Les armoiries, sceaux et emblèmes de Terre-Neuve-et-Labrador

Les armoiries de Terre-Neuve-et-Labrador
Les armoiries de Terre-Neuve-et-Labrador

Les armoiries, grands sceaux et emblèmes ont pour fonction d'identifier un lieu, une personne ou une institution. Depuis les années 1600, Terre-Neuve a été représentée par divers symboles identitaires. Parmi les plus anciens, mentionnons les armoiries du roi Charles 1er attribuées à Sir David Kirke en 1638 de même que le grand sceau dont l'usage a été autorisé par le roi George IV en 1827. D'autres emblèmes identitaires sont tirés de la nature et comprennent la faune, la flore et les minéraux.

Les armoiries

Les armoiries de Terre-Neuve-et-Labrador figurent parmi les plus anciennes au Canada après celles de la Nouvelle-Écosse. Elles sont aussi parmi les plus récentes à avoir été adoptées pour un usage officiel. En novembre 1637, le roi Charles 1er a concédé « l'ensemble du continent, de l'île et de la région communément appelé Terre-Neuve » à un syndicat connu sous le nom de Company of Adventurers to Newfoundland dirigé par Sir David Kirke, qui a été gouverneur de l'île de 1638 à 1651.

Environ six semaines plus tard, en janvier 1638, le roi a aussi octroyé à Kirke des armoiries « pour le plus grand honneur et la plus grande distinction de ladite région et des gens qui y habitent […] elles devront être utilisées dans tous les cas comme armoiries et ne le seront pas par d'autres nations et pays ». [Traduction libre] Peu de temps après, une guerre civile a éclaté en Angleterre entre le roi et le Parlement. Les frères Kirke faisant partie du camp des perdants (en tant que royalistes), ces armoiries ont été délaissées. Ce n'est que deux cents ans plus tard, au moment de leur redécouverte, qu'elles ont finalement été adoptées comme armoiries officielles de la colonie.

Les armoiries attribuées à Sir David Kirke en 1638
Les armoiries attribuées à Sir David Kirke en 1638
Les armoiries figurent parmi les plus anciennes au Canada après celles de la Nouvelle-Écosse. Elles sont aussi parmi les plus récentes à avoir été adoptées pour un usage officiel.
Avec la permission du College of Arms (Miscellaneous Grants 4.7), Londres, Angleterre. Tiré de Part of the Main: An Illustrated History of Newfoundland and Labrador, de Peter Neary et Patrick O'Flaherty, St. John's, T.-N.-L., Breakwater Books, ©1983, p. 31. Image modifiée par Wendy Churchill, 1999.

Au début des années 1920, l'Imperial War Graves Commission s'est interrogée sur les armoiries devant être utilisées sur les monuments commémoratifs des cathédrales françaises honorant la participation de Terre-Neuve à la Première Guerre mondiale. Sir Edgar Bowring, haut-commissaire de Terre-Neuve en Angleterre, a demandé l'avis du College of Arms de Londres. Le 18 février 1925, le Collège a confirmé que les armoiries de Kirke appartenaient de plein droit à Terre-Neuve. Le gouvernement les a adoptées officiellement le 1er janvier 1928 et elles sont utilisées depuis ce temps.

Ces armoiries consistent en un écu rouge divisé en quatre segments par une croix d'argent, des lions et des licornes figurant dans les quadrants. La croix est similaire à celle présente sur les armoiries des chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et réfèrent probablement à l'ancienne légende voulant que Jean Cabot ait accosté à Terre-Neuve le jour de la fête de saint Jean-Baptiste, saint patron de l'Ordre, le 24 juin 1497. Les licornes et les lions sont semblables à ceux qui figurent sur les armoiries royales et représentent les liens qui unissent Terre-Neuve et le Labrador au Royaume-Uni.

Les deux guerriers (les supports) qui sont debout de chaque côté de l'écu sont une interprétation fantaisiste anglaise du 17e siècle des peuples autochtones de Terre-Neuve. L'élan d'Amérique qui figure au-dessus de l'écu représente sans doute la vie sauvage sur l'île même s'il n'y a jamais eu d'élans à Terre-Neuve. Au bas de l'écu, sur une banderole, on peut lire la devise latine Quaerite Prime Regnum Dei (Cherchez d'abord le royaume de Dieu).

Le grand sceau de Terre-Neuve

Les grands sceaux identifient et authentifient les documents officiels émis par les gouvernements et les monarques. Deux techniques peuvent servir à créer l'empreinte en relief sur le papier : le cachet de cire et l'embossage. Après 1904, le grand sceau est également apparu sur les pavillons rouge et bleu de Terre-Neuve de même que sur le drapeau officiel du gouverneur.

Le grand sceau
Le grand sceau
Le grand sceau a été attribué par approbation royale en 1827.
Avec la permission de la Division des archives provinciales, The Rooms (GN2/5), St. John's, T.-N.-L.

Selon les documents officiels, le grand sceau le plus ancien de Terre-Neuve aurait reçu l'approbation royale du roi George IV le 1er septembre 1827. Il dépeint Mercure, le dieu romain du commerce, qui présente à la déesse Britannia un pêcheur agenouillé qui lui offre le fruit de son travail. Dans la partie inférieure sont inscrits les mots latins Haec Tibi Dona Fero (Voici les présents que je vous offre) et, sur la circonférence du sceau, on peut lire Sigillum Terrae Novae Insulae (Sceau de l'île de Terre-Neuve).

En 1837, l'année où elle hérita du trône, la reine Victoria a approuvé un nouveau sceau pour Terre-Neuve. Britannia, Mercure et le pêcheur occupent les deux tiers inférieurs et sont confinés dans un cadre comportant des motifs détaillés. Au-dessus se trouvent les armoiries royales, avec un lion et une licorne de chaque côté. Autour du bord supérieur du sceau circulaire sont inscrits les mots Victoria Dei Gratia Britanniae Reg F D (Victoria, par la grâce de Dieu, reine des Bretagnes, défenseure de la foi) et, sur le bord inférieur, Sigillum Terrae Novae Insulae (Sceau de l'île de Terre-Neuve).

Le stylisme de base a été préservé longtemps après la Confédération. Les seuls changements ont touché uniquement le modèle du sceau ainsi que la bordure circulaire (utilisée généralement pour inscrire le nom du monarque régnant).

Le 3 juillet 1963, Terre-Neuve a adopté un nouveau grand sceau. Le pêcheur agenouillé devant Britannia, un reflet de l'époque coloniale, a été remplacé par les armoiries, avec l'inscription « Newfoundland » écrite sur une banderole près de la courbe inférieure. La partie supérieure est entourée d'un ruban en demi-cercle portant l'inscription Elizabeth II D.G. Canadae Regina (Elisabeth par la grâce de Dieu, reine du Canada).

Autres emblèmes

L'emblème floral de Terre-Neuve-et-Labrador est la sarracénie pourpre (Sarracenia Purpurea). Il est apparu pour la première fois en tant que symbole de Terre-Neuve en 1865, sur l'avers (le côté face) de la pièce de un cent de la province. Ces pièces ont été frappées pour la dernière fois en 1947.

La sarracénie pourpre
La sarracénie pourpre
La sarracénie pourpre est l'emblème floral officiel de Terre-Neuve-et-Labrador.
Avec la permission de Ben Hansen. Tiré de Newfoundland, de Ben Hansen, St. John's, T.-N.-L. Vinland Press, © 1987.

La sarracénie pourpre est devenue l'emblème floral officiel de la province en 1954 et, en 2006, le gouvernement a adopté un nouveau logo qui présente une version stylisée de la fleur. Ce logo figure sur les documents et les sites Web du gouvernement.

D'autres emblèmes ont été adoptés après 1949 : le macareux moine (Fratercula Arctica) est l'oiseau officiel de Terre-Neuve-et-Labrador; le lagopède (Lagopus) est le gibier à plumes officiel; l'épinette noire (Picea Mariana) est l'arbre emblématique tandis que la labradorite est la pierre fine symbolique de la province.

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