La décision de Terre-Neuve de lever un régiment pour participer à la Première Guerre mondiale a soulevé de nombreux défis liés à l'entraînement et à l'équipement des hommes. Il n'y avait même pas de fournitures militaires de base pour les nouvelles recrues. L'île faisait face à une pénurie de fusils, de mitrailleuses, de revolvers, de jumelles et de tout autre équipement nécessaire pour envoyer une unité d'infanterie de 500 hommes à la guerre. Il y avait également une pénurie de tissu kaki et un manque d'instructeurs qualifiés pour le camp d'entraînement.
Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (E 37-41), St. John's (T. N. L.).
L'équipement et la formation des membres du Newfoundland ont été fournis de façon peu systématique. Pendant que la Newfoundland Patriotic Association (NPA) tentait d'obtenir les logements et les fournitures nécessaires pour les recrues, elle recevait souvent des dons de la part du public et du milieu des affaires. Lorsque les membres du premier contingent de recrues ont embarqué pour l'Angleterre le 4 octobre 1914, ils n'avaient pas de coiffures militaires appropriées et portaient des jambières bleues au lieu des jambières kaki et ils n'avaient pas encore reçu la commande de leurs fusils en provenance du Canada. Néanmoins, à la fin de la guerre, le régiment est passé d'un groupe de civils mal équipés et inexpérimentés à une unité militaire respectée et décorée.
Après l'ouverture du recrutement le 21 août 1914, la NPA avait du mal à aménager un terrain d'entraînement pour environ 500 hommes qui constitueront le Newfoundland Regiment. Le Comité d'équipement avait sélectionné un terrain de cricket près du lac Quidi Vidi à St. John's, qui servirait de camp militaire. Le gouvernement, les entreprises, les brigades des églises locales et les particuliers ont fourni la plupart des tentes, même si certaines furent confectionnées à partir des voiles offertes par des navires en escale au port. La Anglo-Newfoundland Development (AND) Company de Grand Falls a fourni les planchers de tente en bois et la Anglo-American Telegraph Company a installé les téléphones. Les premières recrues sont arrivées le 1er septembre et, à la fin du mois, tous les 565 hommes étaient logés sous les tentes.
Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (F 63-15), St. John's (T. N. L.)
La NPA devait nommer des instructeurs et officiers pour assurer la formation des hommes, mais il était difficile de trouver du personnel qualifié. Seul un volontaire du régiment possédait une expérience militaire. En effet, Conn Alexander était un officier britannique à la retraite qui avait participé à la guerre anglo-boer. Il était en visite à Terre-Neuve lorsque la Première Guerre mondiale éclata, et a accepté un poste de commandement au sein du régiment.
Trois hommes se sont portés volontaires pour participer au Comité de mousqueterie (Musketry Committee) de la NPA. Ce sont William Hoyles Rennie, trésorier du Rifle Club de St. John's; Joseph Moore, soldat à la retraite comptant 21 ans de service dans l'armée britannique, et le capitaine H. Ballantine Dykes, officier de réserve de l'armée britannique qui était en vacances à Terre-Neuve lorsque la guerre éclata. Ils étaient chargés de la sélection et de la formation d'instructeurs en maniement d'armes à feu. La NPA a également nommé Dyke comme responsable de l'entraînement aux exercices militaires.
Newfoundland Quarterly 17.1 (1917).
Pour le reste de septembre, les recrues étudiaient les principes de base du service militaire. Ils effectuaient des marches à pied, apprenaient à utiliser les baïonnettes et autres armes, pratiquaient l'adresse au tir et l'escarmouche, suivaient un programme de conditionnement physique afin d'acquérir les compétences de base nécessaires pour être un soldat. Leur entraînement était généralement confiné dans trois zones : le camp militaire du lac Quidi Vidi, un champ de tir situé sur le côté sud du port et enfin, un endroit juste à l'est de Quidi Vidi, connu sous le nom de White Hills, où les hommes pratiquaient l'escarmouche. Ils marchaient également dans les rues de la ville.
Le régiment a reçu un soutien considérable du public et les foules se rassemblaient souvent au camp militaire pour voir les recrues s'entraîner. Il arrivait parfois des conflits entre les activités militaires et civiles. Le champ de tir était situé près d'une terre à bleuets populaire. Or l'entraînement commençait pendant la période de pointe de la saison de la cueillette de bleuets. Des avis étaient publiés dans les journaux locaux afin d'avertir les cueilleurs de bleuets.
Evening Telegram September 8, 1914, p. 5.
L'un des problèmes les plus urgents de la NPA était de déterminer comment obtenir les armes, les uniformes et autre équipement nécessaire à la formation des membres du régiment. Terre Neuve disposait de peu de ressources militaires, si bien que les fusils et autres armes devaient être importés. Le Comité de maniement d'armes à feu avait commandé d'Angleterre 500 fusils Ross et 100 revolvers. La NPA avait également importé d'autres articles, notamment des jumelles et des sacs à voyage. Les revolvers sont arrivés le 29 août, mais les fusils ne sont arrivés qu'au lendemain du départ des recrues pour l'Angleterre.
Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA 37-5.4), St. John's (T. N. L.).
Pendant ce temps, la NPA tentait de rassembler suffisamment d'armes pour assurer la préparation des hommes pour le service. La Newfoundland Royal Naval Reserve a prêté au régiment des fusils et munitions de service et le corps des cadets parrainé par l'Église a fourni des fusils miniatures pour l'entraînement au tir à la cible. Par l'entremise de son fonds Machine Gun, la NPA a sollicité des dons du public pour financer l'achat de mitrailleuses Vickers, qui coûtaient cher. En janvier 1915, la Reid Newfoundland Company a offert deux mitrailleuses Vickers au régiment, pendant que les fonds recueillis ont servi à financer l'achat de six autres plus tard au cours de l'année.
Fournir des vêtements aux soldats constituait aussi un défi. Les jambières en laine, appelées puttees, faisaient normalement partie de l'uniforme des soldats. Mais comme il n'y avait pas assez de tissu kaki réglementaire dans la région, la NPA a utilisé du tissu bleu en échange. C'est ainsi que les jambières bleues non réglementaires sont devenues la marque distinctive des 500 premières recrues du régiment, ce qui valut aux soldats du régiment terre neuvien le sobriquet « blue puttees ».
Le manque de coiffures militaires avait obligé les premières recrues à porter des chapeaux civils ou à faire le voyage la tête dénudée. La NPA avait commandé de Montréal des chapeaux mous de style australien, mais ces chapeaux ne sont pas arrivés avant le départ des premières recrues de l'île.
Le 3 octobre 1914, 538 Blue Puttees avançaient sur les quais du port de St. John's, avant d'embarquer à bord du vapeur Florizel, qui partit le lendemain. Des milliers de gens arboraient les rues pour dire au revoir aux troupes. Des bannières étaient accrochés aux fenêtres et la musique militaire emplissait l'air. Les hommes avaient effectué la partie de leur formation à St. John's et se rendaient au Royaume-Uni, où ils pourraient être mieux préparés pour la guerre, dans des installations supérieures et par un personnel plus expérimenté.
Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (B 35), St. John's (T.-N.-L.).
Le 21 octobre, ils arrivèrent à Salisbury Plain dans le Sud de l'Angleterre, où ils passèrent les sept semaines suivantes dans un vaste camp d'entraînement militaire. « Marches sur la route, exercices militaires continus et instruction irrégulière des rudiments du maniement d'armes à feu étaient à l'ordre du jour », écrit plus tard le capitaine John Edward Joseph Fox dans le magazine The Veteran.
Des milliers de recrues provenant de nombreuses autres unités étaient également sur le plateau Salisbury et cette expérience a permis aux hommes du Newfoundland Regiment de se faire une petite idée de l'ampleur réelle de la guerre.
Le 8 décembre, les membres de l'unité déménagèrent à Fort George dans le Nord de l'Écosse pour prendre part à d'autres entraînements. Ils y perdirent leur premier soldat, lorsque le soldat John Fielding Chaplin décéda à la suite d'une maladie abdominale, le jour de l'An. Il avait19 ans.
Pendant que les 500 premiers volontaires s'entraînaient au Royaume-Uni, la NPA recrutait des hommes pour constituer le second contingent du Newfoundland Regiment. À ce stade, l'association était mieux outillée pour équiper et former les volontaires. Le tissu kaki était arrivé en quantité suffisante et le régiment disposait de beaucoup plus de fusils, de mitrailleuses et autres équipements.
Avec la permission du service des archives historiques maritimes (PF-345.030), St. John's (T. N. L.).
Les recrues du second contingent et des contingents subséquents effectuèrent un programme d'entraînement semblable à celui des 500 premières recrues. Ils suivirent la formation préliminaire à St. John's, puis effectuèrent une formation supplémentaire de plusieurs semaines au Royaume-Uni, avant d'entrer en service actif.
La galerie d'images présente des photos des membres du régiment en entraînement à Pleasantville. On présente également des images des 500 premières recrues et des groupes subséquents marchant dans les rues de St. John's et embarquant à bord d'un navire pour prendre part à d'autres entraînements en Grande-Bretagne. La galerie comprend également de courtes vidéos de l'époque.