La mine de la baie de Voisey

La mine de nickel, de cuivre et de cobalt de la baie de Voisey est située dans le nord du Labrador, à environ 35 km au sud-ouest de Nain. Le projet comprend une mine et une usine de concentration à la baie de Voisey, reliées à des installations portuaires dans la baie voisine d'Anaktalak, d'où le minerai est expédié. En outre, une usine de traitement a été construite à Long Harbour, dans la péninsule d'Avalon de l'île de Terre-Neuve. La construction a commencé en 2009 et l'usine est entrée en service en 2014.

Après avoir découvert le gisement en 1993, la société de prospection Diamond Resources l'a vendu en 1996 pour 4,3 milliards de dollars à la société minière Inco (aujourd'hui Vale Inco, après son acquisition par des intérêts brésiliens). Inco a entamé en 2002 des négociations avec le gouvernement provincial et des représentants des Innus et des Inuit du Labrador pour parvenir à une entente sur l'exploitation de ce gisement. Les opérations minières ont commencé en 2005.

À cette mine à ciel ouvert, les mineurs extraient le minerai de gisements qui affleurent à la surface. Une fois ces réserves récupérées, Vale Inco prévoit poursuivre la mine sous terre. La société a aussi construit l'usine de Long Harbour, dans la baie Placentia, où le minerai de la baie de Voisey est expédié pour y être transformé. Cette installation a recours au traitement hydro-métallurgique, qu'Inco a mis à l'essai dans une petite usine de démonstration, construite et exploitée entre 2004 et 2008 dans la collectivité voisine d'Argentia. L'hydro-métallurgie est un nouveau procédé qui utilise de l'eau, de l'oxygène et d'autres substances pour dissoudre les métaux précieux du minerai brut. À la différence de la fusion, l'hydro-métallurgie ne libère pas d'anhydride sulfureux et de poussières toxiques dans l'environnement.

Les activités d'extraction, de transformation, de construction et de transport maritime associées au projet de la baie de Voisey en ont fait un important employeur au Labrador et autour de la baie Placentia. La majorité des travailleurs sont des résidants et bon nombre des travailleurs au Labrador sont des Innus ou des Inuit. Le gouvernement prévoit que l'exploitation de la baie de Voisey, qui devrait durer une trentaine d'années, rapportera quelque 20,7 milliards de dollars au produit domestique brut de Terre-Neuve-et-Labrador.

Découverte

En 1993, à la recherche de diamants pour la société Diamond Resources, les prospecteurs Al Chislett et Chris Verbiski ont découvert par inadvertance le vaste gisement de nickel, de cuivre et de cobalt de la baie de Voisey, l'une des plus riches concentrations de nickel de la fin du 20e siècle. Leur trouvaille a attiré l'attention de grandes compagnies minières internationales, y compris des canadiennes Falconbridge et Inco (qui deviendra Vale-Inco en 2006, après sa fusion avec la Companhia Vale do Rio Doce, une entreprise brésilienne).

Plusieurs raisons motivaient l'intérêt des sociétés minières pour la baie de Voisey. Ses réserves de cuivre, de nickel et de cuivre sont abondantes, à forte teneur et assez proches du port en eau profonde de l'anse Edward, dans la baie d'Anaktalak, pour permettre un transport relativement rapide du minerai aux usines de transformation en Ontario et dans l'île de Terre-Neuve. En outre, une part importante du gisement affleure à la surface et peut être extraite de mines à ciel ouvert, beaucoup moins coûteuses à aménager et entretenir que les mines souterraines, ce qui réduit de beaucoup les coûts de leur exploitation.

Finalement, c'est Inco qui s'est porté acquéreur des gisements de la baie de Voisey en 1996, pour 4,3 milliards de dollars. La société est alors entrée en négociations avec le gouvernement provincial, l'Association des Inuit du Labrador (AIL) et la Innu Nation pour obtenir des droits miniers. Elle a aussi complété un Énoncé des incidences environnementales pour l'Agence d'évaluation environnementale du gouvernement fédéral, par lequel elle convient de se conformer à diverses obligations associées à l'environnement, notamment la surveillance des niveaux de contamination près de la mine, le contrôle de la poussière soulevée par les travaux à ciel ouvert, la protection de l'intégrité des cours d'eau voisins et la préparation d'un plan de protection environnementale pour les ours noirs.

Négociations

Au moment de l'achat par Inco des gisements de la baie de Voisey en 1996, l'AIL et la Innu Nation étaient toutes deux engagées dans la négociation de revendications territoriales avec le gouvernement provincial qui incluaient la zone de la future mine. Avant d'accepter toute opération minière sur leurs terres, les deux peuples voulaient avoir leur mot à dire dans le processus. Dans le passé, les Autochtones du Labrador ont subi de sérieuses pertes socio-économiques dans la foulée d'activités industrielles menées sur leur territoire sans leur autorisation. Ainsi, en 1969, le barrage hydroélectrique des chutes Churchill a inondé de vastes secteurs des territoires innus sans que leurs habitants soient consultés, ou tout au moins compensés une fois les dommages constatés.

Dans ce contexte, Inco a dû négocier et signer des ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) avec l'Association des Inuit du Labrador et la Innu Nation. Ces documents constituent des contrats officiels avec les promoteurs industriels, où sont spécifiées les charges de chaque partie en matière d'emploi, de formation, de partage des profits et de protection environnementale, dans le but de protéger les intérêts économiques, sociaux et autres des groupes autochtones. En 2002, la Innu Nation et l'AIL (qui deviendra en 2005 le gouvernement du Nunatsiavut) ont toutes deux signé avec Inco des ERA qui assurent à leurs membres des emplois et des occasions de formation, ainsi que des redevances de la mine de la baie de Voisey.

La même année, Inco a aussi conclu avec le gouvernement provincial une entente qui l'oblige à embaucher des résidants qualifiés de la province pour travailler à la mine, dans l'usine et dans les autres installations avant de faire appel à des travailleurs de l'extérieur. Ainsi, au Labrador, les Innus et Inuit candidats ont la priorité, suivis des autres résidants du Labrador, puis de ceux de Terre-Neuve. Par ailleurs, les résidants de la baie Placentia ont la priorité pour les travaux de construction et d'exploitation des usines de transformation. En outre, Inco est tenu d'accorder aux entreprises locales qualifiées la préférence pour la fourniture des divers produits et services nécessaires à l'achèvement du projet.

Inco a aussi convenu de fournir aux résidants des occasions d'acquérir la formation qui leur donnera les compétences nécessaires pour travailler dans l'industrie minière. Dans le même esprit, Inco s'est engagé à consacrer 20 millions de dollars pour la construction et l'entretien du Centre d'innovation Inco, à la Memorial University, un établissement conçu en partie pour mener des recherches sur les technologies minières et métallurgiques.

Exploitation minière et transformation

Le projet minier a recours à diverses installations pour extraire, transporter et transformer le minerai. La mine et l'usine de concentration (aussi appelée concentrateur) de la baie de Voisey et les installations portuaires de transbordement de la baie d'Anaktalak sont au Labrador. Le minerai brut passe d'abord par le concentrateur qui le sépare en valeurs et en déchets. À la baie de Voisey, les travailleurs produisent deux types de concentrés : un concentré de cuivre et un concentré de nickel, de cobalt et de cuivre.

Dans un premier plan, ces concentrés voyageaient par camion jusqu'au quai de transbordement de l'anse Edward, dans la baie d'Anaktalak, à environ 11 km de la baie de Voisey. De là, ils étaient transportés par bateau à Québec, puis par train à la raffinerie de Sudbury, en Ontario. Inco a expédié en Ontario sa première cargaison de concentrés le 16 novembre 2005. Ceci dit, le raffinage du minerai à l'extérieur de la province n'était qu'une mesure temporaire : dès que fut achevé l'aménagement de l'usine de transformation de Long Harbour, dans la baie Placentia, tout le minerai de la baie de Voisey y était raffiné.

Le projet de la baie de Voisey a été une mine de nouveaux emplois pour Terre-Neuve-et-Labrador. La construction de la mine et du concentrateur a employé quelque 5000 personnes au Labrador. Ces installations ont besoin pour fonctionner d'environ 450 travailleurs; puis, quand débuteront les activités d'extraction souterraine, Vale Inco estime qu'il lui faudra embaucher 350 travailleurs additionnels pour porter à 800 personnes son effectif au Labrador. La construction de l'usine de Long Harbour, qui a duré quatre ans, employait quelque 1600 travailleurs au plus fort de ses activités. Une fois en opération, cette usine occupait autour de 450 travailleurs permanents. Quant à l'usine de démonstration d'Argentia, elle aura employé environ 200 travailleurs durant son exploitation.

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