Immigration

La prospérité sans précédent du début du 19e siècle a contribué à une augmentation remarquable de l'immigration à Terre-Neuve, quoique la plupart des immigrants soient arrivés après 1815. Cette prospérité a attiré de nombreuses personnes à Terre-Neuve, mais ce sont souvent les piètres conditions qui régnaient dans leurs pays d'origine qui les ont incitées à aller s'établir ailleurs.

Comme par le passé, plusieurs des immigrants venaient du West Country, une région du sud-ouest de l'Angleterre. Là-bas, parmi les facteurs qui les ont poussés à quitter le pays, il faut mentionner la détérioration des conditions sociales et économiques causées, du moins en partie, par les guerres opposant la Grande-Bretagne à la France. Dans les campagnes du comté de Dorset en Angleterre, les revenus ont chuté à cause d'un effet cumulé: les mauvaises récoltes, le déclin des industries artisanales, la croissance rapide de la population et l'inflation inévitable en temps de guerre.

Une ferme du village de West Lulworth, dans le comté de Dorset, vers 1910
Une ferme du village de West Lulworth, dans le comté de Dorset, vers 1910
Les piètres conditions de vie qui sévissaient dans le West Country, notamment les mauvaises récoltes, ont incité les habitants en quête de prospérité à quitter leur pays natal.
Tiré de Dorset, d'Arthur L. Salmon, Cambridge, University Press, 1910, p. 7.

Toutefois, au cours de cette période, la plupart des émigrants qui partaient pour Terre-Neuve étaient Irlandais et le taux de croissance relative de ces derniers était supérieur à celui des Anglais. Au cours des années 1770, il y avait en moyenne de 3000 à 4000 résidents irlandais à Terre-Neuve. En 1815, on en comptait plus de 19 000.

Divers facteurs sont à l'origine de cette croissance démographique, notamment l'oppression politique qui a sévi à la suite de la rébellion de 1798 (la soi-disant « rébellion de Wexford »). Celle-ci a eu lieu principalement dans la région d'où venaient traditionnellement les Irlandais qui travaillaient dans le domaine de la pêche à Terre-Neuve. Un autre facteur notable était l'oppression économique associée à la surpopulation et à l'appauvrissement croissant de la paysannerie irlandaise. La combinaison de tous ces facteurs a inévitablement provoqué une vague d'émigration.

Ce processus a été favorisé par l'adoption, en 1803, d'une loi réglementant l'accès aux navires britanniques destinés au transport des passagers et aux conditions de vie devant être respectées à bord. Ces dispositions législatives ont eu un impact sur les frais de voyage et ont constitué une sérieuse entrave à l'émigration des classes les plus pauvres, notamment celle des Irlandais sans moyens. Toutefois, cette loi ne s'appliquait pas à Terre-Neuve, qui était toujours considérée officiellement comme un territoire de pêche et non pas comme une colonie. L'émigration vers Terre-Neuve était donc le moyen le moins coûteux de fuir les difficultés de la vie en Irlande. Il ne fait pas de doute que les émigrants irlandais qui sont arrivés à Terre-Neuve au début du 19e siècle étaient beaucoup plus pauvres que ceux qui les avaient précédés au 18e siècle.

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