Newfoundland and Labrador In The First World War

Le Patriotisme

Lorsque la Grande Bretagne a déclaré la guerre à l'Allemagne, le 4 août 1914, toutes les régions de l'Empire britannique ont été mobilisées afin de prendre part au conflit. Les habitants de Terre Neuve, en particulier ceux des centres urbains, ont répondu à l'appel aux armes avec enthousiasme. Le 7 août, le Mail and Advocate rapportait que des milliers de citoyens de St. John's avaient défilé dans les rues en chantant des chansons patriotiques. Ils se sont rassemblés à l'extérieur de la Government House pour écouter le discours du gouverneur, Sir Walter Davidson, et ont visité le Calypso, un navire d'entraî nement de la Newfoundland Royal Naval Reserve.

<em>Evening Telegram</em> 6 août 1914
Evening Telegram 6 août 1914

Avec la permission de la Digital Archives Initiative, Memorial University of Newfoundland, St. John's (T.-N.-L.)

Au cours des jours qui ont suivi, des éditoriaux à caractère patriotique ont paru dans plusieurs journaux locaux. Ils comblaient d'éloges la Grande Bretagne et condamnaient l'Allemagne, et ils invitaient les citoyens de Terre Neuve et du Labrador à faire leur part. Certains avançaient que la participation du dominion à l'effort de guerre renforcerait leur position au sein de l'Empire britannique.

Dans l'éditorial du 12 août 1914 du Western Star, on pouvait y lire que malgré le fait que l'on détestait la guerre et ses terribles conséquences, les Britanniques pouvaient être fiers de ne pas en être à l'origine. Cette guerre était plutôt l'aboutissement des politiques agressives qui caractérisaient la diplomatie allemande des dix dernières années.

« Aujourd'hui plus que jamais, les Britanniques du monde entier sont unis dans leur loyauté envers le Roi et l'Empire. Fermement conscients de leur pouvoir et de la justice de leur cause, ils prendront part au conflit en l'honneur de l'Angleterre, avec l'ardeur et la loyauté dont leurs ancêtres ont fait preuve autrefois. »

Le Daily News partage les mêmes sentiments le jour suivant :

« La guerre ne constitue pas seulement un moyen de défense contre une agression injustifiée et déraisonnable, mais aussi une lutte pour notre existence nationale, nos libertés, nos foyers et le bien être de notre peuple. Terre Neuve est tout aussi menacée que les autres régions de l'Empire. D'un côté se trouve la glorieuse liberté sous le drapeau britannique; de l'autre, l'esclavage et les insultes d'une nation étrangère... Chaque jeune homme qui se porte volontaire offre ses services pour la protection de sa famille, de son pays et de l'Empire. »

Lorsque le gouvernement de Terre Neuve a annoncé qu'il mettrait sur pied son propre régiment de 500 hommes au lieu d'envoyer des volontaires combattre avec d'autres forces alliées, la réponse des médias et du public a été immédiate et enthousiaste, en particulier à St. John's. Plus de 300 volontaires se sont présentés au cours de la première semaine et le gouvernement a rapidement décidé d'augmenter la taille de son bataillon à 1 000 hommes tout en gardant 500 autres hommes en réserve.

Le public suivait les nouvelles de la guerre avec intérêt et appuyait les volontaires qui servaient au pays et à l'étranger. De grandes foules se rassemblaient au camp du régiment, près du lac Quidi Vidi à St. John's, afin de voir les recrues s'entraî ner. Elles se réunissaient également le long des quais pour dire au revoir aux troupes avant leur départ ou pour les accueillir lorsqu'elles revenaient d'outre mer. Les entreprises et les simples citoyens ont contribué à plusieurs campagnes de financement organisées par la Newfoundland Patriotic Association (NPA) et la Women's Patriotic Association (WPA), en y consacrant de leur temps et en fournissant de l'argent, de l'équipement, des vêtements et d'autres biens. Le gouvernement et certaines entreprises locales ont annoncé que les employés qui se portaient volontaires à l'étranger pourraient reprendre leur travail à leur retour.

Une foule assistant au départ de volontaires, vers 1914
Une foule assistant au départ de volontaires, vers 1914

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (B3-3), St. John's (T. N. L.)

L'effort de guerre n'était cependant pas appuyé avec la même ardeur par l'ensemble de la population. L'enthousiasme était beaucoup plus marqué dans les centres urbains de Terre Neuve que dans les régions rurales . Les journaux et les autres médias de masse ont joué un rôle essentiel pour entretenir la ferveur patriotique, mais ils se faisaient moins présents dans les régions rurales. La transmission des nouvelles aux communautés isolées du Labrador était tout particulièrement lente et plusieurs résidants n'ont appris que des mois plus tard que le dominion avait pris part au conflit.

Le roi George, s.d.
Le roi George, s.d.
Photo du roi George avec l'Union Jack et le drapeau de Terre Neuve provenant d'un certificat de décès militaire.

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales, St. John's (T. N. L.)

La stratégie de recrutement de la NPA constituait un autre problème. Elle visait surtout les résidants de St. John's, sans tenir compte des barrières géographiques et économiques qui dissuadaient un grand nombre d'habitants de villages éloignés de s'enrôler. Le service militaire leur imposait une absence prolongée de la pêche à la morue et leur offrait une maigre compensation, et le voyage à St. John's pour la formation était une autre dépense que les résidants de la ville n'avaient pas à assumer. Les hommes des villages n'étaient pas non plus reconnus comme étant généralement plus enclins à joindre la Réserve navale (environ 2 000 se sont enrôlés) que la Force terrestre. Lorsque les journaux ont rapporté que la majorité des recrues du régiment provenaient de St. John's, les tensions existantes entre les résidants de la ville et ceux des villages se sont intensifiées.

La faible présence du gouvernement dans les régions rurales a également compromis les efforts de ce dernier visant à recruter des volontaires. « Lorsque l'on considère tous les services publics dont bénéficient les résidants, on peut bien leur pardonner de ne pas tenir compte du fait qu'ils font partie d'un empire ou d'un groupe plus large », a écrit un recruteur à la suite d'une visite qui s'est avérée peu fructueuse à Sopp's Island, à White Bay. (Evening Telegram, 8 janvier 1917)

Dirigeant de la Fishermen's Protective Union (FPU) et membre de la Chambre d'assemblée, William Coaker était l'un de ceux qui ont exprimé le plus de critiques envers l'effort de guerre de Terre Neuve. Peu après le début de la guerre, alors que le sentiment patriotique s'intensifiait, il a mis en garde la population et fait valoir que le dominion devrait concentrer ses efforts de recrutement sur la Newfoundland Royal Naval Reserve au lieu de mettre sur pied son propre régiment, car cette dernière option s'avérerait beaucoup plus dispendieuse. Il était aussi d'avis que le gouvernement n'assumait pas ses responsabilités en permettant à une association non élue, la Newfoundland Patriotic Association, d'administrer l'effort de guerre.

William Coaker (1871-1938), s.d.
William Coaker (1871-1938), s.d.
Coaker a fondé la FPU en 1908.

Photo tirée de Richard Hibbs, éd., Who's Who in and from Newfoundland 1930, 2e édition (St. John's, Terre-Neuve : R. Hibbs, 1930) 65.

Cependant, malgré les divisions et les désaccords sous-jacents à l'effort de guerre de Terre Neuve, les hommes et les femmes qui ont servi à l'étranger et qui se sont portés volontaires au pays en tant que soldats, marins, forestiers, infirmières et à d'autres titres ont été largement appuyés. Même Coaker qui s'était initialement opposé à la formation d'une force terrestre a recruté activement des hommes pour le Newfoundland Regiment après sa création.

Ressources

La Galerie d'images comprend un album virtuel (disponible en anglais seulement) qui s'inspire de l'album de photos conservé par les Archives provinciales de Terre-Neuve-et-Labrador. Cet album virtuel ressemble aux nombreux albums conçus par les habitants de Terre Neuve et du Labrador qui suivaient avec intérêt les exploits de leurs forces armées.

Album virtuel, page 1
Album virtuel, page 1

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA-40), St. John's (T. N. L.)

On y trouve également des vidéoclips montrant l'embarquement d'un contingent et la ferveur patriotique qui régnait alors dans le dominion. Les dates auxquelles ces images ont été filmées sont inconnues. Le vidéoclip 7 (disponible en anglais seulement) montre les foules qui acclament les membres du régiment, connu sous le nom d'« Ours ». Le vidéoclip 8 (disponible en anglais seulement) montre des troupes de Terre Neuve qui rejoignent leur convoi à l'extérieur du port de St. John's.

English version

Révisé par Jenny Higgins, April 2015
Bibliographie - Première Guerre mondiale (en anglais seulement)