Jean Cabot

Nous disposons de peu de renseignements sur Jean Cabot ou Zuan Caboto, de son vrai nom. Nous ne connaissons même pas l'endroit et la date de sa naissance. Il a probablement vu le jour vers 1455 à Gaeta près de Naples. Son père est marchand.

Son nom est également associé à la ville de Gênes. Il y a peut-être vécu quelques années dans sa jeunesse. Jean Cabot habite Venise à partir de 1461 et en devient citoyen. En 1482, il épouse une Vénitienne, Mattea, et ils ont trois fils, Ludovico, Sebastiano et Sancio.

John Cabot
Jean Cabot
Détail d'une peinture « Le départ de Jean et Sébastien Cabot du port de Bristol pour leur première expédition en 1497. » Huile sur toile d'Ernest Board, 1906.
Tiré de The Book of Newfoundland, de J. R. Smallwood, Newfoundland Book Publishers, St. John's, 1937, vol. 1.

Marchand comme son père, Jean Cabot fait le commerce des épices dans les ports de la Méditerranée orientale. C'est donc un marin d'expérience. Les marchandises de grande valeur comme les épices, les soies, les pierres et métaux précieux sont transportés par voie terrestre ou par la mer Rouge et vendues en Europe. Les Vénitiens sont passés maîtres dans ce commerce.

En Espagne

Vers 1490, Jean Cabot et sa famille s'installent à Valence en Espagne. Pourquoi ? Probablement désire-t-il lui aussi se consacrer à la conquête de l'océan Atlantique comme son compatriote Christophe Colomb. Les Portugais mènent la charge de l'exploration. Les Espagnols s'y intéressent aussi. Les souverains de ces deux pays aspirent à découvrir de nouvelles voies maritimes vers l'Asie et ses richesses. Ils souhaitent contourner la Méditerranée et échapper au monopole des Italiens sur le commerce des épices. Ils ont également une autre raison. En cette époque très religieuse, les Européens entendent répandre le christianisme et juguler la propagation de l'islam.

Jean Cabot n'intéresse nullement les rois du Portugal et de l'Espagne. Les Portugais forgent leur propre route vers l'Asie. Ils longent le littoral africain et passent le cap de Bonne Espérance. Au retour de sa première expédition transatlantique en 1493, Christophe Colomb connaît un succès retentissant. Il atteint les Caraïbes qui, il est persuadé, font partie de l'Asie. L'Espagne croit enfin détenir son passage vers l'Orient.

L'appui de l'Angleterre

En 1494 ou 1495, Jean Cabot et sa famille s'installent à Bristol en Angleterre. Il fait une requête auprès de la communauté italienne de Londres, des marchands du port de Bristol et du roi Henri VII. Il a l'intention de gagner l'Asie en traversant l'Atlantique Nord par un passage plus à l'ouest. À son avis, ce passage l'amènera plus rapidement à destination que la route de Christophe Colomb qui se trouve plus au sud. Jean Cabot veut faire mieux que lui.

En Angleterre, il reçoit l'appui que le Portugal et l'Espagne lui refusent. Des banquiers italiens établis à Londres et les marchands de Bristol acceptent d'investir dans cette entreprise. Ces marchands financent déjà des expéditions de reconnaissance dans l'Atlantique Nord depuis le début des années 1480 à la recherche d'autres marchés. Pour certains historiens, des marins de Bristol ont peut-être déjà navigué au large de Terre-Neuve et du Labrador avant la venue de Jean Cabot.

Jean Cabot à Londres, s.d.
Jean Cabot à Londres, s.d.
Jean Cabot reçoit en Angleterre l'appui que lui ont refusé l'Espagne et le Portugal.
Illustration de Percival Skelton, tirée de Newfoundland, the Oldest British Colony de Joseph Hatton et M. Harvey, Chapman and Hall, Londres, 1883, p. 10

Ces voyages n'avaient aucun caractère officiel. Il en va autrement pour celui de Jean Cabot qui reçoit des mains d'Henri VII, le 5 mars 1496, des lettres patentes qui l'autorisent, lui et ses fils, à naviguer partout sur l'océan pour explorer et découvrir les îles, les pays, les régions ou les provinces des païens et des infidèles, et ce, dans toutes les parties du monde qui sont jusqu'à présent inconnues des chrétiens.

C'est au nom de la couronne anglaise que Jean Cabot effectue ses expéditions.

Sa première tentative en 1496 est un échec. C'est la lettre de John Day à Christophe Colomb, datée de 1497, qui nous le révèle. Ce marchand anglais qui commerce avec les Espagnols écrit que Jean Cabot a quitté le port avec un seul navire, que l'équipage et lui étaient en conflit, qu'il manquait de vivres et qu'il a dû affronter des intempéries. Il est donc revenu au port. L'année suivante, l'expédition de Jean Cabot se passe sous de meilleurs auspices.

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