Labrador

L'époque des Français jusqu'en 1763

Les Européens apprivoisent rapidement les côtes du Labrador dès qu'ils « découvrent » le Nouveau Monde. Les pêcheurs et les baleiniers français et basques naviguent dans les eaux du littoral méridional du Labrador à partir du 16e siècle. Par contre, ils ne se hasardent probablement pas jusqu'à la baye des Chateau. Ce sont plutôt les marins anglais, à la recherche du passage du Nord-Ouest, qui explorent véritablement la partie septentrionale du littoral. Au cours du 17e siècle, les baleiniers hollandais sillonnent également le littoral. D'ailleurs, leurs cartes de la région sont très importantes.

C'est aussi au 17e siècle que des marchands français quittent le Québec vers l'est en longeant la rive nord jusqu'à la côte sud du Labrador. Le gouvernement de la Nouvelle-France leur accorde alors des seigneuries ou concessions. Leurs principales activités sur la côte sont la pêche, la chasse aux phoques et le commerce avec les Innus et les Inuit. La côte bourdonne d'activité toute l'année et le cap Charles en marque la limite, quoique les Français aient poussé plus au nord.

Concessions françaises sur la côte du Labrador, 1680-1763
Concessions françaises sur la côte du Labrador, 1680-1763
Tiré de The Labrador Boundary, de Richard Budgel et Michael Staveley, Labrador Institute of Northern Studies, Happy Valley-Goose Bay, Memorial University of Newfoundland, 1987. Adaptation de la carte par Tina Riche.

En 1694, Louis Jolliet explore le littoral jusqu'à la latitude 56,8 ° N. Il décrit, pour la première fois, la topographie du littoral entre le cap Charles et la région appelée plus tard Zoar. En 1702, Augustin Le Gardeur de Courtemanche reçoit une concession dont la superficie globale s'étend de la région du Mingan jusqu'à la baie des Esquimaux (ou Kessessakiou), aujourd'hui l'inlet Hamilton. Il procède à l'exploration de sa concession, mais n'ouvre pas de poste de traite dans sa partie nord.

Signature de Louis Jolliet
Signature de Louis Jolliet
Tiré de Explorers and Travellers, de A. W. Greely, Scribner, New York, 1893.

En 1743, Louis Fornel entend bien faire du commerce dans cette région. Il revendique officiellement la baie des Esquimaux pour la France. Il laisse Jean Pilote et son fils avec des familles innues à l'emplacement actuel du village de North West River ou tout près. Les Pilote reviennent ensuite au Québec par les terres. Louis Fornel fait une demande pour l'obtention d'une concession. Sa superficie couvrirait un immense territoire s'étendant vers l'intérieur des terres à partir de la baie des Esquimaux. C'est à sa veuve que la concession est octroyée en 1749.

Charles de Beauharnois (1670-1749)
Charles de Beauharnois (1670-1749)
Charles de Beauharnois est le gouverneur de la Nouvelle-France de 1727 à 1746. Il est remplacé après la prise de Louisbourg par les Britanniques. En 1743, il confie à Louis Fornel le mandat d'explorer la baie des Esquimaux. Celui-ci nomme une grande île à l'embouchure sud de la baie, la pointe de Beauharnois.
Tiré de A Half Century of Conflict, de Francis Parkman, Little, Brown, Boston, 1901, vol. II.

À cette époque et surtout grâce aux Innus, les Français se familiarisent avec le sud de la péninsule du Labrador. Ils cherchent de possibles passages entre la Côte-Nord et les baies d'Hudson et James. L'établissement de la Compagnie de la Baie d'Hudson, fondée à Londres en 1670, les préoccupe. Les Européens connaissent relativement bien le littoral du Labrador, mais à peu près rien de l'arrière-pays. En 1717, le géographe Emanuel Bouman écrit que l'arrière-pays leur est inconnu. Il exagère à peine.

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