Depuis la « Découverte » jusqu'au traité d'Utrecht (1713)

Les îles de Saint-Pierre et Miquelon ont été officiellement découvertes par le navigateur portugais Joãn Álvares Fagundes le 21 octobre 1520. Il est probable que les pêcheurs basques et français aient déjà utilisé l'archipel et lui aient déjà conféré son nom actuel. Chose certaine, Jacques Cartier, qui avait fait escale sur les îles à son retour en France durant son second voyage en 1536, les avait appelées Saint-Pierre.

Les riches fonds de pêche voisins des îles attiraient les pêcheurs européens qui y faisaient l'aller-retour au gré de la saison de pêche. Si la tradition veut que les premiers colons y soient apparus au début du 17e siècle, les premières preuves d'une telle présence datent plutôt de la deuxième moitié de ce siècle. Une population de résidents y a graduellement pris pied lorsque des équipages de pêcheurs se sont mis à y hiverner pour entretenir les installations utilisées pour la pêche migratoire. La première référence à ces colons apparaît dans un document de 1670, où il est relevé que Jean Talon, l' intendant de la Nouvelle-France, y a fait escale et y a recensé treize pêcheurs et quatre habitants sédentaires.

Jean Talon (1625-1691), s.d.
Jean Talon (1625-1691), s.d.
Talon a été le premier intendant de la Nouvelle-France.
Gravure de Théophile Hamel. Extraite de Chapais, Thomas, Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France, Imprimerie de S.-A. Demers, Québec, 1904, p. 2.

Graduellement, avec l'encouragement des marchands français, des administrateurs de Plaisance et de l'évêque de Québec, Saint-Pierre a commencé à croître. Trois familles y ont été recensées en 1687, une chapelle y a été construite en 1689, et un petit poste militaire y a été établi en 1690. À cette époque, Saint-Pierre était devenu le principal centre de ravitaillement et de services pour la côte sud de la péninsule de Burin et, vers l'ouest, jusqu'aux baies d'Espoir, de Fortune et d'Hermitage, où s'étaient établis un petit nombre de pêcheurs français, et décrites dans des documents français comme des « bayes dépendantes » de Saint-Pierre.

Une telle croissance n'a pas manqué d'alerter les ennemis de la France, qui ont attaqué Saint-Pierre à plusieurs reprises durant les conflits entre 1689 et 1713. En 1708, les tensions causées par ces attaques ont contraint les habitants à abandonner les îles. Lorsque le traité d'Utrecht (1713) a mis un terme à ces conflits, la France a abandonné ses droits non seulement sur Terre-Neuve, mais aussi sur Saint-Pierre, Miquelon et les îles voisines. Au cours des 50 années suivantes, Saint-Pierre va être une possession anglaise, dont même le nom sera anglicisé en « St. Peter's. »


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