Au début de la guerre, en août 1914, le People's Party était au pouvoir, et le premier ministre était Sir Edward Morris. Lorsqu'il a décidé d'examiner comment Terre Neuve pourrait contribuer à l'effort de guerre, Edward Morris était grandement influencé par le gouverneur, Sir Walter Davidson, qui voulait que l'État joue un rôle actif plutôt que symbolique.
Avec la permission de la Division des archives provinciales du musée The Rooms (C1-207), St. John's (T. N. L.)
Sans convoquer la Chambre d'assemblée, le gouvernement Morris a décidé que la colonie formerait et équiperait un régiment qui servirait en Europe. Bien que la tâche ait été complexe, difficile et dispendieuse, le gouvernement confia cette responsabilité à la Newfoundland Patriotic Association (NPA), présidée par Walter Davidson. C'était là une mesure particulière à un défi sans précédent. Ailleurs dans l'Empire, les gouvernements géraient eux-mêmes les efforts de guerre par l'entremise d'un ministère du gouvernement. À Terre Neuve, cet effort devait être administré par une association formée de bénévoles, mais financée par l'État et comptant parmi ses membres des personnalités politiques.
Avec la permission de The Room, division des archives provinciales (VA 33-59), St. John's (T. N. L.)
Bien que cette décision puisse être perçue comme une abdication de la part du gouvernement face à ses responsabilités, la NPA a joué un rôle utile à titre d'organisme neutre, une association au sein de laquelle des gens de différentes affiliations politiques et religieuses pouvaient collaborer à une cause patriotique commune. Cependant, comme la guerre se prolongeait, on a constaté que la NPA ne pouvait assumer adéquatement ses lourdes responsabilités. Le recrutement, plus particulièrement, ne se faisait pas efficacement, en partie parce que la NPA n'était pas très populaire dans les régions rurales à l'extérieur de la péninsule d'Avalon. L'Association était perçue comme une organisation de St. John's, et l'on n'arrivait pas à apaiser les tensions croissantes entre les habitants de St John's et ceux des petits villages côtiers isolés concernant la contribution relative de chacun à la guerre.
La nécessité d'une conscription se faisant sentir vers 1917, il devint clair que le gouvernement devrait assumer lui-même la responsabilité de l'effort de guerre. Edward Morris reporta jusqu'à la fin de la guerre les élections qui devaient se tenir cette année là. Il forma la coalition du gouvernement national et créa un ministère de la Milice. Il partit ensuite pour la Grande Bretagne où il fut nommé à la Chambre des lords et devint sir Morris of Waterford. Le nouveau premier ministre était le chef du Parti libéral, William Lloyd. Le gouverneur Davidson quitta Terre Neuve à la même époque. Le gouvernement national géra efficacement l'effort de guerre, fit adopter une loi controversée sur la conscription, et fut dissout en 1919.
Tiré de l'Encyclopedia of Newfoundland and Labrador, I (1981), p. 595. Source originale inconnue.
La contribution de Terre Neuve à la Grande Guerre a été remarquable malgré sa population peu nombreuse et son économie fragile, mais le prix de cette contribution fut considérable. Sur le plan politique, la guerre a eu deux conséquences : premièrement, elle a entraîné une augmentation de la dette publique, qui a gravement désavantagé les gouvernements de l'entre deux guerres (le coût total de l'effort de guerre a été d'environ 35 millions de dollars); deuxièmement, la guerre a mis fin au système de partis qui existait avant 1914 et a introduit une période d'instabilité où la scène politique était dominée par la rivalité entre les chefs politiques. Le débat politique est devenu de plus en plus acerbe et polarisé, et il était quasi impossible de faire front commun pour trouver des solutions aux problèmes auxquels le pays était confronté dans les années 1920 et pendant la grande dépression.
L'État a bien réagi aux défis que présentait la Grande Guerre, même si ce fut de façon particulière. On peut certainement dire toutefois qu'un des résultats de la guerre fut l'effondrement financier du début des années 1930.