Terre-Neuve et la politique de la Grande-Bretagne, 1942-1946

En 1942, le gouvernement britannique réfléchit déjà à l'avenir de Terre-Neuve. Il faudrait mettre un terme à la Commission de gouvernement à la fin de la guerre. Cependant, quelle forme de gouvernement s'y substituerait ?

Commission de gouvernement, 1948
Commission de gouvernement, 1948
Tiré de « The Story of Confederation, » The Book of Newfoundland, de Joseph R. Smallwood, vol. III, Newfoundland Book Publishers, St. John's, T.-N-.L., ©1967, p. 7. Tirage.

À l'instar du gouvernement canadien, le gouvernement britannique croit que Terre-Neuve devrait s'unir au Canada. Toutefois, le dominion doit y consentir. Que veulent les habitants de Terre-Neuve et du Labrador ?

Le secrétaire au Bureau des Dominions, Clement Attlee, se rend à Terre-Neuve en 1942. L'année suivante, trois parlementaires britanniques entreprennent eux aussi une mission de bons offices dans le dominion. Ces consultations révèlent qu'une faible minorité de la population se montre favorable à la Confédération, mais la majorité est tout aussi réticente au rétablissement immédiat et sans réserve du gouvernement responsable.

La Chambre d'assemblée de Terre-Neuve, 1933
La Chambre d'assemblée de Terre-Neuve, 1933
Les membres de la dernière Chambre d'assemblée de Terre-Neuve avant la Commission de gouvernement.
Avec la permission de la Division des archives et collections spéciales (Collection J. R. Smallwood 075, Photographie 5.05.216), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.

Inquiétudes

Clement Attlee s'inquiète de l'absence de gouvernement démocratique depuis 1934. Avant que les habitants de Terre-Neuve et du Labrador se prononcent sur leur avenir, une éducation politique s'impose, selon lui. Pour sa part, le gouvernement britannique se préoccupe de la possible dégradation rapide de la situation financière du dominion. En effet, la fin de l'essor économique du temps de guerre était inquiétante. Un dominion autonome ne s'effondrera-t-il pas de nouveau comme au début des années 1930 ? La Grande-Bretagne devra-t-elle lui porter secours de nouveau ?

Évolution structurelle

En présumant que l'union de Terre-Neuve au Canada était hautement improbable, le Bureau des Dominions à Londres prend deux décisions conjointes. La première dissipe les inquiétudes de Clement Attlee. Le gouvernement responsable ne sera pas immédiatement rétabli après la guerre. En lieu et place se tiendrait une convention nationale qui permettrait aux citoyens de Terre-Neuve et du Labrador d'étudier leur situation et de déterminer leur avenir. Un référendum suivrait la convention. De même, l'élaboration d'un plan de reconstruction devrait calmer les craintes d'un nouvel effondrement. Cette politique offrirait au dominion la possibilité d'amorcer du bon pied son avenir.

Problèmes

Le coût considérable de la mise en œuvre de cette politique de reconstruction, soit environ 100 millions de dollars, constitue un problème de taille. La Grande-Bretagne n'est pas en mesure d'octroyer cette somme à Terre-Neuve. Même si le dominion est solvable, ses coffres ne sont pas très profonds. Le Canada pourrait-il l'épauler ? Les pourparlers qui se déroulent à Ottawa entre la Grande-Bretagne et le Canada à l'été 1946 confirment qu'il n'y a aucun intérêt à financer ce projet. Cependant, les représentants fédéraux du Canada proposent de collaborer avec la Grande-Bretagne dans le but de favoriser l'union à la fédération canadienne plutôt que l'option d'un gouvernement responsable.

Dès l'automne 1946, le plan de reconstruction n'existe plus. La Grande-Bretagne et le Canada s'entendent de manière officieuse pour inciter Terre-Neuve à entrer dans la Confédération. C'est un pari osé, car il repose principalement sur les résultats de la convention nationale dont les discussions s'amorcent sous peu.

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