La forge de la colonie d'Avalon
En juillet 1622, le capitaine Wynne a rapporté à George Calvert que « la forge a été terminée au cours des cinq dernières semaines ». Il n'est pas étonnant que la forge ait été parmi les premiers bâtiments construits à Avalon.
Après le gîte et la nourriture, la forge était l'un des éléments les plus importants lors de toute tentative d'implantation d'une colonie permanente en Amérique du Nord. Presque tous les outils utilisés pour la menuiserie, la maçonnerie, la pêche, les semailles, les récoltes et l'élevage, de même que toute la quincaillerie nécessaire aux travaux de construction, étaient fabriqués et réparés par un forgeron. Ce métier était si important que parmi les 32 colons qui passaient l'hiver à Avalon, on comptait deux forgerons – Thomas Wilson et John Prater.
Prater et Wilson travaillaient dans un petit atelier d'environ 3,4 mètres (11 pieds) de large sur 5,2 mètres (17 pieds) de long. La rareté des terrains plats peut probablement expliquer pourquoi il a été mis au jour sur une rive fort escarpée à l'extrémité sud-ouest de la colonie. Même s'il ne subsiste aucune trace visible d'une forge à la surface du coteau, la différence notable entre le sol meuble jonché de scories qui recouvre la forge et le sous-sol composé presque entièrement de roche dure permet de déterminer facilement l'emplacement de l'atelier. Le plancher était recouvert d'une épaisse couche de scories, de battitures, de charbon, de charbon de bois, de ferraille et de divers autres artefacts.
Le haut-fourneau en pierre, les traces des poteaux qui supportaient le soufflet, la table de l'enclume et d'autres objets ont pu être identifiés clairement. Sur l'illustration suivante, on peut voir l'aménagement de la forge. Elle est très semblable aux forges qui existent encore de nos jours puisqu'il s'agit probablement de la disposition la plus ergonomique dans un espace de travail restreint.
Des outils et des artefacts découverts dans et autour de la forge indiquent que les forgerons d'Avalon offraient différents services. En plus de fabriquer la quincaillerie pour la construction et l'accastillage pour les bateaux, ils travaillaient comme armuriers, serruriers et maréchaux-ferrants, en plus de réparer les chaudrons en laiton, fondre des métaux, voire fabriquer des pierres à fusil avec le silex qui servait de ballast sur les bateaux en provenance de l'Angleterre.
Les forges étaient traditionnellement des lieux de rassemblement où les gens se rencontraient, bavardaient et participaient à diverses activités sociales. Il semble que la forge de Ferryland ne faisait pas exception puisque parmi les objets d'usage courant se trouvaient un grand nombre de pipes, de contenants pour boissons et de récipients à boire ainsi que d'autres artefacts témoignant des activités récréatives qui ont eu lieu dans l'ambiance chaleureuse de la forge.
