La chasse au phoque: Méthodes de chasse

Campagne de chasse au phoque côtière

Pour capturer les phoques du Groenland à partir de la côte, les premiers habitants du nord-est de l'île de Terre-Neuve et du sud du Labrador ont adopté deux techniques : les filets de haut fond et les pièges.

Ainsi, dès 1818, le capitaine d'un navire de la marine britannique en patrouille le long de la côte du Labrador fournissait un compte-rendu détaillé des modifications apportées à un filet pour phoques et du recours au piège à phoques. Les pièges étaient surtout employés dans le nord, où les phoques migraient plus près de la rive à la fin de l'automne et au début de l'hiver.

Piège à phoques utilisé sur la côte du Labrador, 1818
Piège à phoques utilisé sur la côte du Labrador, 1818 (schéma en anglais seulement)
Légende
Individual nets raised and lowered from above - Filets distincts hissés et immergés depuis la surface
Buoy - Bouée
Shoreline - Rivage
Capstan - Cabestan
Anchor - Ancre
Avec la permission de C. W. Sanger, © 1998. Tiré de Voyage of His Majesty's ship Rosamond to Newfoundland and the southern coast of Labrador, de E. Chappell; J. Mawman (éditeur), Londres, 1818.

Des collectivités entières (hommes, femmes et enfants, avec leurs responsabilités assignées) mettaient l'épaule à la roue pour capturer les troupeaux migrateurs. Même si les phoques du Groenland ne suivaient pas aussi intensément et régulièrement les rives des régions plus méridionales de l'île, ils pouvaient toujours être piégés dans des filets spécialement adaptés, une procédure restée populaire pendant une bonne partie du 20e siècle.

Ainsi, les gens pouvaient chasser des phoques à peu de frais et d'une façon qui n'exigeait pas qu'ils quittent leur foyer durant de longues périodes ou s'exposent aux dangers associés à la chasse en haute mer à grande échelle. Menée à l'automne et au début de l'hiver, la campagne de chasse côtière ajoutait une précieuse source de revenus à leur cycle d'activités saisonnières.

La chasse à partir de navires

Vers la fin du 18e siècle, des commerçants et des promoteurs de St. John's et d'autres grands centres de la baie de la Conception ont commencé à financer chaque printemps des expéditions de voiliers à la recherche d'aires de mise bas en formation. Dès 1800, cette entreprise commerciale était bien établie.

Les premiers gros navires de chasse au phoque étaient des goélettes de pêche conçues pour la campagne de pêche à la morue au Labrador, alors à ses débuts.

Ces deux activités complémentaires semblent avoir connu un succès rapide, comme le démontre l'augmentation du nombre de peaux exportées : de moins de 5 000 en 1793, elle est passée à 81 000 en 1805, à 281 000 en 1819 et à 687 000 en 1831, le plus grand nombre jamais relevé.

La chasse au phoque à Terre-Neuve au 19e siècle
La chasse au phoque à Terre-Neuve au 19e siècle (graphique en anglais seulement)
Sommaire des navires, des équipages, des exportations et des prix associés à la chasse au phoque (1800-1899).
Légende
Number of Vessels & Seals Exported (‘000) - Nombre de navires et de phoques exportés (en milliers)
Crews (‘000) - Équipages (en milliers)
Seals Exported - Phoques exportés
Sailing Vessels - Voiliers
Crews - Équipages
Value per Seal - Valeur par phoque
Steamers - Vapeurs
(Sterling values at $4.86) - (Valeurs en sterling converties à 4,86 $)
Données : B. C. Bursey, J. K. Hiller, S. Ryan, C. W. Sanger. Graphique reproduit avec la permission de C. W. Sanger, © 1998.

Dans les écrits du révérend W. Wilson, la croissance de la chasse au phoque et de son impact économique durant la première moitié du 19e siècle est manifeste. En 1866, il notait que les navires phoquiers jaugeaient en moyenne « de 50 à 100 tonneaux, avec des équipages de 25 à 40 hommes; l'intérêt de chaque habitant au nord de St. John's, du plus riche au plus pauvre, y était si engagé que sa poursuite et ses résultats causaient sans doute plus de spéculations, d'anxiété, d'excitation et de sollicitude que n'en aurait causées toute autre industrie ailleurs dans le monde. » [Traduction libre] (Wilson, p. 276)

Cette industrie a commencé à se contracter durant la seconde moitié du 19e siècle, partiellement en raison du déclin de la population de phoques attribuables à une chasse non réglementée et à l'introduction des navires à vapeur.

Après 1863, les propriétaires et les armateurs des voiliers, moins efficaces, ont compris qu'ils n'étaient plus concurrentiels. Des investissements plus onéreux étaient nécessaires et les marchands et les entrepreneurs des plus petits ports côtiers ont été graduellement supplantés. St. John's est devenu le principal lieu de résidence des propriétaires de navires. La campagne nécessiterait moins d'hommes et de navires, et sa frontière nord allait se déplacer vers le sud pour exclure les zones traditionnelles de la côte nord-est.

Régions de chasse au phoque à Terre-Neuve, 1863-1875 et 1876-1899
Régions de chasse au phoque à Terre-Neuve, 1863-1875 et 1876-1899 (carte en anglais seulement)
Légende
Location map - Plan de position
Steamers Dominate - Domination des navires à vapeur
Sailing Vessels Dominate - Domination des voiliers
Areas Less Affected By Steamers - Zones moins affectées par les navires à vapeur
Nodal Points Of Steamers Seal Fishery - Centres de chasse au phoque à partir de navires à vapeur
R.R. - Chemin de fer
Bonavista Bay - Baie de Bonavista
Trinity Bay - Baie Trinity
Conception Bay - Baie de la Conception
Placentia bay - Baie Placentia
Miles - Milles
Avec la permission de C. W. Sanger, © 1998.

À la fin du 19e siècle, l'industrie s'était dotée de nouvelles ressources. Les propriétaires de vapeurs embauchaient des capitaines chevronnés de collectivités plus au nord pour commander leurs navires; on a tenté d'envoyer des navires plus âgés vers la banquise à partir de villages plus près des troupeaux de phoques; et un système de transport plus efficace (le chemin de fer) a permis aux chasseurs des baies de Bonavista et Trinity de se faire embaucher sur des vapeurs de St. John's. Avec ces changements, la région de chasse au phoque s'est encore élargie vers le nord pour inclure les collectivités du nord de la baie de Bonavista situées entre Greenspond et Newtown. Au début du 20e siècle, il y avait deux régions de chasse au phoque, l'une dans le nord de la baie de Bonavista et l'autre basée à St. John's.

Le SS Kite
Le SS Kite
Le SS Kite à la poursuite des phoques sur les glaces flottantes au large de la côte nord-est de Terre-Neuve, s.d.
Photographie de William Howe Greene. Tiré de The Wooden Walls Among the Ice Floes, de William Howe Greene, Hutchinson & Co. Ltd., Londres, 1933, p. 27.

Du temps de la navigation à voile, virtuellement toutes les grosses collectivités des régions engagées dans la chasse extrayaient l'huile des phoques et en apprêtaient les peaux. L'arrivée des navires à vapeur a amené le déclin de ces industries locales, dont les profits seraient désormais contrôlés par quelques compagnies de St. John's. En outre, avec la diminution du nombre de chasseurs et la croissance démographique de la côte nord-est, la chasse au phoque, qui avait tant contribué à la croissance de l'économie terre-neuvienne tout au long du 19e siècle, a connu une forte réduction. Vers le milieu du 19e siècle, les produits du phoque représentaient environ le quart des exportations de l'île; 50 ans plus tard, cette part chuterait à moins de 10 p. 100. Même sur la côte nord-est, la chasse au phoque menée par des chasseurs côtiers n'occuperait plus qu'une place relativement mineure dans le cycle annuel d'activités traditionnelles.

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