Bassins versants

On appelle bassin versant, ou aire de captage, le territoire qui concoure à l'alimentation d'un même réseau fluvial, ou hydrographique. Le gros des précipitations qui tombent sur un bassin versant finissent par atteindre une rivière principale pour s'écouler dans la mer. Une ligne de partage des eaux, de chaque côté de laquelle l'eau s'écoule vers des bassins distincts, forme le périmètre d'un bassin versant. Les caractéristiques d'une telle aire, soit son étendue, sa forme, son couvert végétal, ses sols et sa fondation rocheuse, règlent la rapidité avec laquelle l'eau de pluie atteint une rivière principale, ainsi que la fréquence et l'ampleur des inondations.

Schéma d'un petit bassin versant (de drainage/captage) typique à Terre-Neuve-et-Labrador
Schéma d'un petit bassin versant (de drainage/captage) typique à Terre-Neuve-et-Labrador
Le cours d'eau principal, qui coule en direction O.-S.-O., est alimenté par de petits affluents, par l'écoulement descendant de l'eau de surface et de l'eau souterraine, et par les sources qui suintent sous sa surface (non illustrées). Les affluents s'écoulent de petits étangs qui occupent des dépressions érodées dans le substrat rocheux par la glace de l'ère glaciaire, ou de cavités dans les sédiments glaciaires. Les terres humides se sont formées dans d'autres dépressions.

Le passage des glaciers a aussi produit d'autres reliefs. La forme allongée et plutôt régulière du plus grand des étangs (un lac) est typique de l'érosion glaciaire concentrée dans une vallée préglaciaire. L'érosion à grande échelle produite par la nappe glaciaire a arraché le sol et altéré le rocher, exposant le substrat rocheux en affleurements. Certains de ces affleurements sont en altitude, près de la ligne de partage des eaux; d'autres peuvent être semés dans le cours d'eau, donnant lieu à des chutes ou à des rapides. L'érosion glaciaire sur la ligne de partage des eaux a créé une dépression aujourd'hui occupée par un lac qui s'écoule dans deux directions, soit vers le bassin versant et vers l'aire de captage adjacente.

Lexique
Ligne de partage des eaux : limite entre un bassin versant (de drainage/captage) et le bassin adjacent.
Écoulement descendant : mouvement descendant de l'eau, soit à la surface ou près de la surface.
Chute ou rapides : accentuation de la pente d'un cours d'eau au-dessus d'un affleurement du substrat rocheux.
Lac dans un bassin de vallée glaciaire : plan d'eau naturel emplissant un bassin de vallée érodé par la nappe glaciaire dans le substrat rocheux.
Cours d'eau principal : le cours d'eau dans lequel toute l'eau de surface dans l'aire de captage finit par s'écouler.
Étangs : petits plans d'eau.
Affleurement rocheux : substrat rocheux à la surface, normalement laissé par l'érosion des glaciers.
Affluent : cours d'eau qui alimente un cours d'eau plus important.
Terre humide : bog, fen ou marais; zone peu drainée où les restes de plantes peu décomposées se sont accumulés pour former de la tourbe.

Schéma tiré de The Natural Environment of Newfoundland, Past and Present. Sous la direction de Macpherson, Alan G. et Brown Macpherson, Joyce: Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L. p. 184. © 1981 MUNCL. Adapté et colorié par Duleepa Wijayawardhana.

À Terre-Neuve-et-Labrador, les aires de captage sont surtout typiques de régions au substrat rocheux résistant sur lequel le passage des glaciers a créé une abondance de lacs et de terres humides et des pentes variables. Deux types de plans d'eau sont communs : les lacs, plus grands et profonds, créés dans des vallées glaciaires, comme le lac Western Brook, dans l'ouest de l'île de Terre-Neuve; et les étangs, petits, peu profonds et de forme irrégulière, qui occupent des cavités creusées dans le substrat rocheux par le passage des glaciers ou créées à la surface irrégulière des sédiments glaciaires. Les barrages formés par l'assemblage naturel de sédiments glaciaires, fluviaux ou marins, même par des digues de castor, créent aussi des étangs.

Les lacs glaciaires (qui occupent les creux résultant de l'érosion par un glacier), ordinairement longs et étroits, reflètent les caractéristiques du substrat rocheux local (p. ex. les failles) et la direction du passage des glaciers. Tous les grands lacs de la province ont été formés de cette façon. Des barrages artificiels ont contribué à agrandir d'autres lacs, notamment les lacs Red Indian et Grand, sur la côte ouest de l'île.

L'inclination variable d'un bassin versant s'observe le mieux le long du cours d'une rivière; les pentes les plus fortes créent des rapides ou des chutes, tandis que les reliefs peu accentués favorisent la création de bassins ou de zones de courants lents appelées fosses. Les chutes les plus impressionnantes sont formées lorsque les cours d'eau émanant de lacs en gradins s'écoulent depuis des hauteurs considérables, comme c'est le cas au lac Western Brook. L'énergie d'un cours d'eau s'écoulant de telles hauteurs peut être captée pour produire de l'hydroélectricité : les chutes Churchill, au Labrador, celles du lac Deer, dans l'ouest de Terre-Neuve, et les chutes Grand, au centre de l'île, sont toutes utilisées pour produire de l'hydroélectricité.

Les reliefs irréguliers créés par le passage des glaciers ont créé par endroits dans un bassin versant des cavités mal drainées où se forment les terres humides (bogs, fens et marais). À ces endroits, l'engorgement empêche la décomposition des plantes mortes, dont l'accumulation forme de la tourbe. Le sud de la péninsule d'Avalon, aux précipitations très abondantes, est couvert de vastes terres humides où s'établissent des tourbières oligotrophes en couverture (blanket bogs).

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