Conflits franco-anglais, 1690-1713

La colonie française de Plaisance (Placentia) fut attaquée par les Anglais mais a aussi servi de point de départ pour les attaques françaises sur les établissements anglais.

Dès le 25 février 1690, 45 flibustiers de Ferryland sous la conduite du capitaine Herman Williamson envahissent Plaisance par terre. Après avoir tué deux soldats et blessé Louis de Pastour d'une balle au dos, ils s'emparent de tous les établissements à Plaisance. La population est emprisonnée pendant six semaines dans l'église jusqu'au départ des Anglais le 5 avril, avec les vivres de la colonie française.

L'église anglicane, Plaisance
L'église anglicane, Plaisance
L'ancienne église française, où les habitants furent emprisonnés, aurait été sur le même site que l'actuelle église anglicane.
Photographie d'Edward Power. Avec la permission du ministère de l'Éducation, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, ©1982.

À l'automne de 1692, les Anglais attaquent à nouveau, sous le commandement du Commodore Williams, avec cinq navires dont le Saint-Albans armé de 62 canons et des équipages totalisant près de 800 hommes face aux 50 soldats français aidés de pêcheurs basques. Les 2000 boulets tirés par les Anglais endommagent plusieurs maisons et le 23 septembre la flotte se retire.

Le 28 août 1693, c'est au tour de Francis Wheeler de se présenter devant Plaisance avec 19 navires. Le 30 août, s'ajoute cinq autres navires. C'est finalement la tempête du 3 septembre qui va convaincre la flotte de se retirer.

L'offensive française

Il ne faut pas croire que les officiers français sont demeurés sur la défensive puisqu'ils ont mené des attaques - bien que vaines - contre St. John's en 1692 et en 1694. En 1696, le gouverneur Jacques-François de Brouillan de Monbeton (1691-97) mobilise une frégate et huit navires pour attaquer les postes anglais. Bien qu'il ne prenne pas St. John's, il s'empare d'une trentaine de barques, fait des prisonniers et saisi des milliers de morues. Pierre Le Moyne d'Iberville fait équipe avec de Monbeton en marchant, dans des conditions hivernales misérables, de Plaisance vers les postes anglais ciblés. En 1702, Philippe Pastour de Costebelle, le gouverneur par intérim, donne une commission au sieur du Tilly pour mener des attaques dans la baie Trinity. Des navires anglais menacent Plaisance en mars et en septembre 1703, mais en 1705, ce sont plutôt les Français de la colonie qui attaquent de nouveau les établissements anglais de Terre-Neuve avec l'aide de renforts du Canada. C'est un grand succès puisque seuls St. John's et l'Île Carbonnière résistent aux Français.

Philippe de Pastour de Costebelle
Philippe de Pastour de Costebelle
Photographie d'Edward Power. Avec la permission du ministère de l'Éducation, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, ©1982.
Pierre Le Moyne d'Iberville, vers 1702
Pierre Le Moyne d'Iberville, vers 1702
Tiré de Narrative and Critical History of America: The English and French in North America 1689-1763, Vol. V, de Justin Winsor, éd., (Boston: Houghton, Mifflin & Company, 1887), p. 15.

Le blocus anglais

En 1708, avec sept navires de guerre, l'Angleterre opte pour un blocus naval afin d'affamer Plaisance. C'était un bon stratagème puisque la famine gronde dès juillet, sans oublier que la colonie doit nourrir 500 prisonniers anglais. Saint-Ovide (neveu de Jacques-François de Brouillan de Monbeton) décide tout de même d'attaquer des établissements anglais en décembre 1708. Dès janvier 1709, avec l'aide d'une troupe composée de 170 hommes, Français, Canadiens et Indiens, il s'empare de St. John's, fait 800 prisonniers et détruit les défenses de la ville. C'est la dernière des trois attaques françaises contre St. John's dans l'histoire de Plaisance.

Le blocus anglais continue en 1711 et 1712 avec une vingtaine de navires anglais fermant l'entrée de la baie. C'est finalement le traité d'Utrecht de 1713 qui a raison de la résistance des coloniaux de Plaisance. La colonie passe à l'Angleterre et les habitants français ont l'option de déménager à l'Île Royale (Cap-Breton) ou de retourner en France.

Canon délabré de la colonie de Plaisance, à Castle Hill
Canon délabré de la colonie de Plaisance, à Castle Hill
Photographie d'Edward Power. Avec la permission du ministère de l'Éducation, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, ©1982.

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