Les Mi'kmaq

Historiens et archéologues ne s'entendent pas sur l'époque où les premiers Mi'kmaq (aussi appelés Micmacs) sont arrivés à Terre-Neuve. La tradition orale de ce peuple donne à croire qu'il y avait des Mi'kmaq à Terre-Neuve avant les premiers contacts avec l'Europe. Certains faits historiques confirment qu'il y avait des Mi'kmaq sur l'île dès le XVIe siècle, et les chroniques du XVIIe siècle y font des allusions de plus en plus fréquentes.

Carte du territoire traditionnel de chasse et de trappe des Mi'kmaq de Terre-Neuve, de l'avis de Frank Speck
Carte du territoire traditionnel de chasse et de trappe des Mi'kmaq de Terre-Neuve, de l'avis de Frank Speck
Extrait de Beothuk and Micmac, Notes and Monographs Series, vol. 22, Museum of the American Indian, Heye Foundation, New York, 1922. Carte de la page de garde. Illustration de Tina Riche

Aux XVIe et XVIIe siècles, les Mi'kmaq occupaient ce qu'un historien a appelé un « domaine insulaire » dans le golfe du Saint-Laurent. Habiles commerçants, ils avaient su tirer parti des petits voiliers de modèle européen, appelés chaloupes, pour organiser un réseau de traite qui s'étendait du détroit de Belle-Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador, jusqu'à la côte du Massachusetts. Ils jouaient le rôle d'intermédiaires dans la traite des fourrures contre des produits européens.

Durant la période coloniale, les Mi'kmaq auront toujours été alliés aux Français. Aussi, après la défaite de ces derniers en 1763, les autorités de Terre-Neuve feront-elles preuve de méfiance à l'endroit des Mi'kmaq de Terre-Neuve.

À cette époque, les Mi'kmaq avaient déjà élaboré des techniques originales pour chasser le caribou et piéger les bêtes à fourrure, qu'ils troquaient contre diverses commodités comme les fusils, les bouilloires et les couteaux.

Au XIXe siècle, les Mi'kmaq de Terre-Neuve ont souvent servi de guides. Ainsi, ce sont eux qui ont mené l'explorateur William Cormack au coeur inexploré de Terre-Neuve dans ses expéditions de 1822 et de 1829 à la recherche des Béothuks. Tout au long du XIXe siècle, les quelque 150 Mi'kmaq de Terre-Neuve ont gagné leur vie comme guides, trappeurs, facteurs et vanniers.

Wigwam abandonné, ca. 1890
Wigwam abandonné, ca. 1890
Rivière Humber, côte ouest de Terre-Neuve L'afflux des chasseurs et des trappeurs européens au cours du XIXe siècle a bouleversé le mode de vie traditionnel de nombreux Mi'kmaq.
Avec la gracieuse permission de The Rooms Provincial Archives Division (VA13-19).

La vie des Mi'kmaq de Terre-Neuve a été bouleversée par la construction de la ligne de chemin de fer à travers l'île, terminée en 1898. Le train a en effet ouvert l'intérieur de l'île à une ruée de chasseurs : dès 1930, le caribou était au bord de l'extinction. Le déclin mondial du prix de la fourrure associé à la grande crise économique des années 1930 a entraîné la fin du mode de vie traditionnel. En 1945, il ne restait plus de trappeurs à temps plein à Conne River (Miawpukek), le plus grand village Mi'kmaq de l'île; la coupe saisonnière du bois, mal rémunérée, était presque devenue la seule source d'argent comptant pour les gens. La chasse, la pêche et la cueillette des fruits sauvages demeuraient des éléments essentiels des vies de la majorité des familles.

Bien qu'ils se soient convertis de longue date au Catholicisme, de nombreux Mi'kmaq ont conservé leurs anciennes croyances. Et si leur langue a perdu beaucoup de terrain au XXe siècle, les gens de Conne River déploient depuis quelques années de vaillants efforts pour la faire revivre.

En 1972, la population de Conne River élisait son propre conseil de bande. La Federation of Newfoundland Indians a ensuite été crééé en 1973, pour revendiquer la reconnaissance des Mi'kmaq de Terre-Neuve par les instances fédérales. En 1984, le Gouvernement fédéral reconnaissait aux Mi'kmaq de Conne River le statut d'Indiens en vertu de la Loi sur les Indiens; puis, en 1987, Conne River a été reconnue comme réserve indienne de plein droit.

Même s'il leur reste encore à faire reconnaître leurs revendications territoriales par les autorités fédérales et provinciales, les Mi'kmaq de Conne River sont devenus un modèle d'entrepreneuriat indigène : ils administrent, entre autres, un programme d'aquaculture prospère, des chalets de chasse et de pêche, et une exploitation forestière. Pour promouvoir et soutenir la culture mi'kmaq, le Conseil de bande Miawpukek commandite divers événements et programmes culturels, dont plusieurs peuvent être consultés sur le site Web de Miawpukek.

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