Exploration et colonisation
La région de Terre-Neuve et du Labrador est le premier secteur de la côte atlantique de l'Amérique du Nord que les Européens aient exploré, mais l'un des derniers qu'ils aient colonisé et officiellement habité. Arrivés vers l'an 1000, les Vikings du Groenland y ont fondé des petits établissements au cours du siècle suivant. Certains récits mythiques mentionnent que d'autres Européens auraient débarqué sur l'île par hasard au cours du Moyen-Àge. Chose certaine, John Cabot a bien exploré la région et en a pris possession en 1497 au nom des Tudor d'Angleterre. Peu après, les pêcheurs de l'ouest de l'Europe se sont mis à fréquenter régulièrement les Grands Bancs durant les mois d'été.
Il a toutefois fallu attendre au milieu du XVIIIe siècle pour qu'une population plus importante vienne s'établir à Terre-Neuve en permanence et commence à connaître une croissance naturelle. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle que les grandes institutions sociales de l'église et de l'état se sont implantées. Cette réticence des empires maritimes européens à occuper la région malgré l'importance capitale qu'ils lui ont très tôôt accordée est une des grandes caractéristiques de l'histoire de la province.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux villages ont été fondés sur la côte terre-neuvienne, surtout par les Anglais et les Français. Certains, comme Cupids et Ferryland, ont été planifiés par les autorités; d'autres ont été fondés spontanément par des pêcheurs qui ne voulaient pas rentrer en Europe durant l'hiver
Dans les deux cas, le soutien des gouvernements européens à ces colonies est resté mitigé. Une combinaison de sols peu fertiles et de raids des pirates a empêché les colonies de Terre-Neuve de grandir au même rythme que celles du continent. Ce n'est qu'après 1760 que le bouleversement des campagnes de pêche européennes imputable aux révolutions française et américaine et aux guerres napoléoniennes a rehaussé l'attrait de la région comme lieu d'émigration permanente. Des colons du sud-ouest de l'Angleterre et du sud-est de l'Irlande sont venus s'installer durant cette période et ont constitué à Terre-Neuve et au Labrador le noyau d'un mélange ethnique qui s'est perpétué jusqu'à aujourd'hui.