La télégraphie

Le premier réseau télégraphique à Terre-Neuve a été créé dans le cadre d'un plan visant à y faire atterrir un câble transatlantique. En vertu d'une législation adoptée en 1851, une première compagnie, fondée par F. N. Gisborne, était chargée d'installer des lignes télégraphiques entre St. John's et Trepassey, ainsi qu'entre St. John's et Carbonear; cette dernière ligne serait en opération dès mars 1852.

En 1854, la New York, Newfoundland and London Telegraph Company obtenait un monopole de 50 ans sur la télégraphie à Terre-Neuve, monopole qui serait plus tard transféré à l'Anglo-American Telegraph Company (AAT). Cependant, ce contrat avec l'AAT autorisait le gouvernement colonial à fournir des services de télégraphie dans des régions de l'île jugées non rentables par la compagnie, autrement dit partout, sauf dans la péninsule d'Avalon. En 1867, l'AAT gérait des lignes reliant St. John's, Carbonear, Trepassey (avec deux embranchements vers les phares de Cape Spear et de Cape Race), Heart's Content, Old Perlican et Placentia.

Bureau de télégraphe, Heart's Content, 1866
Bureau de télégraphe, Heart's Content, 1866
En juillet 1865, un câble sous-marin a été posé avec succès entre Valentia, en Irlande, et Heart's Content.
Croquis de Robert Dudley. Tiré de Newfoundland: a Pictorial Record. Charles de Volpi, Longman Canada Limited, Sherbrooke (Quebec), 1972, p. 108.

Premier contrat d'exploitation

Dans ce premier contrat de télégraphie, le gouvernement s'était réservé le droit d'annuler le monopole après 20 ans, mais il a décliné cette option en 1874. Deux ans plus tard, il annonçait son intention d'étendre le service à des régions où la compagnie n'en offrait pas. Construit en exécution d'un marché avec AAT, le système gouvernemental a été confié à Alexander M. Mackay, le directeur local d'AAT. En 1877, une ligne reliait Avondale à Trinity, Catalina et Bonavista; l'année suivante, une autre était posée de LaPoile à St. George's, Humbermouth et Tilt Cove. Pour un nouveau progrès, il a fallu attendre 1885, année où l'administration Thorburn a commandé deux nouvelles lignes : l'une de Shoal Harbour (baie Trinity) à Gambo et Greenspond, et l'autre de Long Harbour (baie Fortune) à Bay L'Argent, Burin et Fortune. En 1887, une autre ligne est venue relier Mint Brook (Gambo) à Fogo, aux îles Change et à Twillingate. Après avoir enquêté sur ce système public en 1892, Robert Bond, secrétaire de la colonie, concluait que sa comptabilité était désespérément enchevêtrée avec celle d'AAT, et même avec le compte personnel de Mackay.

À ce moment-là, toutefois, l'avenir du système public de télégraphie s'était trouvé associé au plan d'aménagement à travers l'île d'un réseau ferroviaire, dont la construction et les opérations seraient grandement facilitées par des liaisons télégraphiques. Lorsque la construction ferroviaire a repris à l'ouest de Whitbourne en 1890, le tracé a commencé par suivre les lignes publiques vers la péninsule Bonavista et Fogo. Un nouveau contrat de construction et d'exploitation signé en 1893 prévoyait que R. G. Reid construise, le long de « la totalité de la voie ferrée » (soit entre Whitbourne et Port aux Basques), une ligne télégraphique destinée à faire partie du réseau gouvernemental. Au gré de l'allongement du réseau télégraphique ferroviaire, les lignes locales des côtes nord et ouest ont choisi de s'y connecter plutôt qu'au réseau de l'AAT.

Gare de Whitbourne, s.d.
Gare de Whitbourne, s.d.
Un contrat signé en 1893 prévoyait que l'entrepreneur R. G. Reid construise une ligne télégraphique entre Whitbourne et Port aux Basques.
Avec la permission de la Division des archives et collections spéciales (Coll-137, 10.12.002), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Nouveau contrat d'exploitation

Une fois la phase de construction du réseau ferroviaire complétée en 1898, il a fallu signer son contrat d'exploitation, dont une des dispositions controversées donnait à Reid une option d'achat pour la somme de 125 000 $ sur l'ensemble du réseau de télégraphie du gouvernement, ainsi qu'un engagement d'exploitation de 50 ans, en retour d'une subvention annuelle de 10 000 $ jusqu'en 1904 (à l'expiration du monopole de l'AAC), puis sans subvention par la suite. Devant les réactions outragées de la population, un nouveau gouvernement, dirigé par Bond, a voulu renégocier le contrat. Reid a alors accepté de rétrocéder le réseau télégraphique, en retour d'une somme fixée par un arbitre. À la fureur de Bond, Reid a alors déposé une demande d'indemnisation de plus de trois millions de dollars; en 1905, l'arbitre allait lui attribuer 1,5 million de dollars.

Le plan global de réseau télégraphique public de Bond comprenait la construction, le long de la voie ferrée, d'une nouvelle ligne de transmission sur poteaux entre Port aux Basques et Whitbourne, qui serait éventuellement prolongée jusqu'à St. John's au terme du monopole, en 1904. Un câble public a aussi été posé à travers le détroit de Cabot, tandis qu'un nouveau ministère des Postes et du Télégraphe était créé pour fusionner les réseaux de la poste, du télégraphe et de la téléphonie naissante.

En vertu des conditions de l'Union de 1949 avec le Canada, les activités gouvernementales associées au télégraphe et au téléphone (ces dernières essentiellement limitées aux régions éloignées) ont été transférées au Canadien National et à sa filiale, Télécommunications Canadien National, qui a ensuite acheté les installations de Western Union à Terre Neuve, ainsi que quelques centraux téléphoniques privés dans le centre et l'ouest de l'île. En 1979, les activités télégraphiques ayant été supplantées par des technologies plus modernes, le CN a créé Terra Nova Tel pour prendre en charge ses activités à Terre Neuve. Newfoundland Telephone s'est ensuite porté acquéreur de Terra Nova Tel en 1988.

English version

Vidéo: Le câble télégraphique transatlantique (en anglais seulement)