Environnement d'eau douce

Même si l'environnement océanique conditionne chaque aspect de l'expérience de Terre-Neuve-et-Labrador, des précipitations abondantes y produisent d'énormes réserves d'eau douce. Plus de 8 p. 100 de sa superficie, soit un peu plus que la moyenne canadienne, est occupée par des lacs. De plus, comme partout ailleurs, l'eau est aussi emmagasinée dans le sol, soit près de la surface où elle est utilisée par la végétation, soit comme eau souterraine plus profond dans la roche, d'où elle peut être puisée par des puits ou remonter à la surface dans des sources.

Achillée millefeuille
Achillée millefeuille
Les nombreuses espèces de plantes de la province dépendent de l'eau emmagasinée sous la surface du sol.
Avec la permission de Trevor Bell.

En plus des lacs et de l'eau souterraine, Terre-Neuve-et-Labrador possède aussi de nombreuses rivières, dont le débit varie considérablement selon les saisons. Partout dans la province, le débit de pointe résulte du ruissellement lié à la fonte des neiges à la fin du printemps ou au début de l'été. Dans la zone la plus méridionale de l'île, le débit de pointe est observable dès le mois d'avril, tandis qu'au Labrador il peut survenir aussi tard qu'en juin. La neige fondue s'écoule le long des pentes et s'infiltre dans le sol, s'il n'est pas gelé. Une partie de cette eau percole lentement vers les zones souterraines saturées d'eau (la nappe phréatique).

Ruisseau bordant le sentier du Gros Morne, parc national du Gros-Morne
Ruisseau bordant le sentier du Gros Morne, parc national du Gros-Morne
Le débit de pointe dans les rivières et les ruisseaux résulte de la fonte des neiges et des précipitations à la fin du printemps et au début de l'été.
Avec la permission de Wendy Churchill. Photographie ©1990.

À la fin de l'été et à l'automne, le débit des cours d'eau dépend de l'équilibre entre les précipitations et l'évapotranspiration. C'est en été, quand il fait plus chaud et que les plantes atteignent leur pic de croissance, que l'évapotranspiration atteint son maximum. Les fermiers et les jardiniers savent que le sol est beaucoup plus sec en été qu'au printemps ou en automne, à cause de la forte évapotranspiration liée à la saison de croissance, qui signifie que très peu d'eau de pluie atteint les cours d'eau. Bien que le débit des cours d'eau soit faible à la fin de l'été, rares sont ceux qui s'assèchent complètement. Les lacs qui parsèment le réseau hydrographique emmagasinent une partie du ruissellement printanier et contribuent à l'alimenter, de concert avec les sources nourries par l'eau souterraine. En outre, les réservoirs et les barrages aménagés par l'homme agissent comme des lacs naturels pour limiter le ruissellement et maintenir les débits durant l'été.

À l'approche de l'automne, l'évapotranspiration diminue et les précipitations augmentent dans le sud de l'île. En peu de temps, le sol aura absorbé autant d'eau qu'il le peut (on le dit alors saturé) et le surplus atteint les cours d'eau, dont le débit augmente.

Évapotranspiration
Évapotranspiration
Illustration : Duleepa Wijayawardhana, 1998.

En hiver, quand la température descend sous le point de congélation et quand les précipitations tombent en neige, le débit des cours d'eau diminue à nouveau, faute d'eau de surface. Durant les longs hivers rigoureux du Labrador et du nord de l'île, ce débit atteint son minimum. Dans le centre et le sud de l'île, où les précipitations hivernales peuvent tomber en pluie, le débit minimum des cours d'eau peut être moins notable qu'en été.

Le volume d'eau charriée par un cours d'eau est aussi affecté par l'étendue de son bassin hydrographique. La rivière Waterford, qui traverse St. John's, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador, draine un petit bassin : son débit moyen en avril est inférieur à 5 m3 par seconde. En mai, mois du débit maximal, le débit moyen de la rivière Gander, au centre de l'île de Terre-Neuve, dépasse les 250 m3 par seconde. C'est la rivière Churchill, au centre du Labrador, qui détient le record pour la province : en juin, elle charrie en moyenne près de 2000 m3 d'eau par seconde.

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