La relation entre Terre-Neuve et le Canada, 1939-1945

Lors du déclenchement de la guerre, aucun système de défense ne protège Terre-Neuve et le Labrador. Le dominion (sous la tutelle de la Grande-Bretagne depuis 1934) ne dispose ni d'une armée, ni d'un arsenal, ni de fortifications, et le gouvernement n'a pas davantage les moyens financiers de l'équiper. La Grande-Bretagne n'est évidemment pas en mesure de leur accorder une aide quelconque. La responsabilité d'assurer la défense de Terre-Neuve et du Labrador finit par se clarifier et c'est à l'Amérique du Nord, plus particulièrement au Canada, que revient ce mandat..

L'Aviation royale canadienne (ARC) entame sa surveillance des eaux territoriales du dominion à partir de l'hydrobase située à Botwood. En juin 1940, l'aéroport de Gander sur l'île de Terre-Neuve accueille des troupes de l'armée canadienne. Très rapidement, cet aéroport, l'hydrobase et les forces de défense de Terre-Neuve nouvellement mises sur pied (la Newfoundland Defence Force) relèvent du Canada. Dès 1941, le gouvernement du Canada construit une base aérienne à Torbay, situé plus au nord et non loin de St. John's, puis l'année suivante, un atelier de réparation de la marine à St. John's.

La base aérienne de Torbay, 1941
La base aérienne de Torbay, 1941
La photo montre deux avions de l'Armée américaine à la base aérienne de Torbay.
Avec la permission de WO Aselstyre/Archives nationales du Canada/PA-501329. Tiré de Part of the Main: An Illustrated History of Newfoundland and Labrador, de Peter Neary et Patrick O'Flaherty, Breakwater Books, St. John's, T.-N.-L., © 1983, p. 152. Tirage.

Le gouvernement du Canada construit également un terrain d'aviation à Goose Bay au Labrador.

L'Armée canadienne n'est pas la seule à s'y installer. En vertu de l'accord conclu en mars 1941 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis concernant les bases de Terre-Neuve cédées à bail aux États-Unis, un important contingent des forces armées américaines débarque à Stephenville, Argentia et St. John's.

La construction de la base militaire de Fort Pepperrell à St. John's, 1941
La construction de la base militaire de Fort Pepperrell à St. John's, 1941
Avec la permission des Archives d'histoire maritime (Fonds John Cardoulis, Collection 306, Photographie PF-306.181), Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Des troupes américaines sont également postées à Gander et à Goose Bay. En 1943, le nombre de soldats à Terre-Neuve et au Labrador s'élève à environ 6000 militaires canadiens et 10 000 militaires américains.

Chars d'assaut américains lors d'un défilé militaire des forces armées canadiennes et américaines en 1942
Chars d'assaut américains lors d'un défilé militaire des forces armées canadiennes et américaines en 1942
Avec la permission des Archives d'histoire maritime (Fonds John Cardoulis, Collection 306, Photographie PF-306.202), Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

L'accord de 1941 et le grand nombre de soldats en garnison à Terre-Neuve et au Labrador provoquent un certain malaise à Ottawa. Le fédéral se rend compte du poids réel de Terre-Neuve et du Labrador et de son importance depuis longtemps pour le Canada. C'est la raison pour laquelle il instaure le Haut-commissariat du Canada à St. John's en juillet 1941.

La guerre permet à Terre-Neuve de vivre un incroyable essor économique et de connaître le plein-emploi. Cette autosuffisance financière mettrait sûrement fin au mandat de la Commission de gouvernement après la guerre. Pour plusieurs, il ne fait aucun doute que le dominion retrouvera l'autonomie dont il jouissait avant 1934. Pourtant dès la fin de la guerre en 1945, de hauts fonctionnaires fédéraux sont convaincus qu'il faut, si possible, faire entrer Terre-Neuve dans la Confédération. Depuis 1940, l'île et le Labrador participent effectivement à un programme intégré de défense. La collaboration entre le fédéral et le dominion se porte bien. Le Canada y possède déjà des installations stratégiques et entend éviter que le dominion ne tombe dans la sphère d'intérêt des Américains. Il juge que Terre-Neuve est plus importante que jamais pour le pays. Il serait peut-être approprié d'en faire une province canadienne.

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Video : Le chemin tortueux vers la Confédération, troisième partie : Les années de guerre, 1939-1945