James Cook

À la fin du 17e siècle, la connaissance du relief côtier de Terre-Neuve et du Labrador est relativement bonne, même si les cartes sont encore approximatives. L'arrière-pays de l'île et du Labrador reste, pour sa part, encore mal connu des Européens. Au cours du 18e siècle, la cartographie du littoral se précise. Certains aventuriers se risquent même à des incursions dans l'arrière-pays.

La guerre de Sept Ans prend fin en 1763. La partie nord-est de l'Amérique appartient maintenant à la Grande-Bretagne, y compris la Nouvelle-France. Pour une meilleure administration de ses territoires, le gouvernement britannique entend procéder à des levés topographiques. À Terre-Neuve, il veut particulièrement délimiter avec la plus grande précision possible les territoires de pêche dévolus aux Français. Ceux-ci comprennent la côte française, telle qu'entérinée par le Traité de Paris, entre le cap Bonavista et Point Riche, et les eaux territoriales de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon cédées à la France en 1763 comme base de pêche. Cette année-là, le gouvernement britannique nomme James Cook, de la Marine royale, (1728-1779) à titre d'expert maritime.

James Cook
James Cook
Tiré de James Cook, The Circumnavigator de John Murray, Londres, 1907.

Il avait déjà effectué un levé de la région située entre Carbonear et Harbour Grace dans la baie de la Conception, ainsi que du port de St. John's, de Bay Bulls et de Placentia (Plaisance). Pendant l'année 1763, James Cook cartographie Saint-Pierre-et-Miquelon avant la cession de cet archipel à la France. Il s'attaque ensuite à l'extrémité nord de la péninsule Great Northern. L'année suivante, il s'attarde au territoire qui sépare la baie Pistolet, à la pointe nord de l'île, et Point Ferrole. En 1765, c'est la région entre la baie de Plaisance et la baie d'Espoir sur la côte sud. Puis l'année d'après, il continue jusqu'à Burgeo, où il est témoin d'une éclipse solaire, et au cap Anguille sur la côte sud-ouest. En 1767, il termine la cartographie de la côte ouest et canalise plus particulièrement son attention sur la baie St. George, Port au Port, Port au Choix et la baie des Îles. Il remonte également la rivière Humber sur 24 km.

Le Resolution, le bateau du capitaine Cook
Le Resolution, le bateau du capitaine Cook
Tiré d'un dessin appartenant à la Royal Geographical Society.
Reproduit à partir d'une photo de Rischgitz. Tiré de James Cook, The Circumnavigator, John Murray, Londres, 1907.

Les cartes de Terre-Neuve de James Cook sont publiées entre 1765 et 1768. « Elles redéfinissent les normes britanniques en matière de levé hydrographique. » [traduction libre] (Glyndwr Williams, 1979) Elles sont d'une grande exactitude pour leur époque et aucun autre levé ne le surpasse pendant plus d'un siècle. Michael Lane, son collaborateur, prend la relève entre 1768 et 1775, car l'Amirauté britannique expédie James Cook dans le Pacifique en 1768. Les deux parviennent à cartographier le littoral de Terre-Neuve, de Griquet jusqu'au cap Bonavista, de même que le littoral du Labrador face au détroit de Belle-Isle.

James Cook a grandement influencé la toponymie de Terre-Neuve. Ainsi, des noms préexistants sont devenus officiels ou ont pris une tournure anglaise, par exemple Belleoram pour Bande l'Arier, Bonne Bay pour Baya Ederra, Sacred Bay pour baie de Sacre. Son propre nom désigne deux lieux géographiques de la baie des Îles (Cooks Cove et Cooks Brook) et un autre à la baie Pistolet, Cooks Harbour.

Il emprunte aussi les noms de ses vaisseaux, le Lark, le Pearl and Tweed, de rivières en Angleterre (la rivière Humber) et de ses supérieurs de la marine (Graves, Keppell, Hawke, Saunders). C'est à Unfortunate Cove qu'il a la malchance de se blesser à la main.

Sa réputation repose sur ses trois expéditions dans le Pacifique. C'est toutefois en Amérique du Nord, pendant la guerre de Sept Ans, puis à Terre-Neuve au cours des années 1760, qu'il devient véritablement cartographe et explorateur.

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