Les premières cartes de Terre-Neuve et du Labrador

Les cartes de l'hémisphère occidental (ou du Nouveau Monde) des premiers explorateurs européens illustrent avec plus ou moins d'approximation Terre-Neuve et le Labrador. Ainsi, la représentation de l'île fluctue énormément au cours des siècles d'exploration. Ces pages Web (en anglais seulement) en présentent plusieurs exemples. Les cartes dessinées par Juan de la Cosa et Alberto Cantino sont parmi les anciennes à représenter quelques parties que ce soit de Terre-Neuve et du Labrador.

Carte d'Alberto Cantino, 1502
Carte d'Alberto Cantino, 1502
La carte d'Alberto Cantino est la toute première carte de l'Amérique dûment datée. La région du centre du littoral atlantique désignée Terra del Rey de Portugall est la plus ancienne représentation de Terre-Neuve et du Labrador. L'original est conservé à la Biblioteca Estense à Modène en Italie.
Reproduit avec la permission des Archives nationales du Canada.
La carte de Juan de la Cosa, Mappa Mundi, vers 1500
La carte de Juan de la Cosa, Mappa Mundi, vers 1500
Juan de La Cosa, un pilote et cosmographe basque espagnol, dessine cette carte peu après 1500. La Santa Maria, le vaisseau qui mène Christophe Colomb en Amérique en 1492, lui appartient. Juan de la Cosa accompagne Christophe Colomb pendant ses deux premières expéditions. Il poursuit son exploration du littoral américain jusqu'en 1504 et en réalise la cartographie. Sa carte comprend les renseignements les plus récents sur les découvertes faites par les Espagnols dans les Caraïbes et l'Amérique du Sud. Cinq drapeaux royaux anglais longent un large territoire, qui semble être la côte nord-américaine, avec la légende mar descubierta por inglese (mer découverte par les Anglais).
Description tirée de The Great Explorers: The European Discovery of America, Samuel Eliot Morison, Oxford University Press, New York, © 1978, p. 37. Image tirée de The Discovery of North America, W. P. Cumming, R. A. Skelton et D. B. Quinn, McClelland and Stewart Limited, Montréal, © 1971, p. 36. Avec la permission du Museo Naval de Madrid, Madrid.

Les cartes datant des débuts du 16e siècle

La carte de Juan de la Cosa est importante, car elle est la seule indiquant les découvertes de Jean Cabot. Elle remonterait à l'année 1500. La carte d'Alberto Cantino dûment datée de 1502 est la plus ancienne qui montre l'Amérique (et donc Terre-Neuve). Ces deux cartes dessinées à la main sur du cuir sont des portulans, c'est-à-dire des cartes marines. Les flèches de direction ou relèvements au compas de ces cartes permettaient aux marins de s'orienter en mer. Elles sont les ancêtres de nos cartes marines contemporaines sophistiquées.

Les plus anciennes cartes terrestres et marines représentent Terre-Neuve sous la forme d'un regroupement d'îles. La carte de Pierre Desceliers, qui date de 1546, et celle de Giacomo Gastaldi, qui remonte à 1556, en constituent de bons exemples. Cette dernière fait d'ailleurs partie d'un ouvrage publié par Giovanni Battista Ramusio. Pierre Desceliers a enjolivé sa carte de nombreuses illustrations associées à la pêche et à la chasse à la baleine, ainsi que de dessins d'animaux parfois fantaisistes. Les deux cartes illustrent déjà l'intérêt que suscite la pêche dans cette partie du monde.

La carte du monde de Pierre Desceliers, 1546
La carte du monde de Pierre Desceliers, 1546
L'original est conservé à la bibliothèque John Reylands à Manchester en Angleterre. Cette carte est enjolivée d'illustrations sur la pêche et la chasse à la baleine. Elle représente Terre-Neuve sous la forme d'un groupe d'îles. Ici, le sud se situe à l'extrémité supérieure de la carte et propose un angle d'observation intéressant.
Reproduit avec la permission des Archives nationales du Canada.
Une reproduction datée de 1556 de la carte dessinée par Giacomo Gastaldi en 1548
Une reproduction datée de 1556 de la carte dessinée par Giacomo Gastaldi en 1548
Cette carte de 1556 s'inspire largement de celle de Giacomo Gastaldi remontant à 1548. C'est la première carte imprimée illustrant plus en détail la côte est du Canada et des États-Unis. L'exemple ci-dessus montre Terre-Neuve sous la forme d'îles.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Détail fascinant, une longue zone mince et pointillée serpente à l'extrémité inférieure de la carte. En son centre s'insère un carré avec la légende Isolla della rena. Cette zone semble associée aux Grands Bancs ou au Gulf Stream. Le Labrador est présent sur les deux cartes mais celle de Pierre Desceliers en dépeint une plus grande partie.

La fin du 16e siècle et le début du 17e siècle

À la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle, les cartes montrent Terre-Neuve comme une seule et même île, mais au départ sous une forme triangulaire telle la représentation qu'en donne Barent Langenes, pourtant l'une des premières à décrire Terre-Neuve avec plus d'exactitude. À l'exemple de celle de Giacomo Gastaldi, elle comporte une longue zone pointillée qui correspond probablement aux Grands Bancs ou au Gulf Stream.

La carte de Barent Langenes, 1602
La carte de Barent Langenes, 1602
Vers la fin du 16e siècle, les cartes commencent à représenter Terre-Neuve sous la forme d'une seule île. L'une d'entre elles s'intitule Terra Nova. Elle fait partie d'un petit atlas publié en 1602 par Petrus Bertius. Elle est parmi les premières qui illustrent Terre-Neuve avec une certaine exactitude.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

La carte de John Mason, datée de 1625, est l'une des plus anciennes représentations relativement précises de l'île. William Vaughan l'a d'ailleurs intégrée à un de ses ouvrages. Cette carte, tout comme celle de Pierre Desceliers, situe le sud et non le nord à l'extrémité supérieure du document. La carte que réalise Joan Blaeu en 1663 est parmi les plus anciennes à intégrer à la fois le Labrador et Terre-Neuve. Les Grands Bancs y sont plus facilement reconnaissables. L'île possède une forme triangulaire allongée qui écrase, en quelque sorte, la péninsule d'Avalon.

La carte de Terre-Neuve de John Mason, vers 1617
La carte de Terre-Neuve de John Mason, vers 1617
La carte de John Mason est l'une des plus anciennes représentations relativement précises de l'île. Elle est publiée dans un ouvrage de William Vaughan. Cette carte, tout comme celle de Pierre Desceliers, situe le sud et non le nord à l'extrémité supérieure du document.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.
La carte de Joan Blaeu représentant Terre-Neuve et le Labrador, 1663
La carte de Joan Blaeu représentant Terre-Neuve et le Labrador, 1663
La carte que réalise Joan Blaeu en 1663 est parmi les plus anciennes à intégrer à la fois le Labrador et Terre-Neuve. Les Grands Bancs y sont plus facilement reconnaissables. L'île possède une forme triangulaire allongée qui écrase, en quelque sorte, la péninsule d'Avalon.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

La fin du 17e siècle

Vers la fin du 17e siècle, le cartographe français Alexis Jaillot publie plusieurs exemplaires d'une carte qui illustre la presque totalité de l'île de Terre-Neuve et le Labrador au complet. La topographie y est peu détaillée, et la carte comporte un nombre limité de repères toponymiques.

La carte d'Alexis Jaillot, fin du 17e siècle
La carte d'Alexis Jaillot, fin du 17e siècle
Vers la fin du 17e siècle, le cartographe français Alexis Jaillot publie plusieurs exemplaires d'une carte qui illustre la presque totalité de l'île de Terre-Neuve et le Labrador au complet. La topographie y est peu détaillée. La carte comporte un nombre limité de repères toponymiques, mais indique l'étendue de l'exploration à cette époque.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Les cartes du 18e siècle

Au 18e siècle, l'exploration des bancs de pêche se poursuit et se traduit par une meilleure connaissance de ces lieux. Herman Moll publie un grand nombre d'exemplaires d'une carte comprenant une annotation relative au traité sur les droits de pêche conclu avec la France. Des formes en pointillé représentent les bancs de pêche.

La carte d'Herman Moll, vers 1747
La carte d'Herman Moll, vers 1747
Au 18e siècle, l'exploration des bancs de pêche se poursuit et se traduit par une meilleure connaissance de ces lieux. Herman Moll publie un grand nombre d'exemplaires d'une carte comprenant une annotation relative au traité sur les droits de pêche conclu avec la France. Des formes en pointillé représentent les bancs de pêche.
Reproduit avec la permission de Kurt Korneski . © 2016

Les atlas maritimes contiennent un bon nombre de cartes qui visent à faciliter la navigation des pêcheurs dans la région de l'Atlantique. L'une de ces cartes montre l'ensemble des territoires de Terre-Neuve et du Labrador. Elle remonte aux années 1730, et son auteur est John Thornton. La cartographie étayée par des levés de nature scientifique ne fait son apparition que dans le dernier quart du 18e siècle. Une des meilleures cartes représentant l'île date de 1775. Elle se fonde sur les observations de James Cook et Michael Lane. On y distingue en bonne partie la forme véritable de l'île.

La carte de John Thornton, dans les années 1730
La carte de John Thornton, dans les années 1730
Les atlas maritimes contiennent un bon nombre de cartes qui visent à faciliter la navigation des pêcheurs dans la région de l'Atlantique. L'une d'elles montre dans son ensemble les territoires de Terre-Neuve et du Labrador. Elle remonte aux années 1730, et son auteur est John Thornton.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.
La carte de James Cook, 1775
La carte de James Cook, 1775
La cartographie étayée par des levés de nature scientifique ne fait son apparition que dans le dernier quart du 18e siècle. Une des meilleures cartes représentant l'île date de 1775. Elle se fonde sur les observations de James Cook et Michael Lane. On y distingue en bonne partie la forme véritable de l'île.
Reproduit avec la permission du Centre des études terre-neuviennes, bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Les personnes intéressées à ce sujet noteront que les cartes anciennes associées à Terre-Neuve ont fait l'objet d'un grand nombre d'ouvrages. Parmi les auteurs, nous retrouvons Fabian O'Dea qui a rédigé un livre substantiel sur les cartes du 17e siècle et un autre sur l'ensemble des cartes associées à Terre-Neuve. Philip Burden et Kenneth Kershaw décrivent et illustrent en plusieurs volumes de nombreuses cartes du 16e siècle au 19e siècle représentant Terre-Neuve et le Labrador. Pour leur part, les Archives nationales du Canada ont déjà publié un ouvrage sur les cartes du 16e siècle sous la direction de Theodore Layng.

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