Exploitation minière avant et après l'arrivée des Européens
Il y a 7500 ans, les Autochtones de l'Archaïque maritime, premiers habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, extrayaient déjà des pierres de carrières locales. Avant l'arrivée des Européens, les indigènes réservaient ces pierres à des fins particulières : ils polissaient l'ardoise pour fabriquer des outils de travail du bois, faisaient éclater du chert pour obtenir des lames tranchantes et acérées, et sculptaient la stéatite pour en faire des récipients fonctionnels et des objets symboliques. Certains types de ressources minières, comme le chert rubané de la baie de Ramah, dans le nord du Labrador, étaient très recherchés. De fait, ce chert particulier a été retrouvé dans des sites archéologiques aussi éloignés au sud que dans le Maine, témoignant probablement d'un premier réseau de commerce des ressources minérales de la province.
Les premières découvertes de minerai par des Européens ont eu lieu à la fin des années 1550, lorsque des navires qui cartographiaient les nouveaux territoires et pêchaient au large des côtes ont ramené en Angleterre toutes sortes de récits et des échantillons de « minerai ». Durant les trois siècles suivants, un nombre phénoménal d'entreprises minières auront été financées : ingénieurs, gentilshommes, escrocs et aventuriers, alléchés par des rêves de fortune, se sont succédé pour rechercher et mettre en valeur les richesses minérales de la colonie.
Diverses découvertes dans le secteur de la baie Notre-Dame, particulièrement riche en affleurements de cuivre, ont stimulé la prospection sur d'autres parties du littoral. Les mines de cuivre de la péninsule de Baie Verte et de la baie Notre-Dame ont tellement fait parler d'elles que le gouvernement colonial a fait imprimer en 1897 un timbre de 5 cents montrant des mineurs au travail sous terre à la mine de Tilt Cove. Il s'agissait du premier timbre au monde illustrant une mine.

Ce n'est qu'après l'achèvement du chemin de fer à travers l'île, en 1897, que l'intérieur est devenu plus facilement accessible. En 1905, l'Anglo-Newfoundland Development Company a obtenu des droits exclusifs pour 99 ans sur les ressources forestières, aquatiques et minières d'un territoire de 6000 km2 entourant les lacs Red Indian et Victoria. Si cette compagnie s'intéressait surtout à l'industrie des pâtes et papiers, elle a aussi pris son mandat minier au sérieux. À partir de 1906, elle a évalué les affleurements de zinc et de plomb de la rive nord du lac Red Indian, pour finir par mettre en production les riches gisements de Buchans en 1927.

La ville minière de Buchans connaîtra 60 ans de prospérité jusqu'à la fermeture des opérations en 1984. La prospection de l'intérieur de l'île a révélé plusieurs petits affleurements prometteurs, bien qu'un autre Buchans reste à découvrir.


Comparé à la plupart des régions du Canada, Terre-Neuve-et-Labrador en est encore aux premiers stades de l'exploration minière. C'est particulièrement le cas pour l'ouest du Labrador, dont les riches gisements de minerai de fer, découverts durant les années 1880, n'ont pas été mis en valeur avant les années 1950. Entre Labrador City et la côte est s'étend une vaste étendue sauvage peu explorée.