La garnison de Plaisance

Tout au Çours de l'histoire de Plaisance, il n'y a pas un seul gouveneur qui ne se plaigne du manque de soldats ou encore de leur médiocrité. Il y a beaucoup de désertions, surtout chez des recrues que la métropole envoi de force ou sous de faux prétextes à Plaisance. Le recrutement militaire est d'ailleurs fort discutable. On compte souvent des nains et des invalides. La plupart des soldats ne veulent pas travailler aux fortifications. À la fin de 1693 la garnison compte une soixantaine de soldats contre 250 vers 1711. L'un des gouverneurs ayant passé à Plaisance, Brouillan, estime que la colonie a besoin d'au moins 300 militaires pour assurer une défense efficace.

Dessin représentant un soldat français vers 1705
Dessin représentant un soldat français vers 1705

De D.W. Prowse, A History of Newfoundland from the English, Colonial, and Foreign Records, 2nd edition (London: Eyre and Spottiswoode, 1896) 219.

Pour sa part, la milice est très peu intéressée par la guerre. Ses membres n'ont que peu de connaissance des armes à leur disposition. Quant aux habitants, à l'image des soldats, ols refusent de participer aux travaux de fortifications à moins d'être dédommagés. Pour plusieurs années, les officiers et les soldats de la garnison n'ont pour logement que des structures en piquets calefatés de mousse et recouverts d'écorces d'arbres.

Poudrière de la garnison de Plaisance Foyer dans le corps de garde
Les restes de la garnison de Plaisance
L'image de gauche est celle de la poudrière de la garnison alors que celle de droite représente le foyer dans le corps de garde.
Les deux photos sont de Edward Power. Reproduites avec la permission du ministère de l'Éducation, gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador, ©1982.

L'arrivée du gouverneur Daniel Auger de Subercase est bénéfique pour la garnison. En accordant des congés d'ancienneté à quelques soldats, il se débarasse des indisciplinés. Les soldats n'ont plus à payer leur uniforme, la participation mi'kmaq et la mise sur pied d'un groupe de corsaires renforce la garnison.

Effectifs militaires à Plaisance (les soldats seulement), 1663-1711

1667    150  1700      78
1687      25  1701      79
1692      40  1702    150
1693      60  1704    150
1694    100  1709    200
1695    120  1711    250
1696    150     

Source : Jean-Pierre Proulx, Histoire militaire de Plaisance (plusieurs pages)

Heureusement que la défense de la colonie ne repose pas uniquement sur la garnison. Celle-ci profite de la présence de corsaires -aussi appellés flibustiers- qui pratiquent la guerre de course, à partir de 1692. La France n'a alors pas les ressources militaires lui permettant de garantir la sécurité de ses colonies. Les corsaires ne sont actifs que lors des conflits et demeurent soumis à l'autorité royale. Les capitaines corsaires doivent déclarer leurs prises et partager leur butin avec les armateurs, leurs équipages et le Roi. Avec les officiers de la marine marchande, les armateurs, les administrateurs et les officiers royaux, les corsaires forment une petite élite socio-politique. La course est très intense durant les deux conflits de la période 1688-1712. Malgré sa petite taille, l'élite locale de Plaisance fournit d'excellents coraires tels les frères Joannis, Jacques et Michel Daccarette, de même que Jean-Baptiste Rodrigue. Selon les sources existantes, les corsaires de Plaisance réalisent au moins 63 prises de bateaux anglais durant les guerres entre la France et l'Angleterre.

Pierre tombale d'un pirate basque: Jean Svigaricipi.
Pierre tombale d'un pirate basque : Jean Svigaricipi.

Cette photo a été gracieusement fournie par John de Visser, à partir de la publication de Harold Horwood et John de Visser. Historic Newfoundland (Toronto : Oxford University Press ©1986.)

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