Newfoundland and Labrador In The First World War

Recrutement pour le Newfoundland Regiment

Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, de nombreuses personnes à Terre-Neuve et au Labrador voulaient servir outre-mer. Comme le dominion n'avait pas son propre régiment, on croyait au départ que les volontaires devraient s'enrôler dans les forces armées britanniques ou canadiennes. Terre-Neuve avait une section locale de la Réserve de la Royal Navy, mais ce qui se rapprochait le plus de quelque force terrestre que ce soit étaient quatre brigades de cadets soutenues par l'Église et un groupe paramilitaire appelé la Legion of Frontiersmen.

No.6 Platoon, Section 8, 1914
No.6 Platoon, Section 8, 1914

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (F 40-2), St. John's (T. N. L.)

Malgré son manque de préparation militaire, le gouvernement a décidé de faire plus que simplement fournir des volontaires aux autres forces alliées. Le 8 août, le gouverneur Sir Walter Davidson a télégraphié au secrétaire aux colonies de la Grande-Bretagne pour suggérer que le dominion forme un régiment de 500 volontaires pour le service outre-mer dans l'Armée de terre. Le gouvernement britannique a accepté son offre.

Recrutement des Fisrt Five Hundred

Walter Davidson et Edward Morris, premier ministre de Terre Neuve, n'ont pas tardé à mettre sur pied le 1st Newfoundland Regiment. Plutôt que de créer un département militaire géré par le gouvernement pour former, entraîner et équiper le régiment, ils ont décidé d'établir une association bénévole non partisane. Les deux hommes espéraient qu'un tel groupe permettrait de séparer les politiques, sources de discorde, entre les partis et l'effort de guerre, tout en unissant les personnes de différentes confessions religieuses. La Newfoundland Patriotic Association (NPA) a été formée le 17 août, et Davidson en était le chef.

Le 21 août, Walter Davison a émis une proclamation lançant un message d'appel aux volontaires - des hommes âgés de 19 à 35 ans qui étaient en bonne santé, pesaient au moins 120 livres, mesuraient au moins 5 pieds 4 pouces et étaient prêts à « servir outre-mer pour la durée de la guerre, mais pour un maximum d'une année » . La NPA avait limité l'engagement à moins d'une année, car la majorité croyait que la guerre ne durerait que quelques mois.

À la recherche de recrues pour le First Newfoundland Regiment
À la recherche de recrues pour le First Newfoundland Regiment

Evening Telegram le 22 août 1914

La réponse initiale a été enthousiaste. Au moment où le recrutement pour le premier contingent a pris fin le 26 septembre, 970 hommes s'étaient engagés (dont environ les deux tiers provenant de St. John's). De ce nombre, 565 ont été acceptés, plus de 200 ont été refusés, et les autres ont été pris en considération. Les hommes qui ont passé l'examen médical et qui ont satisfait à d'autres exigences ont été déplacés vers un camp d'entraînement que la NPA avait établi à Pleasantville, près du lac Quidi Vidi, à St. John's. Ils ont été surnommés les Five First Hundred « premiers cinq cents hommes » (et les Blue Puttees à cause des jambières inhabituelles qu'ils portaient en raison d'une pénurie de tissu kaki sur l'île).

'«  Brothers All »'
« Brothers All »
Membres des First Five Hundred en marche depuis Pleasantville, septembre 1914.

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (A 8-85), St. John's (T. N. L.)

Le 3 octobre 1914, 538 « Blue Puttees » ont marché sur le front de mer de St. John's et sont montés à bord du vapeur Florizel. Ils ont été divisés en deux unités, connues sous le nom d'A Company et de B Company. Les hommes se sont rendus au Royaume-Uni à bord du navire à vapeur pour suivre plusieurs semaines d'entraînement supplémentaire avant d'être déployés sur le front.

Des «  Blue Puttees »  à nord du <em>Florizel</em>, octobre 1914
Des « Blue Puttees » à bord du Florizel, octobre 1914

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (B 35), St. John's (T. N. L.)

Élargissement du régiment

Entre-temps, à Terre-Neuve, le gouvernement a décidé d'accroître la capacité du régiment pour atteindre le plein effectif d'un bataillon, ce qui nécessitait quelque 1 000 hommes en campagne et 500 autres en réserve. Il s'agissait d'un engagement important de la part d'un petit dominion, un engagement que le gouvernement n'a pas tardé à respecter en tenant peu compte de la façon dont la NPA pourrait assurer un bassin continu de recrues si les combats devaient durer plus longtemps que les quelques mois prévus.

Divers soldats, marins et dirigeants gouvernementaux à Pleasantville, St. John's, septembre 1914
Divers soldats, marins et dirigeants gouvernementaux à Pleasantville, St. John's, septembre 1914

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (F-30-26), St. John's (T. N. L.)

Le dominion de Terre-Neuve et du Labrador comptait une population d'environ 242 000 habitants en 1914. Des quelque 122 500 hommes de la population, seulement 33 708 avaient l'âge admissible pour faire leur service militaire. Les exigences médicales, physiques et autres restreignaient davantage le nombre de volontaires admissibles. Il y avait également des barrières économiques. La pêche à la morue était le pilier de l'économie de Terre-Neuve et nécessitait un nombre assez important d'hommes valides. De nombreux pêcheurs ne pouvaient s'enrôler pour servir outre mer sans plonger leur famille dans la pauvreté.

Néanmoins, la NPA a publié des avis de recrutement le 26 novembre 1914 pour le second contingent, et l'enrôlement a commencé quatre jours plus tard. Sauf pour ce qui est d'avoir augmenté l'âge limite maximale à 36 ans, les exigences d'admissibilité sont demeurées inchangées. La guerre n'en était encore qu'à ses débuts, et le degré d'enthousiasme du public pour se porter volontaire était toujours élevé. En trois jours à peine, 433 hommes s'étaient engagés et, le 10 décembre, il y en avait 607.

Début du recrutement du second contingent
Début du recrutement du second contingent

Evening Telegram le 26 novembre 1914

Les recrues ont été formées à Pleasantville, et un deuxième contingent d'environ 250 hommes (connu sous le nom de C Company) a quitté Terre-Neuve à bord du bateau à vapeur Dominion le 5 février 1915. En avril 1916, cinq compagnies supplémentaires d'environ 250 hommes ont quitté Terre-Neuve pour servir outre-mer.

La D Company part pour l'Angleterre, février 1915
La D Company part pour l'Angleterre, février 1915

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA 37-21.4), St. John's (T. N. L.)

Diminution du taux de recrutement

Toutefois, à l'été de 1916, la NPA avait du mal à trouver un nombre suffisant de nouvelles recrues pour maintenir les effectifs complets du régiment. Le quasi-anéantissement du régiment à Beaumont-Hamel, le 1er juillet 1916, suivi des engagements majeurs coûteux à Gueudecourt, en octobre 1916, et à Monchy-le-Preux, en avril 1917, intensifièrent les pressions sur la colonie pour trouver des hommes supplémentaires. Environ 500 hommes de renfort sont arrivés en Europe à la fin de juin et au début de juillet 1917, mais la bataille de Cambrai qui prit place au cours des mois de novembre et de décembre suivants a réduit les effectifs du régiment à 250 hommes de tous grades.

Des soldats du Newfoundland Regiment, s.d.
Des soldats du Newfoundland Regiment, s.d.

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (F-25-4), St. John's (T. N. L.)

Une lacune dans la stratégie de recrutement de la NPA était le traitement réservé auxpetits villages côtiers isolés. En février 1916, les taux d'enrôlement auraient varié d'un taux élevé de 1 personne sur 36 à St. John's à un taux faible de 1 personne sur 329 dans le district de Bay de Verde. Plusieurs journaux de la ville et de membres de la NPA ont mal interprété ce fait comme étant une apathie dans les petits villages. Ils ont omis de reconnaître les importants obstacles d'ordre économique et géographique qui empêchaient les résidents des régions rurales de s'enrôler. La NPA a contribué davantage au problème en omettant de communiquer avec les résidents des villages côtiers de manière efficace. Elle est essentiellement demeurée une organisation de St. John's tout au long de la guerre et n'avait qu'une présence limitée dans les régions rurales.

Avec le nombre de pertes qui augmentait et aucune fin immédiate de la guerre qui se profilait à l'horizon, le gouvernement a reconnu qu'il devait recourir à la conscription et assumer la responsabilité directe de l'effort de guerre. Le premier ministre Edward Morris a formé en juillet 1917, un gouvernement national qui regroupait le People's Party, le Union Party et le Parti libéral en une administration de coalition unique.

Sir Edward Morris
Sir Edward Morris

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA 33-59), St. John's (T. N. L.)

Le gouvernement a créé un ministère de la Milice pour remplacer la NPA, mais celui-ci a également éprouvé des difficultés à enrôler de nouvelles recrues. Des mesures incitatives, telles qu'une allocation aux hommes mariés ayant des enfants et d'autres personnes à charge et une campagne de recrutement hautement médiatisée, ont été mises en œuvre cet automne-là, mais n'ont remporté qu'un succès limité.

En avril 1918, le régiment a subi 176 autres pertes à Bailleul, ce qui a été un coup dur pour le corps déjà affaibli. Le problème de main-d'œuvre est devenu tellement sérieux que les commandants alliés ont décidé de retirer complètement le régiment des lignes de front jusqu'à ce que Terre-Neuve fournisse un plus grand nombre de recrues. Une dernière vague de volontaires est arrivée en septembre et a permis au régiment de servir avec distinction au sein de la 9th (Scottish) Division de l'armée britannique lors de la 4e bataille d'Ypres.

Conscription

Toutefois, le gouvernement a reconnu qu'il ne pouvait plus compter sur les volontaires pour maintenir le plein effectif du régiment afin de le conserver en tant que force de combat. Le 11 mai 1918, le gouvernement a donc adopté la Loi du service militaire qui rendait obligatoire la conscription. Une loi similaire existait déjà au Canada et en Grande-Bretagne. Le gouvernement de Terre-Neuve a obligé 1 573 hommes à s'enrôler, et le premier groupe de conscrits a quitté l'île en septembre pour suivre un entraînement en Angleterre. Cependant, ils étaient toujours en formation lorsque l'Allemagne a signé l'armistice le 11 novembre 1918 et que la guerre a pris fin. Le régiment a donc pu affirmer avoir servi à titre de véritable force volontaire durant toute la guerre.

Des soldats du First Newfoundland Regiment sous le commandement du Capt Eric Ellis (assis au milieu et portant des galons), s.d.
Des soldats du First Newfoundland Regiment sous le commandement du Capt Eric Ellis (assis au milieu et portant des galons), s.d.

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (NA 3847), St. John's (T. N. L.)

À la fin de la guerre, un total de 6 241 hommes de Terre-Neuve et du Labrador avaient servi au sein du régiment, et 6 184 autres s'étaient portés volontaires pour servir, mais ont été refusés pour des raisons médicales ou d'autres motifs, ce qui porte le nombre total d'enrôlements (acceptés et refusés) à 12 461, sans compter les 5 747 autres qui ont servi dans la Royal Naval Reserve, le Forestry Corps, le Corps expéditionnaire canadien et d'autres forces alliées.

English version

Révisé par Jenny Higgins, April 2015
Bibliographie - Première Guerre mondiale (en anglais seulement)