Impacts des extrêmes climatiques
(1) Accumulation de glace prolongée (tempêtes de verglas)
Les longues périodes de pluie ou de bruine verglaçantes peuvent couvrir la végétation et tous les objets exposés d'une couche de glace qui atteint parfois plus de 5 cm d'épaisseur. Le poids considérable de ce givrage, en particulier s'il est accompagné de forts vents, crée une lourde charge sur les lignes, les pylônes et les conducteurs, dont la chute peut causer des pannes de courant. Dans une année moyenne, la neige fondante cause plus de 5 % de toutes les pannes et près de 12 % de toutes les minutes d'interruption par client.

En quelques rares années, de longues tempêtes de neige fondante ont paralysé le réseau électrique dans certaines régions de la province. Ainsi, du 11 au 14 avril 1984, une panne causée par un givrage atteignant 22 cm d'épaisseur a paralysé pendant quatre jours le nord-est de la péninsule d'Avalon, y compris l'île Bell, occasionnant des pertes de 10 millions de dollars au réseau et à ses clients. A la fin de mars 1958, une tempête de 43 heures avait aussi causé des pannes et des dommages dans la même région.
(2) Étés anormalement courts et humides
Le mauvais temps en été, caractérisé par de fréquentes averses, un ensoleillement limité et des températures bien en deçà des normales, est susceptible d'avoir des impacts négatifs sur l'agriculture (taux de croissance ralenti, récoltes peu abondantes et de mauvaise qualité), la sylviculture (taux de croissance réduit des jeunes plants), les loisirs de plein air (annulation de compétitions) et le tourisme (réduction des vacances non préméditées et des séjours de courte durée).

(3) Hivers anormalement doux et/ou à faible enneigement
L'insuffisance ou l'incertitude de l'enneigement sont clairement défavorables à la pratique des activités hivernales et aux entreprises qui en dépendent. En 1996, 1998 et 1999, des hivers relativement doux ont notamment déposé un manteau nival nettement sous les normales dans une large partie de l'île, accompagné de pluie et d'épisodes de fonte. Les conditions ont été fréquemment peu propices, voire inexistantes, pour le ski et la motoneige, en particulier dans les basses terres. Un hiver trop doux perturbe aussi les activités de coupe du bois : les camions lourdement chargés sont incapables d'emprunter les chemins forestiers rendus meubles et boueux faute de gel. Si le problème persiste, l'approvisionnement en bois des papeteries peut être ralenti ou interrompu, ce qui entraîne des périodes d'inactivité.
(4) Événements de forte pluviosité
Bien que Terre-Neuve ait rarement à subir les catégories les plus graves de déluges associés aux orages estivaux, de fortes averses peuvent durer de quelques heures à quelques jours dans certaines conditions atmosphériques. La probabilité de précipitations supérieures à la moyenne dans un nombre d'années donné (qu'on appelle « période de retour d'averses ») n'est raisonnablement bien connue que pour quelques endroits.
Les impacts négatifs de cette pluviosité incluent la saturation des sols au point où le ruissellement de surface, combiné à la pluie abondante, provoque le gonflement des cours d'eau, dont certains débordent et inondent les environs.


En temps normal, des dommages directs sont observés au pied des collines et près des berges submergées, et comprennent des sous-sols inondés, des routes, des ponceaux, des ponts et des accotements emportés par les eaux et des conduites d'eau endommagées. De tels cas ont été relevés à la rivière Flat Bay, au sud de Stephenville, à au moins deux reprises dans les années 1990, à la suite d'intenses averses de dépressions frontales; à Goulds, Mount Pearl et Manuels (dans le nord-est de l'Avalon), le 15 septembre 1996, quand la tempête tropicale Hortense a déversé de 70 à 80 mm de pluie en quelques heures; et dans la péninsule Burin et la baie de Bonavista, les 10 et 11 septembre 1995, englouties sous 100 à 130 mm de pluie en 24 heures par la tempête tropicale Luis.
(5) Fortes pluies associées à une fonte rapide des neiges
Des inondations dangereuses peuvent se produire lorsqu'une averse extrême et du temps doux provoquent une fonte rapide et substantielle des neiges. Cette situation s'observe particulièrement dans les aires de captage de rivières importantes aux grands bassins hydrographiques en hautes terres qui favorisent la rétention de neiges épaisses et l'amplification orographique de l'intensité de l'averse. Le centre-sud de l'île a vécu un cas exceptionnel de ce phénomène entre le 12 et le 14 janvier 1983 : plus de 200 mm de pluie ont déferlé sur une vaste zone de hautes terres depuis le fond de la baie d'Espoir (près du village de Milltown-Head of Bay d'Espoir) vers le nord jusqu'au cours supérieur du nord-ouest de la rivière Gander, y compris les affluents du sud de la rivière des Exploits, provoquant en aval des inondations responsables des plus graves dommages jamais relevés dans la province.

Une bonne part de la pluie s'est produite en association avec la zone tiède d'un système dépressionnaire en creusement vers le sud, qui a aussi injecté de l'air très doux dans la région les 13 et 14 janvier (maximums supérieurs à 10° C).

L'impact de cette averse exceptionnelle a été aggravé par la fonte rapide du couvert nival, qui dépassait les 40 cm dans le nord de la région affectée.

Les impacts ont été les plus forts en aval de la rivière des Exploits, en particulier à Bishop's Falls, où l'inondation a causé des dommages sans précédent de plus de 33 millions de dollars, affectant de nombreux bâtiments, les installations hydroélectriques de l'Abitibi-Price, des sites récréatifs, des routes et des réseaux d'aqueduc et d'égout.


(6) Avalanches
Les dangers potentiels des chutes de pierres, des glissements de terrain et des avalanches de neige dans l'île et au Labrador sont de plus en plus reconnus. Les conditions atmosphériques sont souvent des facteurs critiques du déclenchement de tels phénomènes.


Pour ce qui est des avalanches de neige, certains des cas les plus connus à survenir dans la province ont été immédiatement précédés de chutes de neige très abondantes et de forts vents, provoquant de dangereuses accumulations de neige sur des pentes abruptes. On en recense des exemples dans le quartier Battery, à St. John's, à l'aube du 16 février 1959, au lendemain d'une chute record de 81 cm de neige; et à Blanc Sablon, sur la côte du détroit du Labrador, à l'aube du 10 mars 1995, peu après un long blizzard qui avait alourdi un enneigement de fin d'hiver déjà considérable.