de financement et de personnel afin de pouvoir rendre justice à un lieu historique d'une telle envergure. Les recherches ont été suspendues à l'automne 1986 et le site d'excavation a été rempli en attendant une conjoncture plus favorable.

Ce moment est enfin arrivé en 1992 grâce à une entente fédérale-provinciale qui a permis la reprise des travaux. L'ampleur des fouilles était pleinement justifiée étant donné l'importance du site. Depuis ce temps, d'autres fouilles ont eu lieu chaque été, parfois pendant vingt semaines consécutives. Les travaux archéologiques sont facilités par la présence, à environ 500 mètres (1640 pieds) du site, d'un laboratoire de conservation doté du personnel et de l'équipement nécessaires. Ces fouilles régulières donnent des résultats qui viennent confirmer l'évaluation initiale que les spécialistes avaient faite à l'égard de ce site, et chaque été nous apporte son lot de nouvelles découvertes.

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