Migration anglaise

Terre-Neuve a connu trois types de migration en provenance du sud ouest de l'Angleterre : les migrations saisonnières, temporaires et permanentes. Les migrations saisonnières ont donné l'élan initial à l'établissement à plus long terme; peu à peu, des migrants venus s'installer temporairement allaient demeurer définitivement. On a rapporté qu'en 1714, les colons étaient des parents de migrants saisonniers et qu'ils venaient des mêmes régions. Des pêcheurs de l'ouest de l'Angleterre venus de Bristol et du Devonshire ainsi que d'autres Européens ont commencé à faire la pêche saisonnière de la morue sur les côtes de Terre-Neuve au 16e siècle et jusqu'au début du 19e siècle. La migration permanente ou l'immigration était constante, mais la plupart des Anglais et des Irlandais sont venus s'établir au cours d'une période de 50 ans entre les années 1789 et 1830.

Bristol, 1787
Bristol, 1787
Vue du port avec l'église Redcliff en arrière-plan.

Peinture de Nicholas Pocock. De Stanley Hutton, Bristol and its Famous Associations (Bristol: J.W. Arrowsmith, 1907) p. 21.

Les migrants saisonniers prenaient la mer au printemps, pêchaient à Terre-Neuve ou au Labrador et rentraient au pays à l'automne. Les migrants temporaires restaient quant à eux un hiver ou deux avant de regagner leur pays. Les migrations temporaires sont devenues étroitement liées à l'immigration puisqu'avec le temps, les migrants faisaient venir leur femme et leur famille ou se mariaient avec des femmes issues des familles des premiers colons (incluant des Autochtones dans certaines régions de la côte du Labrador) et venaient ainsi grossir les rangs de la population résidente ou permanente. Pendant plus de deux siècles, l'immigration n'était toutefois qu'un mince filet comparé aux flots de migrants saisonniers et temporaires. Les premières colonies anglaises étaient en effet caractérisées par la nette prédominance d'hommes, dont la plupart étaient des domestiques hivernants, de rares familles, et un fort taux de renouvellement de la population résidente.

Jusque dans les années 1780, la pêche était largement dominée par les migrants saisonniers venus d'Angleterre et d'Irlande. Une forte baisse de la pêche migratoire au cours des années 1790 et au début du 19e siècle due aux effets de la Révolution française et des guerres napoléoniennes a entraîné une augmentation de la population résidente et, avant le début des années 1830, elle avait plus que quadruplé pour atteindre près de 60 000 habitants. La représentation des Anglais, des Irlandais et des autres groupes ethniques au sein de la population résidente était à ce moment largement établie à la fois par région ainsi qu'à Terre-Neuve et au Labrador dans l'ensemble. Il est aussi important de mentionner que les habitants-pêcheurs de Terre-Neuve et leurs domestiques, dont bon nombre étaient alors nés au pays, étaient en mesure de produire pratiquement toute la morue préparée et salée nécessaire pour répondre aux besoins courants du marché, entraînant ainsi la fin de la pêche migratoire.

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