L'exploration aux 18e et 19e siècles

Les Européens continuent d'explorer Terre-Neuve et le Labrador au cours des 18e et 19e siècles. Les autochtones leur servent souvent de guides. Au début, ces explorateurs s'intéressent surtout au littoral. À la fin de la guerre de Sept Ans en 1763, le gouvernement britannique, qui s'apprête à entreprendre une réorganisation administrative de l'Amérique du Nord, confie à James Cook et Michael Lane le mandat de réaliser des levés topographiques exacts de toute l'île de Terre-Neuve et du détroit de Belle-Isle. Parallèlement, Joseph DesBarres effectue la cartographie de la Nouvelle-Écosse et Samuel Holland, celle de l'Île-du-Prince-Édouard. Le littoral du Labrador devient certes mieux connu, mais les cartes restent peu détaillées avant les années 1860. Les missionnaires de l'église moravienne amassent énormément d'information sur le nord du Labrador, qu'ils explorent entre l'emplacement actuel du village de Hopedale et la baie d'Ungava de 1765 à 1812.

Carte des missionnaires moraves, 1871
Carte des missionnaires moraves, 1871
Le premier établissement missionnaire est implanté sur la côte du Labrador à Nain en 1771. À partir de cet emplacement, les missionnaires moraves élargissent leurs activités au nord et au sud. Ils fondent une mission à Oka en 1776, Hopedale en 1782, Hebron en 1830, Zoar en 1865, Ramah en 1871 et Makkovik en 1896.
Carte dessinée par l'évêque L. T. Reichel et publiée à Berlin en 1871 par Leopold Kraatz. Reproduite avec la permission du Dr Hans Rollman, Département des études religieuses, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

L'exploration de l'arrière-pays du Labrador

Les commerçants français explorent l'intérieur des terres avant 1763. Les employés de la Compagnie de la Baie d'Hudson poursuivent cette équipée dans les années 1830. Ils établissent également une voie terrestre entre Ungava et l'inlet Hamilton. L'arrière-pays du Labrador attire aussi des aventuriers américains comme Leonidas Hubbard. Toutefois, la plupart d'entre eux laissent peu de traces utiles contrairement à Albert P. Low qui explore la majorité des terres intérieures dans les années 1890 et les cartographie pour la commission géologique du Canada. Tous ces explorateurs européens comptent sur l'aide des peuples autochtones, Inuit, Innus ou Inuit du Sud, qui y chassent et trappent depuis des siècles.

Mina Hubbard
Mina Hubbard
Mina Hubbard est la femme de Leonidas Hubbard, l'aventurier américain qui arrive au Labrador en 1903. Il entend traverser la péninsule, du village de North West River jusqu'à la baie d'Ungava. Il meurt de famine avant d'avoir terminé son expédition. C'est sa femme Mina qui se rend au Labrador en 1905 pour compléter elle-même cette expédition.

Tiré de A Woman's Way through Unknown Labrador: an Account of the Exploration of the Nascaupee and George Rivers, Mme Leonidas Hubbard fils, J. Murray, Londres, 1908, frontispiece.

L'intérêt des Européens pour Terre-Neuve ne portent que sur ses zones de pêche. Jusque vers la fin du 18e siècle, ils ne connaissent rien de l'arrière-pays. C'est à cette époque que James Cook entreprend l'exploration de la rivière Humber et que James Cartwright parcourt la région de la rivière Exploits et du lac Red Indian. En 1822, William Cormack est le premier Européen à effectuer la traversée de l'île. Ces expéditions représentent les premières tentatives de reconnaissance. Peu à peu, et surtout après 1864, des arpenteurs procèdent à l'inventaire des principales caractéristiques géologiques de l'arrière-pays. Ces arpenteurs sont principalement chargés de réaliser des levés pour la pose de lignes télégraphiques et de rails. Alexander Murray et James Howley, deux arpenteurs de la commission géologique de Terre-Neuve, ont énormément contribué à une meilleure connaissance géologique de l'île.

Alexander Murray, vers 1877
Alexander Murray, vers 1877
Alexander Murray a effectué un levé des principales caractéristiques topographiques de l'île.

Avec la permission des Archives nationales du Canada, C088097.

Au début du 20e siècle, l'exploration de l'île et du Labrador est terminée, et sa cartographie est relativement précise. Des levés géologiques, cartographiques et autres se poursuivent pour une représentation toujours plus précise de la province. Les prochaines explorations s'orientent au large des côtes. Elles concernent le tracé des limites des fonds marins et son potentiel en hydrocarbures, et s'accompagnent d'une démarche visant à mieux connaître la biologie des écosystèmes marins.

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