Le film et la vidéo

L'industrie du film à Terre-Neuve et au Labrador est née durant les années 1970, à la faveur de la révolution culturelle qui a balayé la province. Les fondements de cette révolution (refus de l'autorité, quête d'une vision provinciale originale, éthique de l'autonomie) imprègnent les productions de cette époque. Ces tendances profondes sont toujours perceptibles de nos jours, alors que l'industrie du film a surpassé ses débuts modestes pour devenir une industrie qui a attiré des investissements de neuf millions de dollars en 1999.

Débuts du cinéma à Terre-Neuve

Les premiers vestiges de tournages de films et d'actualités par des Terre-Neuviens remontent à 1904. Le plus célèbre des pionniers locaux du cinéma aura été le capitaine Bob Bartlett, qui illustrait ses tournées aux États-Unis de documentaires de ses aventures en mer durant les années 1930. L'île a aussi servi de cadre à des longs métrages comme The Viking, un film d'aventures de Hollywood réalisé en 1931 durant la chasse au phoque. Après l'union avec le Canada, de nombreux documentaires et films sur la nature ont été produits dans la province, ordinairement par des équipes de l'extérieur.

Équipe de tournage du film The Viking, vers 1930
Équipe de tournage du film The Viking, vers 1930
Avec la permission de la Division des archives et collections spéciales (Col - 203), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Au début des années 1970, de jeunes acteurs, scénaristes et photographes, surtout de St. John's, ont commencé à réaliser des films locaux. Sans grande expérience, avec des budgets restreints et de l'équipement réuni de bric et de broc, ils ont appris sur le tas comment réaliser des films. Leurs premières œuvres étaient des courts métrages en noir-et-blanc. Certains, comme Sisters of the Silver Scalpel (1978), traduisent le penchant pour la satire et l'absurdité qui deviendra associé au cinéma et à la télévision de Terre-Neuve et du Labrador.

The Adventures of Faustus Bidgood

The Adventures of Faustus Bidgood (1986), le premier long métrage produit exclusivement dans la province, a été tourné avec un budget dérisoire sur une période de plus de dix ans. Son scénario suit un bureaucrate lunatique qui, après une révolution, devient malgré lui le premier leader de la République populaire de Terre-Neuve. Malgré son succès commercial mitigé, cette comédie bizarre et désaxée au ton irrévérencieux et iconoclaste retient encore aujourd'hui le statut quasi mythique de premier « vrai film » de la province.

Faustus Bidgood a été la première superproduction de la Newfoundland Independent Filmmaker's Cooperative (NIFCO). Fondée en 1975 et logée dans une maison de deux étages au centre-ville de St. John's, NIFCO s'est donné le mandat d'encourager la coopération entre cinéastes et de leur fournir un accès abordable à des caméras, à de la pellicule, à des salles de montage et à diverses autres ressources. La plupart des cinéastes de la province ont fait leurs premiers pas comme membres de NIFCO, et la plupart des films produits ont eu recours à la coopérative et à ses installations.

Développement et expansion de l'industrie

Les années 1980 ont vu un rapide essor de la production de courts métrages et de documentaires. Avec de meilleurs standards de qualité et de professionnalisme, des documentaires comme The Last Days of Okak (1985) ont atteint des publics du monde entier. Dispendieux et exigeants en main-d'œuvre, les longs métrages étaient encore rares, mais des productions comme Welcome to Canada (1989) et Secret Nation (1992) témoignent de grands progrès par rapport aux premiers efforts.

Distribution de Secret Nation, 1992
Distribution de Secret Nation, 1992
(De g. à dr.) John Holmes, Richard Cashin, Brian Downey, non identifié, John Housser, Michael Wade Jr., non identifié.
Avec la permission de la Division des archives et collections spéciales (Col - 121, 11.01), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Avec la prolifération de nouveaux réseaux de télévision et la popularité croissante des acteurs de la province, les cinéastes se sont montrés plus agressifs dans leur recherche d'ententes de financement et de distribution. Le cinéma des femmes a été encouragé et soutenu par l'International Women's Film and Video Festival et par l'Office national du film. La coopération d'autres provinces a favorisé la sortie de coproductions comme The Boys of St. Vincent (1992).

Affiche de l'International Women's Film and Video Festival de St. John's, 2000
Affiche de l'International Women's Film and Video Festival de St. John's, 2000
Avec la permission du comité de l'International Women's Film and Video Festival de St. John's.

Le début du 21e siècle a été marqué par une effervescence de la production de longs métrages. Nombre de cinéastes et de réalisateurs ont continué de proposer une perspective unique à la province dans leurs œuvres, tandis que d'autres introduisaient des thèmes et des sujets plus universels. Les efforts de marketing et de promotion ont ouvert des portes à des coproductions internationales comme Misery Harbour (1999); cette histoire d'un marin norvégien qui abandonne son navire de passage à Terre-Neuve a été réalisée conjointement par des sociétés de Terre-Neuve et du Labrador, du Danemark, de Suède et de Norvège.

Les productions dans d'autres domaines ont continué de s'étendre. Les documentaristes locaux, notamment, ont signé des réalisations remarquables. L'expansion rapide de l'industrie de la télévision a ouvert de nouveaux débouchés aux producteurs de courts métrages et de capsules documentaires.

Photo publicitaire pour Pigeon Inlet, vers 1980
Photo publicitaire pour Pigeon Inlet, vers 1980
Pigeon Inlet a été une série télévisée populaire durant les années 1980. (À l'arrière, de g. à dr.) : Ted Hanley et Rosemary Dawson. (À l'avant, de g. à dr.) : Kevin Noble et Canon Earle.
Avec la permission de CBC Television, St. John's, T.-N.-L.

Le gouvernement provincial a investi dans l'industrie en établissant la Newfoundland and Labrador Film Development Corporation. Par le biais de programmes de financement, de crédits d'impôt et de promotion internationale, cet organisme a encouragé la production locale et a fait valoir les décors naturels de la province auprès des cinéastes du monde entier.

L'été 2000 a été marqué par le début du tournage de Random Passage, le projet le plus ambitieux jamais entrepris dans la province à cette époque. Cette série télévisée en huit épisodes basée sur l'œuvre de la romancière Bernice Morgan était une autre production internationale, forte d'une distribution et d'une équipe originaires de Terre-Neuve et du Labrador, du Québec et de l'Irlande.

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