La pêche par les Français à Terre-Neuve au XVIIe siècle

Les activités de pêche par les Français à Terre-Neuve ont atteint leur apogée durant la première moitié du XVIIe siècle. Les Espagnols et les Portugais disparaissaient peu à peu de la scène, ne laissant pour seuls concurrents que les Anglais. Mais la flotte française était beaucoup plus grande; vers 1650, elle atteignait le double de la flotte anglaise (environ 500 navires contre 250).

Les Anglais étaient confinés à la « côte anglaise », secteur qui allait de Bonavista à Trepassey. Les Français concentraient leurs efforts sur deux grandes régions : le littoral au nord de Bonavista (appelé le petit nord); et la côte sud de l'île, qui comprenait la baie de Plaisance, Saint-Pierre et Miquelon et les baies et les bancs adjacents (appelée côte du Chapeau rouge). Les deux régions étaient surtout fréquentées par des pêcheurs bretons.

De plus, les Basques pêchaient dans le secteur situé entre Trepassey et la baie de Plaisance, sur la côte ouest et dans le détroit de Belle-Isle. Des navires français (souvent originaires de Normandie) pêchaient dans le golfe du Saint-Laurent, le long des côtes du Cap-Breton et de l'Acadie, ainsi que sur les Grands Bancs, en haute mer. La pêche sur les bancs (pêche errante), qui produisait la morue verte, était aussi importante que la pêche côtière, et occupait environ la moitié de la flotte.

Outre la pêche migratoire, les Français ont instauré une pêche coloniale (menée par des colons). Amorcée en 1605 à Port Royal, en Acadie, cette pratique a été la plus importante dans les colonies installées à Plaisance (Placentia) en 1660 et, après 1713, au Cap-Breton (île Royale).

Après 1660, la pêche par les Français s'est mise à décroître. La flotte diminuait (359 navires en 1686) et moins de ports s'y consacraient. Ce processus paraît avoir été déclenché par la décision des marchands de certains grands ports, notamment Nantes, Le Havre et Bordeaux, de se diversifier dans d'autres négoces, en particulier avec les îles sucrières des Antilles, qui se révélaient fort rentables. On remarque également à cette époque une diminution de la demande de poisson causée par la dépression économique : la morue était onéreuse, presque toujours plus que le boeuf; pour économiser, les gens ont cessé d'en manger les jours maigres, y substituant des oeufs et des légumes séchés.

À la fin du siècle s'est amorcé un long conflit qui allait opposer l'Angleterre et la France jusqu'au début du XIXe siècle. Impossible à contenir dans le seul continent Européen, cette rivalité s'est étendue à toutes les régions du monde où les deux nations étaient en contact : Antilles, Indes et Amérique du Nord. Plus que tout autre facteur, la guerre aura eu un impact négatif sur la pêche par les Français à Terre-Neuve.

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